Politique des déplacements

Balade et concertation autour du vélo

Sur les routes de l’Ouest samedi prochain, dans la foulée de la dernière rencontre à la Région entre élus, D.D.E. et cyclistes

17 avril 2003

Tous les cyclistes de l’Ouest et toutes les personnes intéressées par l’usage du vélo sont cordialement invités samedi matin à une rencontre mêlant balade et concertation sur les routes possessionnaises, portoises et saint-pauloises. La balade se fera sur les tracés de routes déjà habituellement empruntés par les cyclistes dans ces trois communes.
Ce sera notamment l’occasion de constater et de faire savoir qu’il existe déjà des itinéraires relativement sûrs pour la pratique du vélo dans cette micro-région. Seront également présents des représentants du Conseil régional, des trois communes concernées et de la DDE.
En effet, cette rencontre a également pour but de définir tous ensemble - partenaires de la politique vélo à La Réunion - ce qui pourrait ou devrait être fait dans l’immédiat afin d’améliorer la sécurité des cyclistes, tout en s’inscrivant dans un plan global sur le long terme.
Cette rencontre de travail est la première d’une série de rencontres du même type organisées au cours des mois à venir dans les autres régions de l’île après les échanges très positifs qui ont eu lieu le samedi 5 avril dernier à la Région. Rappelons qu’ils ont débouché sur la création d’un comité de concertation permanent entre les collectivités, l’État et les cyclistes, pour un usage plus sûr de la bicyclette.

Comité de concertation

C’est sur proposition du conseiller régional Raymond Lauret que ce comité de concertation a vu le jour avec le soutien du président de la Région, Paul Vergès. Les autres membres en sont François Nativel, président du Comité régional de cyclisme, Françoise Huot-Jeanmaire, présidente de la Ligue réunionnaise de triathlon, Daniel-Omer Hoarau, président de l’association Vélo Vie, Marie-Paule Fanchin, représentante des rollers, sans oublier Johnny Mézino, le "Monsieur Vélo" de la DDE.
« Nous nous sommes donné cinq mois de travail pour aboutir au résultat suivant : faire connaître aux usagers les sites déjà disponibles pour la pratique du vélo la plus sûre possible », affirme Raymond Lauret. « La Région est très sensibilisée aux déplacements à vélo comme au développement d’une politique multimodale de déplacements. La réalisation d’une piste cyclable en site propre tout autour de l’île prendra du temps. Alors, en attendant, valorisons, améliorons, sécurisons et… utilisons les itinéraires déjà existants ».

Rendez-vous

Il est effectivement important de réaliser tout de suite ce qui peut l’être pour sécuriser davantage les cyclistes. Car tous ceux qui agissent pour favoriser l’usage du vélo se posent la question : comment inciter les indécis, ceux qui ont peur des accidents et ceux qui n’ont pas confiance en eux à franchir le pas ?
Peut-être en leur démontrant qu’il existe déjà des circuits où la pratique du vélo est possible avec une grande sécurité. Et n’oublions pas que, plus nous serons nombreux à nous déplacer à vélo sur les routes, plus notre sécurité sera assurée. Une illustration de cette idée se fera ce samedi 19 avril dans la région Ouest.
Un premier regroupement aura lieu pour les Portois à 8 heures devant le stade Georges Lambrakis du Port. Les cyclistes se rendront ensuite au point de départ fixé devant la mairie de La Possession à 8 heures 30. Un circuit est prévu dans cette ville, puis l’ensemble des participants se dirigeront vers le rond-point de Tamatave, devant l’entrée de la zone portuaire Est. Après un passage dans la cité maritime, le convoi sera accueilli au rond-point de l’axe mixte côté Port par les cyclistes de Saint-Paul, qui les promèneront dans leur commune du côté du magnifique Tour des Roches.
Une bonne matinée de travail, de plaisir et de convivialité en perspective.

Lettre ouverte à Monsieur le ministre des Transports
Monsieur le Ministre, la colère des cyclistes était grande, voilà quelque trois semaines, suite aux décès - à 5 jours d’intervalle - de deux de nos camarades. L’un et l’autre ont trouvé la mort au guidon de leur vélo, parce qu’ils avaient un plaisir simple (il en existe encore !) : celui de pédaler sur un deux roues.

