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Une rencontre avec Lofis la Lang Kréol Larényon
5 novembre 2007
Lofis La Lang Kréol Larényon a organisé la semaine dernière une rencontre avec deux scientifiques malgaches, dont l’engagement est voué à la défense du patrimoine linguistique de Madagascar. Elles sont venues exposer le travail - gigantesque et merveilleux - accompli par le Centre des Langues de l’Académie malgache pour collecter, organiser et mettre en valeur la langue malgache. Une grande leçon de persévérance, dans la rigueur scientifique mise au service d’un patrimoine immatériel incomparable.
Juliette Ratsimandrava et Oliva Ramavonirina viennent toutes deux du Centre des langues créé en 1993 dans l’Académie malgache, dont il est une émanation autonome, vouée à l’étude et à la recherche sur la langue malgache. L’Académie malgache, dont le siège est situé dans l’enceinte du très beau parc botanique de Tsimbazaza, est une vénérable institution dont nos voisins ont célébré le centenaire il y a déjà cinq ans, et qui a pour mission de rassembler et diffuser les résultats des recherches et travaux des chercheurs et scientifiques dans tous les domaines de la connaissance. Comme elle n’a pas pour vocation d’encourager la recherche dans un domaine spécifique, le Centre des langues a été créé à cette fin, à Analakely (quartier d’Antananarivo) où il est hébergé dans l’espace Rarihasina et dirigé par Juliette Ratsimandrava, conservateur, documentaliste-bibliographe. Elle a été formée à la conservation du patrimoine malgache et à la conservation des documents scientifiques. « C’est après avoir pris conscience que l’essentiel du patrimoine malgache est dans la langue que je me suis tournée vers l’étude et la conservation de la langue malgache », a-t-elle déclaré devant les membres de Lofis, réunis dans l’auditorium de la Médiathèque Benoîte-Boulard. Sa collègue, Oliva Ramavonirina, est linguiste et anthropologue, auteur de travaux en Histoire des civilisations.
D’une façon générale, les travaux du Centre sont consultables sur le site Internet de l’institution, à l’adresse www.teny.org/publications.html.
Reconnaître l’unicité de la langue malgache
Le premier point d’importance, pour les Malgaches, est de faire reconnaître l’unicité de la langue malgache, au-delà des variantes linguistiques à protéger comme éléments du patrimoine. La langue malgache intègre de nombreux emprunts au sanskrit, au bantou, à l’arabe, ainsi qu’à l’anglais et au français.
Depuis la dernière révision constitutionnelle, le Malgache est à la fois langue nationale et langue officielle , avec le français et l’anglais.
Il y a un enjeu important à extraire le malgache de la gangue où l’avait confiné, depuis le 19ème siècle, les colonisateurs - qui à la fois ont eu très tôt un intérêt à bien connaître eux-mêmes la langue du pays et à faire en sorte que les Nationaux en gardent le plus longtemps possible une vision éclatée, morcelée -, cette division servant les intérêts des grandes puissances coloniales. C’est ainsi que, pendant très longtemps, on a fait croire à l’existence de “langues” différentes entre les espaces côtiers et les hauts plateaux.
Les recherches ont conduit les linguistes à affirmer que les différentes variantes appartiennent aux langues austronésiennes - sous-groupe constitué par le malais, l’indonésien, le javanais... entre autres, dans le groupe du malayo-polynésien occidental. Quant aux apports bantous, ils seraient aussi présents dans les langues austronésiennes, par exemple sous la forme -tr- (dentale fricatisée).
A partir de quelques exemples, les Malgaches peuvent démontrer que l’existence de variantes (manioc peut se dire mangahazo en certains lieux et balahazo dans d’autres - on a donné aussi l’exemple de talio/tadio ou encore ôlo/olona (la personne) - n’empêche pas que les Malgaches se comprennent partout dans la Grande Ile. L’écriture sorabé, ou arabico-malgache, le rendait même lisible très largement au-delà des frontières de l’Ile, dans l’océan Indien.
Une tendance vers le multilinguisme
La grande diversité des populations malgaches et les évolutions de la demande linguistique sociale ont amené les chercheurs à s’interroger sur les situations dans lesquelles est parlée telle langue plutôt que telle autre, au sein d’une population aujourd’hui évaluée à environ 16 millions d’habitants, dont les trois-quarts vivent en milieu rural. A Madagascar, l’immense majorité de la population ne connaît que le malgache, tandis qu’une petite partie peut également être considérée comme anglophone (0,57%) ou francophone (15,80%). Le malgache est aujourd’hui reconnu dans des lieux où il ne l’était pas auparavant (lycée français, Alliance française, etc...). Le français est très présent dans la publicité, les médias, les relations internationales, et on note que beaucoup de mots anglais entrent désormais dans la langue malgache, comme un peu partout dans le monde : des mots comme coach, design... et beaucoup d’autres, font aujourd’hui partie d’un vocabulaire courant, en ville du moins. Cette réalité n’est pas faite pour surprendre, dans un pays comptant 70 institutions d’enseignement de la langue anglaise. A l’Université, des langues comme le japonais, l’indien, l’indonésien ou le chinois font partie des enseignements.
Dans les stratégies du gouvernement malgache actuel, en particulier dans le Madagascar action Plan (MAP), deux des huit engagements prioritaires - l’engagement 3 et l’engagement 8 - concernent la transmission et la préservation de la langue malgache, selon les responsables du Centre de la langue malgache. Ces responsables observent aussi, dans la demande sociale, une attente de « coexistence équilibrée » entre les différentes formes du malgache, nécessaire pour une meilleure mobilité sociale. Cette attente se double d’une tendance vers le multilinguisme. L’ensemble de ces différents mouvements témoigne de l’émergence d’une conscience que, dans un monde changeant, le fait que la question de la langue nationale devienne une préoccupation commune est quelque chose d’important.
Faire du malgache une langue d’échanges multiformes
Dans ces changements actuels, le Centre de la langue malgache est évidemment appelé à jouer un rôle de premier plan, pour faire du malgache « une langue d’échanges multiformes, présente dans le monde du travail et des entreprises, de la communication, de l’administration comme dans le monde des affaires », a dit Juliette Ratsimandrava.
Il y a quelques années, on entendait un peu partout à Madagascar, même dans les médias, un curieux parler mêlant le malgache et le français, et appelé vary amin’anana. C’était la marque la plus évidente d’un manque de confiance des Malgaches dans leur propre langue : dès qu’il leur manquait un mot, ils allaient le prendre dans une langue étrangère - en général le français. D’où une surabondance de “néologismes” et de termes “vahiny” (étrangers), qui ont posé la question de la conception du vocabulaire et de la différence entre “emprunt” et “néologie”.
Une partie du travail du Centre de la langue malgache a donc consisté à introduire de la cohérence et de la précision dans l’adaptation des concepts. On a évoqué la formation du mot “solosaina” (littéralement : substitut du cerveau) pour désigner “l’ordinateur” en malgache. Il y a, de la même façon, un foisonnement de créations lexicographiques, et bien entendu de très nombreuses tendances dans ce large mouvement d’un pays toujours en construction.
Les membres du Centre ont travaillé à constituer un vaste corpus, par secteurs d’activité : la mer, le tourisme, l’éducation de la jeunesse, les loisirs, etc... Une recension bibliographique a débouché sur de larges collectes regroupées en bases de données numérisées.
Le travail sur les néologismes s’est appuyé sur les travaux existant depuis la malgachisation, en particulier celle des termes scientifiques : en physique nucléaire, en mathématiques ou en biologie notamment, les linguistes ne partent pas de zéro ; ils ont travaillé sur la capacité d’assimilation des néologismes (leur “congruence”) et ont pu bénéficier de formation dans le cadre du Réseau inter-francophone d’aménagement linguistique (RIFAL).
Ces premiers travaux ont donné naissance à un dictionnaire encyclopédique de l’Académie malgache, faisant le bilan de ce qu’il faut connaître de la langue malgache en ce début de 21ème siècle. Riche de 35.000 termes (de A à Z), sur 1.500 pages, il ne prétend pas à l’exhaustivité, mais regroupe l’essentiel, le “trésor” de la langue malgache, amassé en de très nombreux articles écrits par 135 auteurs.
La partie lexicographique de ce travail collectif a ensuite été exposée par Oliva Ramavonirina : à partir de logiciels spécifiques (Shoebox et SF Converter) et d’un langage de marquage pour les documents (XML), les équipes du Centre de la langue malgache œuvrent à l’établissement de banques de données multilingues, à visée locale et pour le réseau RIFAL. Pour chaque mot d’entrée, on trouve notamment la catégorie grammaticale, des notions de morphologie, une définition, les équivalents dans les parlers régionaux et des exemples illustrant ces différents aspects.
L’important, pour les Malgaches, est de généraliser la prise de conscience d’une unicité de la langue et d’arriver à établir, dans cette unicité, ce qui est “standard” et ce qui est “variable”. Des exemples de ce travail ont été donnés à partir des notions “monter/descendre” selon qu’elles sont utilisées au Nord de Madagascar ou dans d’autres régions.
Pour conclure, les deux responsables du Centre de la langue malgache ont fini leur intervention sur l’importance de mobiliser la population de la Grande Ile autour de sa langue. Cette exigence répond à un besoin culturel essentiel, valable dans tous les pays. C’est pourquoi, les orientations de recherche pour 2008 vont privilégier la mobilisation des institutions et de la population autour d’événements phares : par exemple le 21 février, Journée internationale de la langue maternelle. Une occasion importante de mobiliser autour du malgache, langue maternelle d’une Nation, par différenciation avec le français et l’anglais, qui restent langues officielles à Madagascar.
P. David
Leçons de Madagascar
Ces rencontres prises en charge par Lofis réunionnais répondent directement et indirectement aux questions que se posent de nombreux linguistes et “aménageurs de la langue” créole dans notre île.
Du travail qui a été fait sur le malgache, nous pouvons ici tirer plusieurs enseignements, transposables et adaptables à notre situation. Axel Gauvin rappelait par exemple, lors de la rencontre du Port, que d’importants matériaux existent déjà pour l’enrichissement du créole et de ses dictionnaires. Depuis le travail fait pour l’Atlas de la langue créole, il reste à dépouiller l’équivalent de quelque 500 CD qui pourraient servir à des études lexicologiques.
L’invitation faite à ces deux grandes dames malgaches est le fruit d’un partenariat étroit entre Lofis et la linguiste Claudine Bavoux, du LCF - qui a rencontré Juliette Ratsimandrava et Oliva Ramavonirina lors d’un colloque à Madagascar. Ayant fait une visite au Centre de la langue malgache, elle a proposé à Lofis de faire venir ces deux chercheuses à La Réunion, pour l’organisation de deux séances de travail qui ont eu lieu effectivement les 23 et 24 octobre. Une de ces rencontres a eu lieu à l’Université, avec le concours de Charlotte Rabesahala, du MIARO et du DLCOI, départements des langues orientales (ILA).
Avec ces deux précieux partenariats et le concours financier de la Région, Lofis s’est occupé du voyage, du séjour et des déplacements des deux visiteuses malgaches.
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