Élevage bovin

Comme quoi, quand on veut, on peut !

70% d’acompte d’indemnisation pour les agriculteurs sinistrés en France avant fin septembre

10 septembre 2003

« Saisi par la commission nationale des calamités agricoles qui avait proposé un taux d’acompte d’indemnisation de 62%, Hervé Gaymard, ministre de l’Agriculture a décidé de porter ce taux à 70% pour répondre aux besoins des professionnels et des agriculteurs. Le versement interviendra avant fin septembre ».
Cette annonce du Ministère de l’Agriculture concernant l’aide aux agriculteurs de France victimes de la sécheresse va-t-elle également bénéficier aux éleveurs réunionnais, sinistrés par les fortes pluies de juin et le coup de froid de début août ?

« Saisi par la commission nationale des calamités agricoles qui avait proposé un taux d’acompte d’indemnisation de 62%, Hervé Gaymard, ministre de l’Agriculture a décidé de porter ce taux à 70% pour répondre aux besoins des professionnels et des agriculteurs. Le versement interviendra avant fin septembre ».
C’est en quelques lignes et dans ces termes que le Ministère de l’Agriculture a résumé l’aide qu’il compte apporter aux agriculteurs en France victimes de la sécheresse de ces derniers mois. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les choses n’ont pas traîné face à une catastrophe dont on na pas fini de mesurer véritablement l’ampleur.
Dans le même temps, à La Réunion, il a fallu que les éleveurs, principaux concernés par les fortes pluies de juin et le coup de froid de début août se manifestent pour assister un début de commencement de mobilisation des services concernés. C’est vers la Région, compétente pour le soutien au développement des filières agricoles animales, que les éleveurs se sont retournés. Au passage, certains responsables "oubliaient" que dans les cas de calamités et de catastrophe naturelle, si indemnisation il doit y avoir, c’est de l’État qu’elles doivent venir. Or, on n’a pas trop vu d’éleveurs ni de responsables mécontents devant les grilles de la DAF et de la préfecture.

Un secours de première urgence

Cela dit, ceux qui ont vu leurs pâturages grillés par le froid pendant que d’autres admiraient la neige, ceux qui doivent galérer pour récupérer du fourrage et effectuer des centaines de kilomètres pour se procurer de la mélasse et du complément nutritif, ceux qui voient leurs bêtes dépérir ont effectivement d’autres soucis que d’aller manifester à répétition en trompant d’adresse…
Quoi qu’il en soit, dès l’apparition des premiers signes de la catastrophe, le cri d’alarme lancé par des professionnels a été entendu à la pyramide inversée du Moufia puisque, avant même qu’un premier bilan quantifie les dégâts occasionnés et chiffre les pertes subies , une subvention exceptionnelle de 103.000 euros a été débloquée en urgence par la Région. Cela, pour permettre de parer au plus pressé, c’est-à-dire de permettre aux éleveurs sinistrés de pouvoir acheter du complément nutritif.

Mission à Paris, table-ronde à la Région

Dans un second temps, la Région a pris l’initiative d’organiser le déplacement d’une délégation de professionnels à Paris pour sensibiliser le Ministère de l’Agriculture sur la situation des éleveurs réunionnais. Et face aux conseillers du ministre, les représentants réunionnais de la profession ont constaté avec surprise que Paris n’était au courant de rien ! Manifestement certains relais locaux et parisiens - dont c’est le travail - n’avaient pas fonctionné comme ils devaient…
Quoi qu’il en soit, suite à ce déplacement, une nouvelle table-ronde fut organisée, toujours à la Région, en présence des représentants syndicaux, de l’État et des organisations professionnelles agricoles. Le tout sous la houlette du président Paul Vergès, qui a délaissé la séance de clôture du colloque sur la décentralisation à la Région pour participer à cette table-ronde.

L’État doit prendre ses responsabilités

De cette réunion, on peut tirer deux enseignements. D’abord, qu’avant toute chose, l’État doit prendre ses responsabilités en acceptant - ou pas - de classer en zones sinistrées les sites d’élevage concernés.
Mais pour cela, il faut des éléments, tangibles, un chiffrage des pertes, des éléments techniques qu’il appartient à l’Établissement départemental d’élevage (EDE, service de la Chambre d’agriculture) d’établir.
On verra alors si l’État apportera aux éleveurs réunionnais sinistrés le même soutien - et dans les mêmes délais - que celui annoncé par le ministre de l’Agriculture pour les éleveurs de France victimes d’une catastrophe naturelle.
En second lieu - et c’est sans doute là le plus important -, il apparaît que les aléas climatiques ont surtout mis en relief la fragilité de la filière. En clair, les fortes pluies, puis le froid - des problèmes conjoncturels - ont mis en avant un problème structurel.

Affermir la filière

Une nouvelle réunion est prévue ce vendredi, cette fois à Saint-Pierre, pour faire en même temps le point sur l’avancement du dossier relatif aux dégâts causés dans les exploitations, et surtout sur l’organisation de la filière et sa structuration.
Bref, il s’agit d’aborder un problème de fond, de remettre les choses à plat. Certes, personne n’a le pouvoir de faire la pluie et le beau temps, ni d’empêcher le froid de sévir. En revanche, la concertation pourrait permettre de voir comment repenser et affermir la filière afin qu’elle ne soit pas menacée au moindre aléa climatique.
Reste à savoir si le sens de la responsabilité et l’enjeu que constitue l’avenir de la filière bovine à La Réunion permettront d’aller au-delà de la polémique, de la querelle de chiffres et de poser les questions de fond. Afin de développer durablement l’élevage bovin dans notre pays.

Ne pas se tromper de colère…
C’est bien connu : "zanfan i plèr pa i gagn pa tété". Autant on comprend la légitime inquiétude des éleveurs durement touchés par les intempéries, autant la surenchère est vaine et ne fait qu’alimenter une polémique tout aussi vaine. On a pu entendre et lire que du côté de certaines organisations syndicales, on regrettait "le temps d’avant" où il suffisait de demander, même un peu fort au besoin, pour que l’argent tombe. Implicitement, cela veut dire : "zordi i done pi". La surenchère, c’est d’entendre réclamer plus vite que ça 600.000 euros, soit près de 4 millions de francs, sans qu’aucun bilan n’ait été établi ni les pertes chiffrées. Après tout, pourquoi 4, et pas 5 millions ? C’est aller un peu vite en besogne et oublier que, de son côté, sans attendre d’avoir les premiers éléments, la Région a débloqué 103.000 euros, soit près de 700.000 francs. Insinuer que "dann tan avan i gagné plus", c’est aussi ajouter une contre-vérité. Dans ce fameux "avan", les aides exceptionnelles - qui viennent, rappelons le, en plus de celles qui sont versées dans le cadre des aides à la filière - ne dépassaient pas les 800.000 francs… Il est bon parfois de rétablir certaines vérités.

L’urgence, c’est le montage des dossiers et l’intervention auprès des instances gouvernementales pour que les choses avancent rapidement. Et pour qu’au final, le Ministère de l’Agriculture fasse preuve au moins d’autant de rapidité et d’efficacité pour les éleveurs réunionnais que pour les agriculteurs de France.


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