Non à la division des Réunionnais

La préférence communale dans le programme du parti de Bello ?

16 février 2016, par Manuel Marchal

La préférence communale serait-elle une des solutions préconisées par le PLR, parti de Bello, pour faire reculer le chômage à La Réunion ? Les propos tenus hier par un de ses membres semblent aller dans ce sens.

Selon Imaz Press Réunion, voici les propos qu’a tenu hier le maire du Port, membre du parti de Bello, en marge de la signature d’une convention avec des entreprises pour favoriser l’embauche de Portois :

« Le fait est qu’actuellement, on constate qu’un peu plus de 13 000 personnes viennent travailler au Port alors qu’elles n’y habitent pas et que, en parallèle, seulement 7 000 Portois travaillent dans les entreprises portoises. Pour moi il y a un problème. Si on n’avait pas autant de demandeurs d’emplois au Port ça ne m’aurait pas posé de problème mais le taux de chômage atteint presque les 60 %, avec une majorité de jeunes qui ne travaillent pas, et ça m’inquiète. Il faut absolument faire en sorte de renverser la tendance. ».

Qu’est-ce qu’une « entreprise portoise » ?

Un tel discours est très inquiétant, et ce pour plusieurs raisons.

Tout d’abord, il divise les Réunionnais. Si un habitant de notre île ne trouve pas de travail dans sa commune, pourquoi serait-il condamné au chômage ? Car le maire du Port ne dit rien sur une question importante : combien de citoyens de sa ville travaillent-ils en dehors du Port ?

Ensuite, si des entreprises décident de s’installer au Port, c’est parce que les maires communistes qui s’y sont succédé entre 1971 et 2014 ont réussi à créer des conditions favorables au développement économique. L’aménagement des zones industrielles et artisanales, la construction d’un réseau routier dimensionné dès le départ pour 50.000 habitants afin d’éviter les embouteillages sont autant d’arguments qui peuvent décider un investisseur à s’implanter au Port plutôt qu’ailleurs. Un bilan de ce qui a été fait dans ce domaine depuis 2014 permettrait de voir si cette dynamique a continué. De plus, si la condition pour créer une entreprise au Port serait d’être originaire de la ville, le nombre d’emplois disponibles serait-il aussi important ?

Notons également que les propos tenus visent les recrutements opérés dans les entreprises. La Mairie du Port s’oppose-t-elle à la venue de fonctionnaires issus d’autres communes dans ses services ? Toutes les personnes embauchées dans le cabinet du maire sont-elles originaires du Port ou y ont-elles élu domicile ?

Les Portois viennent de toute La Réunion

Enfin, ce discours ignore la réalité historique du Port. C’est la ville la plus récente de La Réunion. Il y a 130 ans, des Réunionnais venus de toute l’île, ainsi que des immigrants ont fait sortir une commune, un port et un chemin de fer d’une plaine de galets. Quand l’agriculture est entrée en crise, des planteurs ruinés ont trouvé refuge au Port pour reconstruire une vie en y travaillant dans des conditions extrêmement difficiles.

Le Port est issu de cette construction unique dans une île qui a déjà une histoire singulière.

La raison de la sortie de l’élu PLR est peut être ailleurs. Pour arracher la Mairie aux communistes en 2014, combien d’emplois le parti de Bello a-t-il promis ? Combien de promesses ont-elles été tenues et surtout, combien de déçues ?

Après la polémique sur les expatriés lancée par Huguette Bello sur un plateau de télévision, la préférence communale rappelle les manifestations orchestrées par la droite à Sainte-Suzanne lors du recrutement d’un Réunionnais à la médiathèque Aimé Césaire. Ce sont des méthodes de division, alors que la priorité de tout responsable doit être de favoriser le rassemblement des Réunionnais face aux immenses défis que l’île doit affronter.

Le maire du Port fait état d’un fort taux de chômage dans sa commune, quelles sont les propositions de son parti pour l’emploi à La Réunion ? Rappelons qu’il existe un parti responsable qui fait des propositions dans ce domaine sans mettre en concurrence les Réunionnais entre eux, c’est le PCR. Une des meilleures réponses aux discours de division, c’est sans doute de débattre de ces propositions.

M.M.

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