Logement

Cent millions d’euros perdus en cinq ans

Le gel annoncé de la LBU inquiète la Fédération du Bâtiment

14 août 2003

La construction de logements - notamment de logements sociaux - représente une part importante de l’activité du Bâtiment à La Réunion. Mais depuis plusieurs années, les retards se sont accumulés, en dépit d’un bon niveau de programmation situé aux alentours de 5.000 logements sociaux, dont il se vérifie d’année en année qu’ils ne sont mis en chantier que un an, voire deux ou trois années plus tard. En même temps, le nombre des logements réellement mis en chantier ces dernières années n’a cessé de diminuer, pour des raisons que les professionnels ont tenté d’analyser lors de la Semaine du logement organisée en avril par l’ARMOS et la DDE.
Sur les cinq dernières années, la filière du BTP a perdu l’équivalent d’une LBU pleine - environ cent millions d’euros -, du fait des reports annuels. Cette situation a motivé le signal d’alerte que le président de la FRBTP, Jean-Marie Le Bourvellec, a envoyé au Premier ministre, sous forme d’un courrier dont une copie a été adressée à Gilles de Robien, ministre de l’Équipement et à Brigitte Girardin, ministre de l’Outre-Mer.
Cette initiative du syndicat patronal, en date du 24 juillet, a fait suite à l’assemblée plénière du Conseil départemental de l’habitat du 15 juillet au cours de laquelle le préfet de La Réunion, Gonthier Friederici, a confirmé la décision du gouvernement de "geler" environ 35% des crédits de la LBU destinée au financement du logement social. Sur les 110 millions prévus (reports compris), seuls 60 à 70 millions d’euros seraient réellement engagés pour des opérations, les crédits bloqués étant toutefois susceptibles d’être affectés en cas de forte reprise, dans la mesure où ils sont "gelés" et non purement et simplement annulés. La FRBTP veut croire qu’une décision d’annulation du gel, identique à celle prise en France par le ministre de l’Équipement, pourrait échoir à la ministre de l’Outre-mer. Encore faudrait-il que soient réunies les conditions d’une reprise des constructions.
Ce serait la tendance affichée lors d’une précédente réunion du Conseil départemental de l’habitat (CDH), en juin, qui a fait apparaître la capacité des opérateurs à consommer cette année la totalité de la LBU. À confirmer…
C’est aussi ce qui amène les professionnels du BTP à refuser le gel des crédits de cette même LBU pour l’année 2003. Le président de la FRBTP rappelle dans son courrier au Premier ministre que les besoins de La Réunion pour les trente prochaines années sont évalués par l’INSEE à un total de 250.000 à 260.000 logements supplémentaires - soit 9.000 à 10.000 logements nouveaux par an, dont cinq à six mille logements sociaux.
La Semaine du logement tenue en avril dernier à l’initiative de l’ARMOS et de la DDE a eu pour objectif de redynamiser les projets, en démystifiant autant que possible tout ce qui contribue à entretenir une certaine frilosité devant le logement social. « Le logement social fait peur », constate le secrétaire général de la FRBTP, Bernard Tillon, en évoquant, aux côtés des freins institutionnels ou procéduraux - les coûts d’aménagement du foncier, augmentés de 60% entre 1993 et 2002, la longueur des procédures, de plus en plus complexes et souvent ralenties par des recours de riverains - des facteurs plus subjectifs ou idéologiques de ralentissement des opérations : la frilosité de certains élus et le refus de la mixité sociale de la part de certains possédants, par exemple.
Ajoutés à la difficulté pour les opérateurs de disposer de foncier équipé, ces facteurs sont désignés par la FRBTP comme « largement responsables de la baisse de la production de logements sociaux, qui ne représente plus qu’un tiers de la production totale, ce qui a pour conséquence la croissance de l’habitat informel », relève Jean-Marie Le Bourvellec dans sa lettre à Jean-Pierre Raffarin.
Pour soutenir la construction des logements sociaux, le syndicat patronal du BTP préconise par ailleurs l’augmentation de la dotation de démarrage de l’établissement public foncier (EPFR), actuellement fixée à 11 millions d’euros, par une dotation complémentaire, hors LBU, tirée de la révision à mi-parcours du DOCUP.
Mais le principal point de friction entre le syndicat patronal du Bâtiment et le gouvernement porte sur le gel des 30 à 40 millions d’euros de crédits de la ligne budgétaire unique.


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus