Fonction publique

30.000 fonctionnaires en moins

Le nombre pourrait baisser en 2004

26 avril 2003

Le gouvernement a fait de la réduction du nombre de fonctionnaires l’un de ses objectifs. Ceci au nom de son idéologie libérale mais aussi pour tenter de diminuer son déficit budgétaire et répondre aux exigences de Bruxelles. Dans le cadre de la préparation de son budget pour l’année prochaine, le gouvernement pourrait décider de ne remplacer que la moitié des agents de l’État partant en retraite l’an prochain. Cela équivaudrait à la suppression de 30.000 emplois.

Lors de la campagne présidentielle, Jacques Chirac avait annoncé une réforme de l’État qui passerait par une réduction du nombre de fonctionnaires. Cette volonté s’est traduite par la suppression d’un peu plus d’un millier de postes en 2003. Mais, en raison de ses difficultés financières, le gouvernement semble décidé à s’attaquer à ce chantier dès l’année prochaine. Le quotidien économique parisien "les Échos", dans son édition de jeudi, a évoqué les lettres de cadrage que Matignon s’apprête à envoyer à chacun des ministres, afin de leur indiquer quelle devra être l’évolution de leurs dépenses en 2004. Ces orientations seront décisives. Elles devraient proposer le non remplacement d’un départ à la retraite pour un fonctionnaire sur deux.
Les lettres de cadrage fixent chaque année l’évolution des dépenses de chaque ministère pour l’année suivante. Avec la mesure envisagée, quelque 30.000 fonctionnaires ne seraient pas remplacés, estiment les spécialistes du problème. Toujours selon eux, cela représenterait une économie non négligeable, à l’heure où Bruxelles met en garde Paris contre la dérive de ses dépenses publiques. D’ici 2012, 40% des fonctionnaires doivent partir à la retraite.
Le Premier ministre devrait également confirmer le principe d’une stabilisation en volume des dépenses de l’État pour les années à venir, stabilisation déjà évoquée publiquement par Jean-Pierre Raffarin.
Dans l’entourage de Jean-Pierre Raffarin, on a tenté de se montrer rassurant durant toute la journée de jeudi : « Les lettres de cadrage ne sont pas encore rédigées. Il y a, chaque jour, des échanges de notes entre les ministères et Matignon, mais aucune décision n’est prise », assurait-on à Matignon.

Colère

Une telle perspective n’a pas manqué en tout cas de susciter jeudi la colère des syndicats. « Ce n’est pas autre chose que le démantèlement de la fonction publique et, le cas présent, de la fonction publique d’État », s’est ainsi insurgé Bernard Lhubert, secrétaire général de la CGT-Fonction publique. « À terme, ce sont les usagers qui vont payer la note », a également déploré René Ricot, de la CFTC-fonction publique. « Emploi et retraites, les deux sont liés » et « nous sommes dans une situation où ces divers conflits peuvent faire monter une mayonnaise importante », a menacé de son côté le secrétaire général de la Fédération syndicale unitaire (FSU), Gérard Aschiéri. « C’est un gouvernement libéral et son objectif, c’est la diminution de la fonction publique et du service public », a estimé Roland Gaillard (FO-fonction publique). « On a l’impression que les fonctionnaires sont uniquement là pour servir de variable d’ajustement dans un budget », a-t-il déploré.
Pour le Parti socialiste, le non remplacement d’un fonctionnaire sur deux est tout simplement « inacceptable ». « La Fonction publique est bien le bouc émissaire du gouvernement Raffarin », s’indigne le PS dans un communiqué publié jeudi.
« En prenant cette décision, le gouvernement ouvre la voie d’un service public impuissant, réduit au minimum, incapable de répondre aux besoins », a également déploré le PCF. « C’est un gouvernement licencieur dans une période difficile pour l’emploi », résume le PCF dans un communiqué.
Quel sera l’impact de la mesure envisagée par le gouvernement à La Réunion où, en raison de la progression démographique, la demande est très forte en personnel supplémentaire ?

La proposition du PCR lors des dernières législatives :
La préservation des services publics
Pour le deuxième tour de la présidentielle, La Réunion s’était mobilisée en transcendant tous les clivages, politiques religieux ou philosophiques. En accomplissant, en masse, le geste lucide de glisser le bulletin "Chirac" dans l’urne, les Réunionnais avaient fait la démonstration qu’ils étaient capables de prendre leurs responsabilités lors des moments décisifs de leur Histoire.

Estimant que cette victoire ouvrait la voie à un large rassemblement des Réunionnaises et des Réunionnais autour d’une plate-forme commune, faite d’objectifs rassembleurs, le PCR avait présenté, à la veille du premier tour des élections législatives, une plate-forme pour affronter les 15 ans à venir et pour sauvegarder les acquis.

Six points d’accord possible étaient présentés : création d’emplois ; maintien des acquis sociaux ; défense du service public ; défense des intérêts de La Réunion au sein de l’Union européenne ; plus de responsabilités et d’initiatives pour les élus réunionnais et, enfin, préservation de la cohésion sociale par la reconnaissance de l’identité culturelle de La Réunion. Le chapitre concernant les services publics et préconisant leur préservation faisait référence à l’idée d’une diminution du nombre de fonctionnaires. Il était ainsi rédigé : « Compte tenu du retard général en encadrement dans les administrations, compte tenu aussi de la croissance démographique qui appelle un développement des services à rendre à la population, aucune remise en cause de tout ce qui concerne les services publics à La Réunion ne doit être envisagé alors que le plans de rattrapage ne sont pas encore réalisés. Cela concerne bien sûr l’enseignement, les PTT, la douane, les services de santé mais aussi le désenclavement de La Réunion. En matière de liaisons aériennes, le principe de continuité territoriale doit être appliqué. La menace sur les services publics et leur qualité est bien réelle puisque l’idée d’une diminution du nombre des fonctionnaires a été avancée. Si cela devrait se produire, La Réunion serait handicapée dans sa marche au développement ».


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