Point de vue

Le juste échange : un co-développement parfait

23 mai 2012

L’art et la vision de la pensée réunionnaise sont en perpétuelle opposition avec la nouvelle conception de la globalisation du monde. Aux aspects essentiels du développement durable et de la capacité de la planète à procurer des conditions de vie décentes pour tous, les peuples déplorent les inégalités d’accès aux ressources. Ces perturbations aujourd’hui inadmissibles et intolérables font réagir les défenseurs de ces nobles causes qui s’interrogent sur les questions d’éthique.

Construire une nouvelle identité humaine

Le développement actuel étant basé sur la consommation de ressources non renouvelables, des esprits avertis s’inquiètent sur un développement inéquitable. Une réflexion autour d’un nouveau mode de développement s’impose donc. Elle nécessitera une démarche qui serait d’Agir local et de Penser global.

L’identité, comme toutes les références qui résument une appartenance (nom, sexe, ethnie, nationalité…), ne doit plus nous réduire à un pays, à une famille, un genre. Au contraire, elle devrait conjuguer la spécificité culturelle de chacun et les grandes exigences de la fraternité et de la solidarité humaine. A travers elle ainsi définie, c’est une lutte commune à mener contre les mauvaises conditions infligées aux femmes et enfants, l’injustice, le déséquilibre économique mondial, les barrières dressées contre la pauvreté et les dangers que font courir les puissances industrielles à l’environnement, pour créer un monde global à taille humaine avec un développement soutenable.

L’individu réunionnais sera désormais de cette identité qui bannit cette frontière qui fait de nous des sectaires, parfois dominateurs. L’individu a sa place dans le collectif par lequel il doit pouvoir s’exprimer et se faire entendre. Il est, de par son apport à la correction du déséquilibre social, une construction et une représentation des forces sociales, qui utilisent un langage, des mots symboles et des slogans rassembleurs.

Le dialogue des cultures

La politique multiculturelle de l’UNESCO fait la promotion du dialogue des cultures, un axe majeur de ses projets de faire rencontrer des cultures. Issa Asgarally, écrivain mauricien, conseille de partir des acquis d’autres cultures pour refondre le creuset de l’interculturel, et propose qu’avec la reconnaissance d’une identité culturelle on construise le multiculturalisme. Il estime un grand acquis le fait d’avoir conservé et préservé les cultures des pays de peuplement. Des conditions indispensables pour un véritable échange en co-développement. Elles favorisent les relations entre des partenaires égaux qui jouissent d’une égalité parfaite sur le plan de la confiance en soi, de l’accès à l’espace public, du pouvoir économique et politique. Il ne peut y avoir d’échange véritable entre des « cultures dominantes » et des « cultures dominées ». L’échange culturel suppose des partenaires qui sont sources de nouvelles idées, venant de la démocratie participative des citoyens. Ce projet de dialogue des cultures doit savoir accueillir la diversité d’un esprit de rassemblement, créer une unité politique sans uniformité culturelle. Aucune culture ne renferme la totalité de l’existence humaine. La rencontre avec une autre culture permet de mieux se connaître, d’effacer les préjugés et d’élargir l’horizon intellectuel et moral. Le rapprochement à d’autres cultures permet de se détacher momentanément de sa propre culture, de jeter sur elle un autre regard et de voir tout ce qu’elle propose.

Culture et co-développement

Les intellectuels réunionnais considèrent que lien qui les unit avec d’autres régions et continents était un atout pour faire dialoguer la France avec ces terres et îles voisines. La Réunion, de par ses identités, partage avec elles une longue histoire. Pour le Réunionnais, tout doit être mis en œuvre pour se développer ensemble avec ses partenaires de la région, en profitant des complémentarités. Avec les partenaires, les croissances respectives doivent être une réalité. René Dubos, un des précurseurs du nouveau projet pour un monde vivable, au Sommet sur l’environnement en 1972, prévenait par sa formule « agir local, penser global » de la nécessité de nouvelles heuristiques pour prendre en compte les enjeux environnementaux qui intègrent le caractère global du développement durable. Nous ne pouvons nier la dureté de la concurrence internationale, et c’est pour cela que nous refusons de sacrifier notre ambition de solidarité avec nos voisins des régions proches. Face à la crise économique et sociale, nous devons réagir vite et penser global. Ainsi, la théorie des Trois piliers constituerait le socle de toute tentative de restauration de l’espace économico-géo-politique si nous voulons répondre aux besoins des générations actuelles et à venir.

(A suivre)

Bienvenu H. Diogo


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