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L’impasse des transports

Un modèle à bout de souffle —4—

samedi 30 octobre 2010, par Manuel Marchal


À la fin des années 50, le gouvernement décide de supprimer le chemin de fer à La Réunion. À partir de là va se construire un modèle où tous les déplacements se feront par automobile. Cinquante ans plus tard, malgré la construction d’une quatre voies de Saint-Benoît au Tampon en passant par Saint-Denis, les embouteillages se sont accentués. Ces voitures à l’arrêt sont l’image la plus révélatrice de l’impasse dans laquelle conduit un modèle à bout de souffle.


À la fin des années 50, au lendemain d’une grande victoire des forces progressistes aux élections législatives, le gouvernement décide de mener une politique de répression à l’encontre des forces vives du pays plutôt que d’accepter le débat démocratique. La nomination à La Réunion du préfet Perreau-Pradier est une conséquence de cette orientation. Désormais, la fraude électorale sera dirigée pendant des années par le représentant de l’État.
Une autre conséquence de cette orientation est la suppression du chemin de fer. Cette décision n’était pas économique, mais politique. Le pouvoir voulait en effet casser tout support du mouvement revendicatif, or le chemin de fer avait joué un grand rôle dans la diffusion des idées progressistes dans le pays.
Le gouvernement décide donc d’opposer la modernisation du chemin de fer à la construction d’une route au pied de la falaise entre Saint-Denis et La Possession, et fait le choix de supprimer le train.
Cette décision sera validée par une majorité du Conseil général aux ordres du préfet Perreau-Pradier. Lors de la séance plénière, le vote est imposé avant le débat.

Pertes de temps, d’argent et d’énergie considérables

50 ans après, les Réunionnais subissent aujourd’hui de plein fouet les conséquences de cette décision. La Réunion est en effet une île densément peuplée. Sur 2.500 kilomètres carrés, seul le tiers est utilisable pour toutes les activités humaines. Cela fait donc une densité de population de 1.000 habitants au kilomètre carré.
Notre île est aussi un pays où l’économie est dominée par le secteur des services. Les besoins en mobilité sont donc beaucoup plus importants qu’à l’époque où le chemin de fer a été supprimé.
Mais pour répondre à la demande de déplacements d’une île densément peuplée, il n’y a que l’automobile. Si ce mode de transport est adapté à des régions rurales assez désertes, il montre toutes ces limites dans notre contexte.
Au cours des 25 dernières années, les pouvoirs publics ont réalisé une quatre voies reliant sans interruption Le Tampon à Saint-Benoît en passant par Saint-Pierre et Saint-Denis. Mais cette infrastructure ne permet pas de résorber tous les embouteillages, tout simplement parce que le rythme de construction des routes ne pourra jamais suivre celui des achats d’automobile.
À ces pertes de temps s’ajoute une perte d’argent considérable pour notre pays car il faut non seulement renouveler régulièrement le parc automobile, mais en plus il est nécessaire de faire venir d’ailleurs le carburant pour faire rouler ces voitures, bus et camions.

La suppression du nouveau train

Anticipant l’impasse inévitable vers laquelle ce modèle conduit La Réunion, l’ancienne majorité de la Région avait réussi à obtenir de l’État le co-financement de la première tranche d’un chemin de fer qui doit relier à terme Saint-Benoît à Saint-Joseph.
Ce nouveau mode de transport doit en effet relier les zones les plus densément peuplées du pays pour éviter le coma circulatoire. Partout dans le monde en effet, c’est le chemin de fer qui est utilisé pour régler les problèmes de transport dans les zones densément peuplées.
C’est également un moyen pour les Réunionnais d’éviter de dépenser des centaines de millions d’euros chaque année pour acheter ailleurs du carburant, des pneus, des pièces détachées de voiture et des automobiles. Car à la différence des automobiles actuelles, le tram-train a un moteur qui fonctionne à l’électricité. À partir du moment où notre île pourra produire avec ses énergies renouvelables toute son électricité, alors le tram-train permettra de transporter chaque jour des dizaines de milliers de personnes sans émettre un gramme de CO2.
Mais le choix de la nouvelle direction de la Région de supprimer ce nouveau chemin de fer et de le remplacer par un hypothétique réseau de bus ne fait qu’accentuer l’impasse dans laquelle un modèle à bout de souffle plonge notre île.

Manuel Marchal 


• 1982 : 515.798 habitants et 74.310 voitures
• 2008 : 800.000 habitants et 327.500 voitures
• 2025 : 1 million d’habitants et combien de voitures ?


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