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Nécessite de rompre avec 70 ans de néo-colonialisme
Chômage, grèves, manifestations
70 ans après l’abolition du statut colonial, La Réunion est touchée par un chômage de masse, le dialogue social est impossible et les grèves se multiplient. Le système mis en place depuis 70 ans est à bout, il est nécessaire d’en changer. À Mayotte, il n’y a pas eu besoin de 70 ans pour s’en rendre compte. 5 ans après la transformation de cette île en département, c’est l’explosion sociale.
70 ans après l’abolition du statut colonial, La Réunion est touchée par un chômage de masse, le dialogue social est impossible et les grèves se multiplient. Le système mis en place depuis 70 ans est à bout, il est nécessaire d’en changer. À Mayotte, il n’y a pas eu besoin de 70 ans pour s’en rendre compte. 5 ans après la transformation de cette île en département, c’est l’explosion sociale.
Quand les Réunionnais choisissent en 1945 de confier la direction de la majorité des Mairies et celle du Conseil général au CRADS, ils font le choix de la rupture avec le régime colonial. Ils confirment cette volonté lors des élections législatives du 21 octobre 1945 en élisant Raymond Vergès et Léon de Lépervanche, deux candidats du CRADS, députés. Près d’un siècle après la fin de l’esclavage, La Réunion était toujours plongée dans la misère et les inégalités. Le mouvement social portait la revendication de Réunion département français. C’était pour lui le moyen le plus rapide de sauver des vies et de donner un espoir. L’application immédiate des lois sociales devaient faire reculer la misère. Le 19 mars 1946, les deux députés ont obtenu satisfaction. L’Assemblée constituante a voté à l’unanimité l’abolition du statut colonial, la transformation de La Réunion en département. La loi dit également que l’égalité doit s’appliquer au 1er janvier 1947. Le refus des gouvernements qui se sont succédé de respecter cette dernière disposition est à l’origine de la crise actuelle.
Refus du développement de La Réunion
Paris a refusé le droit de La Réunion à se développer pour préserver les intérêts des bénéficiaires du système colonial qui venait d’être supprimé. Puisque la fin du statut colonial signifiait la fin de l’exploitation la plus violente de tous les travailleurs, un autre système a été mis en place pour que les sociétés françaises puissent continuer à contrôler l’économie réunionnaise pour en tirer profit. C’était l’institutionnalisation de l’inégalité, ce qui allait à l’encontre de la loi promulguée le 19 mars 1946.
La base n’est plus l’exploitation mais les transferts publics. La manne apportée par la sur-rémunération a notamment permis l’implantation à La Réunion d’un mode de consommation à l’occidentale, avec des produits fabriqués en Europe.
Le choix de supprimer le chemin de fer a encore aggravé la situation, car La Réunion ne produit pas de voiture et encore moins de pétrole. Cette stratégie a maintenu la dépendance de La Réunion vis-à-vis de l’extérieur. Les entreprises basées en France ont pu ainsi utiliser ces transferts publics qui sont devenus des bénéfices privés ensuite rapatriés vers l’Europe.
La puissance de ce système néo-colonial a balayé les capitalistes locaux. Désormais, les plus importantes sociétés sont dans les mains d’intérêts extérieurs, même l’industrie sucrière a fini par être cédée à une coopérative de planteurs de betteraves.
Chômage de masse
La conséquence la plus dramatique a été la ruine de l’économie réunionnaise, au moment où l’île connaissait sa transition démographique passant de 250.000 habitants en 1946 à 850.000 70 ans plus tard.
Le chômage de masse s’est développé. Il a rejeté la moitié de la population sous le seuil de pauvreté. Il rend le dialogue social impossible. La pression du chômage est si importante qu’elle favorise l’intransigeance du patronat, comme le montrent les négociations salariales dans le BTP.
Ce néo-colonialisme porte en lui les germes de l’explosion sociale. À Mayotte, il n’a fallu que 5 ans pour que cette explosion arrive. C’est en effet le même système qui y est appliqué. Depuis deux semaines, Mayotte est touchée par une grève générale, car les syndicats et les élus demandent l’égalité. Le gouvernement n’a aucune solution, et des scènes d’émeutes secouent l’île.
70 ans après l’abolition du régime colonial, la cohésion de la société réunionnaise est menacée. La rupture avec le système néo-colonial est de plus en plus urgente.