Politique
Forte opposition contre le vote par anticipation proposé par Emmanuel Macron
Présidentielle 2022
Le gouvernement a déposé un amendement pour autoriser le vote par anticipation. Cette disposition est très mal perçue et rejetée par la classe politique.
Le gouvernement a déposé un amendement pour autoriser le vote par anticipation. Cette disposition est très mal perçue et rejetée par la classe politique.
Depuis le dépôt par le gouvernement au Sénat, le 16 février, d’un amendement visant à instaurer le vote par anticipation pour le prochain scrutin présidentiel, les critiques se multiplient.
Certains élus veulent étudier la question, tandis que la droite et l’extrême droite de s’opposer fermement à cette disposition. De son côté, l’ancien premier ministre socialiste, Bernard Cazeneuve, a usé d’ironie pour dénoncer cet amendement : « Le vote par anticipation pour l’élection présidentielle, voilà ce que le goût de la disruption parvient à produire de plus singulier. On pourrait aussi dépouiller à mesure que les citoyens votent pour gagner du temps et proclamer vite les résultats ».
Au Parti communiste, le secrétaire national Fabien Roussel dénonce la méthode du gouvernement « Éviter l’abstention, oui. Tout faire pour que les gens aillent voter, oui. Mais je découvre hier qu’il y a un amendement qui tombe du ciel du gouvernement mettant en place un dispositif dont je ne connais rien du tout. (...) Vous savez, quand on touche à un mode de scrutin, et en plus le scrutin de la présidentielle, ce qui est bien, (...), c’est en parler avant », a-t-il déclaré au micro de RTL.
Ce dernier a dit vouloir du pour étudier la disposition. Une posture plus ou moins partagée par le secrétaire général des Républicains, Aurélien Pradié. Ce dernier ne se dit « pas favorable » au vote par anticipation, mais estime qu’il y a un manque de documentation sur le sujet.
« Je ne comprends pas très bien comment on peut tester une disposition nouvelle électorale sur une élection présidentielle (...) qui est une élection trop importante pour cela. (...) Pourquoi pas l’essayer pour les régionales ? », a-t-il proposé.
Plusieurs élus dénoncent un risque de « fraude », organisé par le gouvernement. Pour le sénateur LR, Bruno Retailleau, président du groupe au Sénat, cette disposition est « une magouille politicienne alors qu’on est encore en crise sanitaire ». C’est aussi, selon lui, la marque d’« un mépris profond », et « une légèreté insoutenable vis-à-vis de la chose démocratique ».
Pour l’extrême droite du Rassemblement national, « à la moindre ouverture, ce gouvernement rentre dans des espèces de failles pour essayer de bidouiller une élection présidentielle à venir ».
La présidente du RN, Marine Le Pen, a estimé que le gouvernement n’a « pas le temps d’instaurer la proportionnelle, mais ils ont le temps de magouiller un vote anticipé. Pour nous, c’est hors de question ! »
De son côté, le chef de file de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan, a dénoncé l’organisation de « la plus grave fraude à l’élection présidentielle ». « Tous les députés, tous les sénateurs qui voteraient cet amendement se rendraient coupables devant l’histoire de la mise à mort de notre démocratie, car si on a plus confiance dans le mode de scrutin de la présidentielle, il n’y a plus de vie politique et de démocratie possible », a-t-il critiqué dans un message vidéo.