Crise politique à Maurice à la suite de ’l’affaire Medpoint’

Les ministres du MSM quittent le gouvernement

27 juillet 2011

Inculpée et arrêtée vendredi dans l’affaire de la vente d’une clinique privée à l’État, la ministre de la Santé avait été libérée sous caution. Elle a finalement démissionné hier à 11 heures. Les cinq autres ministres du MSM ont aussi quitté le gouvernement hier peu avant midi. Lors d’une conférence de presse hier après-midi, les ministres MSM ont expliqué leur décision.

Chez nos voisins, une coalition dirige le pays. Elle est composée du Parti travailliste de Navin Rangoolam, Premier ministre, et du Mouvement socialiste mauricien (MSM).
En décembre dernier, une clinique privée, Medpoint a été rachetée par l’État. Évaluée à 1,9 million d’euros dans un premier temps, la transaction a coûté 3,5 millions d’euros pour l’État, soit près du double.
La Commission indépendante anti-corruption (ICAC) a mené l’enquête sur la base de cette divergence pour le moins importante.
La semaine dernière, coup de théâtre, la ministre de la Santé Maya Hanoomanjee, est arrêtée vendredi par l’ICAC. Elle est inculpée. La ministre a ensuite payé une caution pour ne pas être envoyée en prison.
Lundi, Pravind Jugnauth, vice-premier ministre, ministre des Finances et dirigeant du MSM écourte un voyage en Europe et rentre précipitamment à Maurice. La direction du MSM se réunit lundi après-midi et arrête une stratégie.
Hier, peu après 11 heures 30, la ministre de la Santé a annoncé sa démission. Moins d’une heure plus tard, les cinq autres membres du gouvernement appartenant au Mouvement socialiste mauricien font part d’une décision identique : Pravind Jugnauth (vice-premier ministre et ministre des Finances), Nando Bodha (ministre du Tourisme), Shawkatally Soodhun (ministre de l’Industrie), Leela Devi Dookun-Luchmun (ministre de la Sécurité sociale) et Ashit Gungah (ministre de la Fonction publique).
Hier après-midi, le Mouvement socialiste mauricien a expliqué cette décision suite à la réunion de son Bureau politique.
« Nous sommes solidaires à 100% de Maya Hanoomanjee. Nous ne pouvons dire que nous sommes solidaires de notre collègue et en même temps rester au gouvernement », a déclaré Pravind Jugnauth selon "l’Express" (voir encadré).
Selon le MSM, son départ du gouvernement ne remet pas en cause son soutien à celui-ci.


La stratégie du MSM

La stratégie choisie par le MSM est de remettre en cause la crédibilité des enquêteurs de la Commission indépendante anti-corruption. Voici un extrait d’un article de "l’Express" décrivant cette ligne de défense.

« Déplorant ce qu’il appelle la façon de faire des enquêteurs de l’ICAC, le leader du MSM a déclaré que Maya Hanoomanjee a subi une injustice flagrante. Pravind Jugnauth a dit qu’il est convaincu de l’innocence de l’ancienne ministre de la Santé, même s’il trouve qu’elle n’avait d’autre choix que de démissionner.
« Selon nos principes, dans le MSM, quand il y a une accusation provisoire contre un ministre, celui-ci n’a d’autre choix que de démissionner. Bien que nous soyons convaincus de l’innocence de Maya Hanoomanjee, elle a dû démissionner », a déclaré le leader du MSM.
Il a ajouté que Maya Hanoomanjee n’a pas démissionné aussitôt son inculpation parce qu’il avait donné des instructions pour que rien ne soit fait avant son retour au pays ».


Le domaine de Montgaillard acheté par la Région, "affaire Medpoint" de La Réunion ?

Tout comme à Maurice, à La Réunion une institution publique a acquis un bien immobilier au-dessus de la valeur estimée. Le 14 juin dernier, la Région Réunion a en effet décidé d’acheter à un promoteur privé, le Domaine de Montgaillard pour un prix de 13,5 millions d’euros, soit bien au-dessus de la valeur expertisée par le Service des Domaines.
La Région Réunion est donc dans la même situation que le gouvernement de l’île Maurice.
À Maurice, une Commission indépendante anti-corruption s’est saisie de l’enquête afin de faire toute la lumière sur cette affaire. La transparence qu’il est possible de faire à Maurice est-elle impossible à La Réunion ?
Gageons que pour la transaction du Domaine de Montgaillard si coûteuse pour les fonds publics, toute la lumière puisse être faite.

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