Culture et croyance

Anita Staelën apporte sa touche d’artiste à la Salette

La fresque de l’église de Saint-Leu rénovée à coups de pinceaux

8 septembre 2003

De par son parcours artistique et sa personnalité, Anita Staelën ne pouvait qu’être destinée à effectuer la rénovation de la grotte de la Salette. L’explication est simple : sa générosité à retransmettre ses techniques - parfois payée à coups de bâtons sur les doigts - et sa ténacité à enchaîner les étapes trépidantes du boulot d’artiste sont récompensées aujourd’hui. Il n’y a qu’à lire les éloges à son égard pour s’en convaincre. Un cahier a été mis à la disposition des croyants à l’entrée de l’église pour noter leurs impressions sur la rénovation du mur de notre Dame de la Salette. "L’artiste a su faire renaître en nous notre foi égarée / L’artiste qui a fait cela sait comment faire revivre notre Dame de la Salette, en changeant de paysage, que la lumière l’éclaire…". Et la lumière fut, dans cette église.

Les dégâts des vases à fleurs

À l’origine de cette histoire, un don d’un membre de l’association GRAHTER (Groupe de recherche pour l’archéologie et l’histoire de la terre réunionnaise). Après avoir pris connaissance des talents d’Anita Staelën sur des dessins "La Réunion lontan" à l’encre de Chine, l’association décide d’engager l’artiste-peintre pour rénover la fresque murale en piteux état depuis 18 ans. Tout était humidifié par les dépôts des vases à fleurs, le papier se décollait, les couleurs se confondaient avec les moisissures, la vierge perdait de son éclat et les brebis se contentaient de ce triste spectacle.
"C’est la première fois que je travaille sur une grande surface telle que celle-là, j’étais un peu paniquée à l’idée de me lancer", commente timidement et modestement la jeune artiste.

"Tellement de choses à faire"

Et pourtant, on ne peut pas dire qu’elle soit novice en la matière. L’École Supérieure des Beaux-Arts d’Alain Séraphine au Port n’est pas étrangère au perfectionnisme de l’artiste. Après avoir obtenu son diplôme d’Arts plastiques au Port, Anita Staelën multiplie les projets et les contrats : décoratrice gouacheuse au studio Pipangaï, design au "Village Titan", habilleuse et couturière pour le club hippique de Bourbon Saint-Denis, animatrice d’Arts plastiques dans des colonies ou des écoles maternelles…
Déjà au lycée, après un CAP couture, les professeurs se l’arrachaient pour qu’elle conceptualise les affiches du lycée grâce à son coup de crayon. Même l’Hexagone lui aura fait les yeux doux pour qu’elle partage son expérience. Elle préférera rester sur son île auprès de sa famille, car "à La Réunion, il y a tellement de choses à faire", précise-t-elle.

Prêt pour la fête du 19 septembre

Peinture à l’huile, gouache, fusain, encre de Chine, craie pastel sec et gras, pâte à modeler et terre d’argile, tels sont ses instruments. Sa persévérance lui aura donné gain de cause après avoir déposé un projet d’études au service des affaires culturelles de la Mairie de Saint-Paul. Alors qu’elle est résidente au quartier du Barrage dans les Hauts de La Saline, le chef de projet culturel saint-paulois découvrira son travail et la mettra par la même occasion en relation avec un membre du GRAHTER.
Trois autres personnes travaillent avec elle sur ce chantier, qui doit être livré en moins de trois semaines afin d’être prêt pour la fête de la Salette du 19 septembre. Christophe, Yannick et M. Zitte sont ses assistants et collaborateurs sur cet ouvrage.

"Les couleurs, c’est mon dada"

Étant donné le résultat surprenant et la rapidité à laquelle ce travail a été livré, les projets mûrissent pour la suite des prochains jours. S’attaquer cette fois-ci à la Vierge qui se trouve aux fameuses marches intermédiaires avant d’arriver à l’église perchée au sommet de la "colline".
Le rafraîchissement de la fresque n’est pas seulement dû à une rénovation mais également à une amélioration des couleurs. "Les couleurs, c’est mon dada", complète Anita. Le pastel sera préféré aux tons plus sombres de l’original. La profondeur et le relief des formes en ressortent valorisés, donnant un aspect plus vivant à la scène.

"Qu’elle soit bénie !"

Les statues ont été refaites à l’arrière, où elles tombaient en miettes, comme le drapé des robes. Les colonnes furent briqués, poncés et vernis. Même les lumières inexistantes ont été rajoutées, comme la couronne illuminée de la vierge. Les croyants ont d’ailleurs du mal à se mettre en tête qu’il faudra se limiter à l’autel pour déposer dorénavant les fleurs, permettant une protection des murs contre l’humidité. Pour y remédier des fleurs synthétiques décoreront l’emplacement, entourant une fontaine d’eau que l’artiste mettra en place.
La fête de la Salette promet cette année d’être encore plus joyeuse grâce au toilettage réussi de la fresque. Alors, comme le disent si bien les fidèles à l’entrée de l’église, "merci à l’artiste pour ce travail, qu’elle soit bénie !"


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