Plus de 130.000 demandeurs d’emploi à La Réunion, quelles propositions ?

L’Alliance veut oser un nouveau modèle

1er mars 2010, par Sanjiv Dinama

Le modèle actuel a atteint ses limites. Il a abouti à un système très inégalitaire, avec un chômage de masse. Nous sommes aujourd’hui au cœur des contradictions. À la crise conjoncturelle s’ajoutent les limites structurelles des modèles de développement. Au mois de janvier dernier, le nombre des demandeurs d’emploi a franchi la barre des 130.000, soit une hausse de plus de 21% sur 12 mois. Les inégalités monétaires ont toujours été plus prononcées à La Réunion avec 52% de la population vivant en dessous du seuil de la pauvreté. Le candidat de l’Alliance Paul Vergès a rappelé — lors du meeting d’hier matin présidé par Raymond Mollard au Parc des Expositions de Saint-Denis — que pour réussir, nous devons lever notre handicap social. Pour cela, il faut mettre en place un autre modèle de développement que celui que nous avons connu jusqu’ici.

L’État à la base de la répartition des revenus

Les inégalités monétaires ont toujours été plus prononcées à La Réunion. Cette plus forte disparité est confirmée par les indicateurs tels que l’indice de Gini ou le rapport inter-décile. Les 10% des individus les plus aisés de la population ont un niveau de vie cinq fois supérieur au 10% les plus modestes à La Réunion. Les indicateurs mettent en évidence une accentuation des inégalités monétaires dans l’île. Celle-ci s’explique par une évolution différenciée des niveaux de vie, les hausses ayant essentiellement profité aux plus aisés.
Les revenus sont plus concentrés chez les plus aisés à La Réunion : la moitié des individus ayant les niveaux de vie les plus faibles ne disposent que d’un quart du total des revenus disponibles distribués. À l’autre bout de l’échelle, les 20% les plus aisés perçoivent 44% de la masse des revenus. Cette inégalité de revenu est de la responsabilité des pouvoirs publics. Les gouvernements sont à la base de toute répartition de revenu. C’est l’État qui fixe le niveau du SMIC, des prestations sociales ou encore le salaire des fonctionnaires.
Rappelons également que le coût de la vie est nettement plus élevé à La Réunion avec des taux d’inflation élevés sur le long terme.

De nombreux défis pour les 4 prochaines années

La tête de liste de l’Alliance, Paul Vergès, a rappelé que pour réussir, nous devons lever notre handicap social. Nous devons mettre en place, pour cela, un autre modèle de développement que celui que nous avons connu jusqu’ici et qui a abouti à un chômage de masse et des inégalités très importantes dans la société. D’autant plus que les 4 prochaines années sont très importantes pour La Réunion car de nombreux défis l’attendent : APE (Accord de partenariat économique), négociation des fonds européens, négociations dans la filière canne/sucre ou octroi de mer.
Il faut aujourd’hui une volonté politique pour sortir La Réunion de l’impasse dans laquelle la plonge un système à bout de souffle, résultat de décisions parisiennes. Les inégalités sont insoutenables. Il faut commencer à changer, sinon la révolte des plus pauvres aura des conséquences inimaginables.

Entrée dans une nouvelle ère

Face aux phénomènes fondamentaux de la mondialisation et des changements climatiques, l’Alliance a la conviction que nous entrons dans une nouvelle ère synonyme de mutations profondes et accélérées auxquelles notre société et notre économie devront s’adapter. Au-delà de prévoir l’avenir, il s’agit de doter La Réunion de tous les outils qui lui permettront de s’adapter aux enjeux et de relever les défis des prochaines décennies.
Cette nouvelle économie que nous devons bâtir implique notamment la valorisation maximale des ressources locales, la priorité à l’innovation et à la recherche, et une meilleure insertion dans notre environnement géo-économique. Ainsi, elle peut être créatrice de richesses et d’emplois pour les Réunionnais.

Sanjiv Dinama


Lever le poids de l’héritage colonial sur notre économie

Aujourd’hui, face à la préoccupation mondiale du réchauffement climatique, mais également la crise économique qui touche durement les pays occidentaux dont les déficits ne cessent de se creuser (12,7% du PIB en Grèce, 12,5% en Irlande, 12,1% au Royaume-Uni, 11% en Espagne, et plus de 8% en France…), il faut trouver un autre modèle de développement pour La Réunion. Notre île doit également s’intégrer dans un monde qui se transforme très vite, notamment avec l’émergence de nouvelles puissances comme la Chine, l’Inde ou le Brésil… a rappelé Paul Vergès. Comment faire en sorte de lever tout le poids de l’héritage colonial sur notre économie ?


Saisir les leviers de l’énergie et de la connaissance

Un levier dont nous devons nous saisir est celui de l’énergie. Avec l’augmentation du baril du pétrole, notre facture énergétique va continuer à augmenter. Ainsi, l’autonomie énergétique à partir des énergies renouvelables permettra de réduire les émissions de GES (Gaz à effet de serre) responsables du réchauffement climatique, mais également pour des raisons économiques car, aujourd’hui, notre facture dans ce domaine est de l’ordre de 500 millions d’euros (charbon et fuel importés).
Il existe également à côté de l’autonomie énergétique d’autres leviers comme l’autosuffisance alimentaire, le développement de nouvelles filiales basées sur la connaissance (Cyclotron, antenne satellitaire…), le co-développement, l’ouverture sur l’extérieur, le tourisme ou encore les grands projets structurants comme le tram-train ou la route du littoral qui vont créer des milliers d’emplois. Dans le domaine culturel, la MCUR est un levier pour toute l’activité culturelle et représente une formidable opportunité pour la valorisation et le rayonnement de l’identité réunionnaise.

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