La Réunion secouée par les manifestations pour l’emploi

Transformons les ti’contrats en emplois durables

19 septembre 2012, par Manuel Marchal

Moins de quatre mois après le changement de pouvoir en France, les manifestations pour l’emploi se multiplient. La situation est très tendue, car les demandes sont pressantes et le cadre actuel est incapable d’apporter les réponses espérées. Pour sa part, le PCR propose de dépasser ce problème au travers de la création de deux grands services d’intérêt public dans l’environnement et l’aide à la personne, susceptibles d’offrir 60.000 solutions-emplois.

Depuis la rentrée scolaire, rares sont les journées sans manifestation pour l’emploi. L’économie réunionnaise a détruit tellement d’emplois qu’elle n’est plus en mesure de suivre l’accroissement permanent de la population active. Ce problème ne date pas d’aujourd’hui, car dès le milieu des années 70, un rapport réalisé pour le Conseil général estimait le taux de chômage à 25%.
Cela fait une trentaine d’années que l’État tente de colmater les brèches avec une politique de traitement social du chômage après l’échec retentissant de l’exil de plus de 100.000 actifs réunionnais par le BUMIDOM. Il met donc en place des contrats d’activités financés quasiment par l’Etat qui ont pris différentes dénominations : TUC, CES, CUI, CAE… L’objectif est de proposer à des demandeurs d’emploi une solution transitoire pour ensuite évoluer vers l’emploi durable. Ce système a été pensé pour fonctionner dans un pays où le taux de chômage est d’origine conjoncturelle, dépassant rarement les 10%.

Interrogations et frustrations

À La Réunion où ce taux est trois fois plus important, les solutions provisoires deviennent pour beaucoup des ti’contrats qui permettent d’interrompre d’intolérables périodes de chômage de longue durée.
Puisque dans notre île, l’industrie a été sinistrée par la mise en concurrence brutale avec la production française puis européenne et aujourd’hui mondiale, ce sont les services publics qui sont les principales sources d’emploi. Les maires sont en première ligne, car généralement, c’est la Mairie qui est le plus gros employeur d’une commune. Quand arrive le second semestre, la pression de la demande augmente, car c’est à ce moment que des ti’contrats sont prolongés, d’autres démarrent et enfin certains arrivent en fin.
Il suffit d’un grain de sable pour qu’aussitôt La Réunion soit au bord de l’explosion sociale. Cette année, c’est le cas.

À la rentrée scolaire, il manquait 2.000 contrats aidés pour que les maires puissent pour faire fonctionner les écoles dans les mêmes conditions qu’en 2011. Aussitôt, la pression s’est accentuée. Après une rentrée chaotique avec 4 jours de retard, tous les espoirs se sont reportés sur la Commission transparence du 28 août. Peine perdue, rien n’a été réglé. Alors les manifestations se sont succédé avec des résultats : 10 emplois pour des jeunes de Bellepierre, 12 pour une association de Saint-Paul, satisfaction aussi pour des jeunes de Moufia et la réaffectation de 30 emplois au profit de la commune de Saint-Leu. Ce sont autant d’exemples qui interrogent : pourquoi certains obtiennent un emploi et d’autres non ?

Une nouvelle ère

Le risque est grand d’accentuer encore les divisions entre ceux qui ont un emploi et les exclus du monde du travail, avec la perspective d’une pénurie aggravée, car le changement de gouvernement ne s’est pas traduit jusqu’à maintenant par l’arrivée massive d’emplois aidés.

Pour sortir de cette impasse, le Parti communiste réunionnais propose de transformer les fonds saupoudrés dans le traitement social du chômage et notamment dans ces contrats aidés, en une dotation aux investissements pour soutenir deux grands services générateurs de revenus : l’environnement et l’aide à la personne.

Ces deux services pourront embaucher les Réunionnais et transformer la précarité en emploi durable. La gestion de ces services sera confiée à une commission paritaire impliquant les représentants des chômeurs, des salariés, des institutions employeuses et de l’État, principal financeur. La représentation paritaire sera une garantie de transparence et libérera les élus de la charge du recrutement des contrats aidés. Dégagés de cette contrainte, ils pourront alors se concentrer sur la politique, et pas sur la gestion de la pénurie causée par un système économique en faillite. Ce sera le début d’une nouvelle ère.

M.M. 

Préparation de l’Assemblée extraordinaire

Témoignages de militants

Comment allons-nous vers l’assemblée extraordinaire du 30 septembre ? Deux militants de la section de Saint-Denis prennent la parole.

Jean-Fabrice, « la reconstruction est l’occasion de tout se dire pour continuer dans une nouvelle voie. C’est l’occasion aussi de se dire qu’il est important de se rendre sur le terrain pour rencontrer les gens et de savoir ce qu’ils pensent réellement de la situation de leur propre pays.

Pour moi, le parti représente et représentera toujours une organisation qui milite pour élever la conscience des Réunionnais et Réunionnaises. A nous aussi, Réunionnais et Réunionnaises, de nous former et de nous affirmer dans notre pays.

J’attends du 30 septembre que les militants de tous les jours soient mis à l’honneur. J’attends aussi que ces mêmes militants puissent jouer un rôle à leur mesure dans notre parti.

Pour moi, le passé est le passé, ce qui importe c’est le présent et l’avenir de notre parti, qu’il y ait eu tels ou tels évènements, peu importe les évènements passés, cela n’est pas important ».

Richemond, « avec tous les échecs et difficultés qu’a rencontrés le parti, il faut un nouveau projet pour avancer et il faut surtout aller dans le peuple, vers la jeunesse.

Il ne faut pas parler de changer pour changer, mais il faut que tout le monde voie le changement, les gens à l’extérieur du parti doivent voir le changement. Il faut leur donner le goût de venir vers nous, car ailleurs il n’y a pas grand-chose, seul le PCR fait pour La Réunion.

Le parti a besoin d’un projet qui fasse adhérer le peuple, parce que l’on peut reconstruire qu’avec le peuple.

Pour le 30 septembre, on pourrait faire une grande messe mais ce n’est pas le but. Le but est un rassemblement de camarades, pas seulement de convaincus, l’important est de convaincre ceux qui ont perdu leurs repères.

Ce rassemblement est aussi l’occasion de tenir compte des propositions des militants de base, car sinon on refait la même chose, parce que l’on ne peut pas avoir une bonne reconstruction, car la fondation est bonne, mais la reconstruction pour qui, par qui, pour quoi ? Ce sont les questions essentielles pour le 30 septembre ».

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