122.402 demandeurs d’emploi inscrits à l’A.N.P.E. :

10 février 2003

Dans son bulletin "Flash Infos" N° 49 de janvier 2003, le Comité de pilotage de l’Industrie (C.P.I.) de La Réunion signale que sur le marché du travail dans notre pays « la baisse du taux de chômage se poursuit ». Et de préciser : « Après avoir atteint un niveau record de 38% en 1998, le taux de chômage a reculé pour la quatrième année consécutive et s’est établi à 28,5% en octobre 2002. Le taux de chômage connaît une baisse régulière de 2 à 3% par an, et le nombre d’actifs occupés a désormais franchi le cap des 200.000 travailleurs. Cette embellie profite d’abord aux femmes puis aux demandeurs d’emplois de 25 à 49
ans »
.

Toutefois, ajoute le C.P.I., le fort taux de chômage à La Réunion « restera élevé dans les années à venir, en dépit d’une croissance économique extrêmement soutenue (+5,5% par an depuis 1995, soit le double de la croissance nationale) ». Et cela, notamment en raison de « la structure de la population réunionnaise ».
Explications du C.P.I. : « la population réunionnaise est très jeune : 56% a moins de 30 ans. Et malgré les 4.000 créations d’emplois nettes enregistrées en moyenne chaque année (et le record de 8.000 créations d’emplois en 2002), l’économie locale ne parvient pas à absorber les 7.000 demandeurs d’emplois qui arrivent dans le même temps sur le marché du travail ».
Que faut-il donc faire pour respecter le droit au travail de cette « main d’œuvre (…) motivée et bien formée », selon les termes du C.P.I.?

La « croissance démographique extrêmement forte » ne peut suffire pour tenter d’expliquer l’important et inacceptable taux de chômage frappant les Réunionnaises et les Réunionnais. En effet, si la croissance est extrêmement soutenue, à quelles catégories sociales profite-t-elle en priorité ? À celles dont les revenus sont les plus élevées ou à celles qui sont le plus frappées par les bas revenus, le chômage, l’exclusion et la précarité ?
Car si la « croissance économique » est « extrêmement soutenue », cela veut bien dire que le "gâteau" des richesses et de l’argent disponibles dans le pays s’agrandit. Mais ce "gâteau" est-il partagé de façon équitable ? Et ceux qui ont le plus besoin de profiter - en termes d’emploi - de ces richesses agrandies en sont-ils les principaux bénéficiaires ?

Manifestement non. Les chiffres sont là pour le prouver. Et les drames et déchirures de nos "faits divers" quotidiens sont bien souvent des conséquences de la violence sociale constituée par ce chômage massif comme par la coupure de notre société en deux mondes.
En décembre dernier, 122.402 personnes étaient inscrites à l’ANPE comme demandeurs d’emploi dans l’ensemble des huit catégories considérées. ( Dans la catégorie 1, ce chiffre est de 81.852, soit en légère augmentation par rapport au mois précédent. Sur ce chiffre, 34.097 personnes sont des demandeurs d’emploi de longue durée (soit plus d’un an) et 21.509 sont des jeunes âgés de moins de 26 ans.

Et comme le disait le 27 janvier dernier Élie Hoarau au nom du PCR, « les prévisions de l’INSEE indiquent que la population active continuera à augmenter dans les 30 prochaines années. Elle aura augmenté de moitié en 2030. Le CESR estime qu’il y aura entre 90.000 et 162.000 personnes supplémentaires sur le marché de l’emploi en 2020. La loi-programme n’offre aucun apport décisif pour faire face à ces défis qui se posent à nous. Fondamentalement, elle garde ce même rythme. Les projets qu’elle contient ne sont pas suffisants pour faire face à ces défis ».

Face à cette situation, que vont dire cet après-midi les participants au dernier atelier des Assises sur l’emploi et la décentralisation ? Vont-ils se contenter de dire que l’emploi - secteur clé de notre société - doit rester une compétence de l’État et que les Réunionnais n’ont pas à s’en mêler ? Ou bien vont-ils demander que la politique à mener à La Réunion pour respecter le droit du Réunionnais au travail - un droit inscrit dans la Constitution - soit décidée ici par les représentants élus et organisés de la population ?
Les forces vives de La Réunion n’ont-elles pas déjà apporté à plusieurs reprises la démonstration qu’elles sont capables de combiner le dynamisme de l’économie marchande et la force de l’économie solidaire pour répondre aux besoins de la population réunionnaise en matière d’emploi ? N’est-ce pas à elles d’assumer cette responsabilité cruciale et déterminante pour toute la vie sociale à La Réunion ?


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