Emmanuel Macron stigmatise et divise

Premiers débats sur le "séparatisme" dans un contexte de forte opposition

2 février 2021

Point d’orgue de la présidence Macron, le projet de loi ultra sensible sur le renforcement des mesures contre l’islamisme radical est en séance plénière à l’Assemblée nationale. Or le texte divise à droite comme à gauche, qui dénoncent la stigmatisation du gouvernement.

Après une cinquantaine d’heures d’auditions, puis autant pour le passage au crible des articles en commission spéciale, les députés vont examiner durant deux semaines ce texte "confortant le respect des principes républicains".

Face à l’islamisme radical "il faut aller plus loin, donner des outils supplémentaires à nos forces de sécurité, à notre système judiciaire, et avec ce projet de loi on s’en donne les moyens", a déclaré le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, sur BFMTV.

Le sujet est délicat dans un pays où tout ce qui touche à la laïcité enflamme les débats. D’un côté, un député LREM se félicite : "le texte a été bien mené en amont et ça a créé un climat apaisé dans la forme. On a fait mentir ceux qui prédisaient que ça allait être une boucherie politique".

De l’autre, les élus LFI et Jean-Luc Mélenchon s’opposent à ce texte accusé de "stigmatiser les musulmans". La droite et extrême droite, elles, déplorent que le projet oublie la "question migratoire, la radicalisation dans nos prisons ou dans nos entreprises privées", a expliqué le patron des députés LR, Damien Abad.

De son côté, Marine Le Pen a présenté une contre-proposition de loi pour bannir les "idéologies islamistes" et interdire dans tout l’espace public le port du voile.

Le projet de loi prévoit de nombreuses mesures plus souvent "techniques" sur la neutralité du service public, la lutte contre la haine en ligne, l’instruction en famille, le contrôle renforcé des associations, une meilleure transparence des cultes et de leur financement, et encore la lutte contre les certificats de virginité, la polygamie ou les mariages forcés.

Ce texte doit reprendre le discours d’Emmanuel Macron le 2 octobre 2020 aux Mureaux, où il avait présenté sa stratégie pour lutter contre l’islam radical. A gauche, les élus regrettent la faiblesse du volet social et des mesures de lutte contre les discriminations.

"Au final, le projet de loi est borgne car il ne traite pas de la ségrégation, du séparatisme social, territorial, de la mixité scolaire"
, a déploré le communiste Stéphane Peu. "C’est une loi d’injonctions. Elle ne fait vivre en acte aucun des principes de la République", a ajouté le socialiste Boris Vallaud.

Dans l’aile gauche de LREM, le parti du président, plusieurs députés comme Souad Zitouni ou les membres d’En Commun rappellent que la "lutte contre les discriminations et les inégalités" font également partie de la "promesse républicaine".

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