Installation de la Collectivité unique de Corse dirigée par les autonomistes

Pour la reconnaissance du peuple corse « à la Constitution de changer, pas au peuple »

3 janvier 2018

Hier avait lieu en Corse la séance d’installation de la nouvelle collectivité territoriale unique. Jean-Guy Talamoni a été élu président de l’Assemblée Corse et Gilles Siméoni président de la Collectivité Corse. Ce dernier répondait hier aux questions de France Inter sur cette nouvelle donne politique : une assemblée unique dirigée par des autonomistes.

La nouvelle Assemblée de Corse a été installée hier.

« C’est une réforme avec des conséquences importantes », a expliqué Gilles Siméoni, « au plan administratif, l’enjeu est de construire une institution moderne, une administration capable de faire rentrer la Corse dans le XXIe siècle »

« Nous sommes dans une logique de respect de droit acquis », poursuit le nouveau président de la collectivité territoriale unique de Corse. « La Corse n’est pas une région administrative de droit commun (…) nous avons eu affaire a un système politique adossé au clanisme, au clientélisme, qui conduisait à la balkanisation de l’intérêt général ». Gilles Siméoni considère que « l’enjeu est d’avoir une administration de plein exercice avec la nécessité d’inventer de nouvelles formes de politiques publiques ».

La question de la langue

Dans la salle de l’Assemblée de Corse, « je parlerais à la fois en Corse et en Français, de manière apaisée, sans volonté de provocation. Nous souhaitons que la langue corse puisse être utilisée de façon naturelle, y compris dans les échanges publics (…) La question de la langue est toujours fondamentalement politique », a-t-il dit, avant de préciser : « nous n’avons pas vocation a défendre des specificités simplement pour le plaisir de les affirmer, il faut réfléchir à des chemins juridiques acceptables, nous ne sommes pas dans une logique de surenchère ou de rupture, mais nous voulons une société insulaire émancipée ».

Et de souligner que « si une Constitution ne permet pas de reconnaître un peuple, c’est à la Constitution de changer, pas au peuple »

« Aujourd’hui la Corse a la volonté de tourner la page d’une situation conflictuelle qui a duré depuis des décennies, avec des douleurs de chaque côté, nous sommes dans une logique d’apaisement, pour un dialogue entre la Corse et la République », a expliqué le président de la Collectivité de Corse.

Le chef de l’État doit se positionner

Gilles Siméoni attend beaucoup que le président de la République donne sa position à la suite de l’élection de l’Assemblée de Corse. Le chef de l’État est en effet attendu dans l’île le 6 février, à l’occasion d’une cérémonie commémorant le 20e anniversaire de la mort de préfet Erignac à Ajaccio. Gilles Siméoni considère en effet que « jusqu’à présent, le gouvernement n’a pas donné les signes indispensables de prise en compte de la nouvelle donne politique en Corse ».

La majorité au pouvoir en Corse demande l’amnistie ou le retour en Corse de prisonniers condamnés ou prévenus d’actes visant l’État français. « La demande d’amnistie n’est pas faite uniquement par les nationalistes », estime Gilles Siméoni, qui la dit portée « par 250 communes de l’île ». « Il ne s’agit pas de banaliser des actes graves, mais de dire que nous sommes dans un processus dans lequel on veut sortir de la logique de conflit ». Il demande donc qu’Yvan Colonna, désigné responsable de la mort du préfet Erignac puisse donc être rapatrié : « on peut appliquer le droit positif, leur permettre de purger leur peine en Corse, ne pas ajouter a la rigueur de la détention, celle de l’éloignement de leur famille ».

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