À une époque où l’on se mobilise depuis de longues années en métropole et en Europe pour que la pratique du vélo reprenne toute sa place, il semblerait que nous ne soyons ni Français, ni Européens ! Dans un monde où tout va vite, trop vite, où la vie se réduit trop souvent à la consommation immédiate, dans le plus grand égoïsme, où l’on préfère défendre ses avantages acquis plutôt que de construire demain et après demain ensemble, nous sommes inquiets.

En effet, le discours est là, coulant à flot de la bouche de toute femme, de tout homme sensés et responsables : lutte contre la pollution, prévention de la délinquance, actions visant à développer la prise de conscience citoyenne etc… Votre instruction du 31 octobre 2002 - relative à la prise en compte des cyclistes dans les aménagements de voirie - et la loi sur l’air du 30 décembre 1996 devraient nous rassurer. Mieux, elles nous donnent à rêver. Encore faudrait-il qu’elles soient respectées !

Les aménagements routiers sur notre île sont très spécifiques (…). Nous en sommes parfaitement conscients. Nous savons que tous nos souhaits, confrontés à la réalité du terrain local, seront difficilement exaucés. Certes, mais faut-il que nos rêves se transforment uniquement en cauchemars ?

Nombreux, très nombreux sont les cyclistes (loisirs, utilitaires, éducatifs, sportifs) qui ont rangé leurs machines à rêver. Ils sont traumatisés à l’idée de devoir partager la route avec des gens qui ne partagent pas : cette catégorie d’automobilistes qui croît aussi vite que le marché de l’automobile, qui croît, qui croît… (…)

Il y a urgence, Monsieur le Ministre, à intervenir pour que les usagers du vélo retrouvent leur place et puissent évoluer dans des voies réservées et sécurisées.
Il y a urgence, Monsieur le responsable de l’État, à intervenir pour que nos parents puissent oser éduquer leurs enfants à un mode de déplacement aussi simple et complètement adéquat qu’est la pratique du vélo.
Il y a urgence, Monsieur le représentant de tous les citoyens, à intervenir pour que les directives ministérielles soient appliquées sur tous les territoires français.

Le vélo est un outil formidable. Il est peu onéreux, demande un peu d’efforts (dans une société où nous ne savons plus en demander), ne pollue pas, se range facilement, c’est le moyen de déplacement idéal, pour nos jeunes, pour les sportifs, et pour tous les autres. (…)

Suite aux décès de nos amis, notre mobilisation a été à la hauteur de notre colère, de notre indignation, de notre "ras le bol", relayée par les médias. Il semblerait que nous ayons été entendus, et des commissions de travail se sont rapidement mises en place à la Région, en partenariat avec la DDE. Nous savons que des communes travaillent aussi, pour certaines depuis plusieurs années, pour que les cyclistes ne se transforment plus en vulgaires cibles mobiles, à chaque fois qu’ils enfourchent un vélo. Quelques résultats le montrent.

Toutefois, nous souhaitons avoir des garanties pour que tout le monde s’attèle sérieusement à la tâche, que faire du vélo ne soit plus un problème mais un plaisir, que la seule réponse à notre protection ne soit pas notre exclusion, purement et simplement, du paysage routier (réponse facile et peu onéreuse).

Nous aimerions que le slogan de la prévention et de la sécurité routière, cher à vos yeux comme aux nôtres - à savoir le partage de la route - ne soit pas réduit dans le temps à une semaine par an. C’est chaque jour que nous devons partager ! Encore faut-il que la route soit aménagée en conséquence. Et pour le moment, ce n’est pas le cas.
Un enfant de cours moyen vous expliquerait que partager 9 mètres en trois, pour que chacun ait ses 3 mètres respectifs, c’est possible, à condition qu’il n’y ait pas seulement 4 mètres au départ !

Aux élections, chaque citoyen bénéficie d’une voix pour s’exprimer, il serait bon que son expression soit prise en compte. L’an passé, ce sont 50.000 vélos qui ont été importés sur l’île, et moins de 18.000 voitures. Nous avons bien droit à quelques mètres supplémentaires !...

Nous souhaitons que tous les acteurs politiques (Région, Département, Communes) et que toutes les administrations prennent enfin leurs responsabilités et œuvrent ensemble pour que la loi soit respectée, qu’elle évolue en harmonie avec les spécificités locales (comme dans d’autres domaines), que tous les citoyens soient pris en compte.

Françoise Huot-Jeanmaire,

présidente de la Ligue Réunionnaise de Triathlon


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