À 20 heures 05 sur Tempo : ’Complément d’enquête’

Banlieues : le feu est-il éteint ?

14 mars 2006

Proposé par Benoît Duquesne. Préparé par Philippe Pécoul et Jean-Bernard Schmidt.

Quatre mois après les incidents qui ont enflammé les banlieues françaises, Complément d’enquête propose un numéro spécial. Aulnay-sous-Bois, Clichy, Sevran : nos équipes sont retournées sur les lieux et ont suivi pendant plusieurs semaines les acteurs et les témoins de ces violences. Après la ruée médiatique, quel bilan tirer aujourd’hui de ces évènements ? Où en sont les enquêtes sur les morts de Clichy ou de Stains ? Chômage, insécurité : pourquoi les élus sont-ils toujours aussi démunis malgré les promesses du gouvernement ? Que vivent vraiment aujourd’hui les habitants de ces cités ?

Cités : ma police va craquer . Une enquête d’Eric Colomer et Yann Moine.
Morts pour rien. Une enquête de Joël Bruandet et Zidene Berkous.
Un maire à tout faire . Une enquête d’Emmanuel Gagnier et Jean-Marc Noucqnoucq.
Emploi : la quête infernale . Une enquête de Christophe Widemann et Lionel Langlade.

À l’heure où le gouvernement fait feu de tous bois pour arriver à faire passer le CPE, il est bon de revenir sur le drame d’une jeunesse que personne n’écoute, qui est méprisée et à qui on ne reconnaît que le droit d’ânonner un oui à tout. Il semblerait que les responsables politiques et éducatifs aient le mal de leur jeunesse, ils n’ont pas encore compris qu’un jeune a des droits sur son avenir alors qu’eux, n’ont que le droit de préparer l’héritage du aux jeunes. Mais l’entêtement dont font preuve tous les responsables qui se succèdent dans les différents gouvernements à vouloir régenter l’avenir, alors qu’eux même sont encore dans le passé, provoque immanquablement l’étincelle qui met le feu aux poudres. Espérons que ce soir, dans ce numéro de "Complément d’enquête", on va réellement mettre la parole des jeunes au centre des discussions. Il est incroyable de constater, qu’à chaque fois que l’on débat sur des événements de cette importance, on oublie l’élément le plus récurrent du problème, la jeunesse elle même. De tous temps, les jeunes sont à la pointe du combat lorsqu’il s’agit de leur avenir, mais voilà, c’est toujours la même chose, on ne les écoute pas, parce qu’on met en avant le privilège de l’âge qui permet tous les actes liberticides.
Le problème des banlieues n’est pas un phénomène nouveau, il remonte à aussi loin que la naissance des villes et si l’on devait trouver un synonyme au mot "banlieue" ce serait la "marge" d’où le mot marginaliser qui amène immanquablement à "exclusion", mais méfiez vous, gens de biens, dans cette marge là, il y a toujours eu ceux qui ont fait nos révolutions. N’oublions pas que la révolution française est partie des faubourgs de Paris, ensuite ce fut la commune qui prit naissance sur les "Fortifs" (diminutif de fortification) et tous ces jolis noms, c’est ce que l’on appelle péjorativement désormais la "Banlieue" ! Alors, tous ces vastes mouvements qui, de François Villon le poète des misérables, en passant par Saint-Just qui reste encore le plus jeune élu de France et qui fit plier l’Autriche à l’âge de 24ans, et pour terminer tous ceux que l’on appelait les agitateurs en 1968, ont puisé dans le vivier extraordinaire qu’est la jeunesse des banlieues. N’ayons plus le mal de notre jeunesse, leur avenir dépend de l’écoute et de l’acceptation de leurs légitimes revendications, car c’est de cela dont il s’agit, de la légitimité à vouloir influer sur leur devenir et non de leur imposer une voie qu’ils n’ont pas choisi, avec des idées du passé.

PH. T.


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