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par le Dr Raymond Vergès

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Che Guevara, le discours d’Alger

mardi 9 octobre 2007


Extraits du discours prononcé par le Che au cours du Séminaire économique de solidarité afro-asiatique, les 22 et 27 février 1965 à Alger.


« Chers frères,

Cuba participe à cette Conférence, d’abord pour faire entendre à elle seule la voix des peuples d’Amérique, mais aussi en sa qualité de pays sous-développé qui, en même temps, construit le socialisme. [...]
Cette conférence est une assemblée de peuples en lutte ; cette lutte se développe sur deux fronts également importants et réclame tous nos efforts. [...]
Chaque fois qu’un pays se détache de l’arbre impérialiste, ce n’est pas seulement une bataille partielle gagnée contre l’ennemi principal, c’est aussi une contribution à son affaiblissement réel et un pas de plus vers la victoire finale.
Il n’est pas de frontières dans cette lutte à mort. Nous ne pouvons rester indifférents devant ce qui se passe ailleurs dans le monde, car toute victoire d’un pays sur l’impérialisme est une victoire pour nous, de même que toute défaite d’une nation est défaite pour nous. La pratique de l’internationalisme prolétarien n’est pas seulement un devoir pour les peuples qui luttent pour un avenir meilleur, c’est aussi une nécessité inéluctable. [...]
Nous devons tirer une conclusion de tout cela : le développement des pays qui s’engagent sur la voie de la libération doit être payé par les pays socialistes. Nous le disons sans aucune intention de chantage ou d’effet spectaculaire, ni en cherchant un moyen facile de nous rapprocher de tous les peuples afro-asiatiques, mais bien parce que c’est notre conviction profonde. Le socialisme ne peut exister si ne s’opère dans les consciences une transformation qui provoque une nouvelle attitude fraternelle à l’égard de l’humanité, aussi bien sur le plan individuel dans la société qui construit ou qui a construit le socialisme que sur le plan mondial, vis-à-vis de tous les peuples qui souffrent de l’oppression impérialiste.
Nous croyons que c’est dans cet esprit que doit être prise la responsabilité d’aider les pays dépendants et qu’il ne doit plus être question de développer un commerce pour le bénéfice mutuel sur la base de prix truqués aux dépens des pays sous-développés par la loi de la valeur et les rapports internationaux d’échange inégal qu’entraîne cette loi. [...]
Comment peut-on appeler "bénéfice mutuel" la vente à des prix de marché mondial de produits bruts qui coûtent aux pays sous-développés des efforts et des souffrances sans limites et l’achat à des prix de marché mondial de machines produites dans les grandes usines automatisées qui existent aujourd’hui ? [...]
Les pays socialistes ont le devoir moral de liquider leur complicité tacite avec les pays exploiteurs de l’Ouest. Le fait que le commerce est actuellement réduit ne signifie rien. En 1959, Cuba vendait du sucre occasionnellement à un pays du bloc socialiste par l’intermédiaire de courtiers anglais ou d’autres nationalités. [...]
Il n’est pas pour nous d’autre définition du socialisme que l’abolition de l’exploitation de l’Homme par l’Homme. Tant que cette abolition ne se réalise pas, nous restons au stade de la construction de la société, et si, au lieu que ce phénomène se produise, la tâche de la suppression de l’exploitation s’arrête, et même recule, alors on ne peut plus parler de construction du socialisme. » [...]


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