Économie

« Construire une image de l’artisanat d’art réunionnais »

Une étude de l’O.D.R.

12 août 2003

Sous la signature de Sylvie Torit, l’Observatoire du Développement de La Réunion (O.D.R.) vient de publier une étude sur l’artisanat d’art dans notre pays. Il s’agit de la note d’information N° 50 de l’ODR (Juillet 2003). Elle contient une analyse de la situation dans le secteur et plusieurs pistes pour assurer son développement. On lira ci-après une synthèse de cette étude, réalisée par l’Observatoire.

L’artisanat d’art peut être considéré en véritable mutation depuis plusieurs années. Mais comme tout secteur récent, avec des interrogations récurrentes quant aux mesures à prendre pour accompagner son développement. L’Observatoire du Développement de La Réunion (ODR) propose à travers cette étude un diagnostic et quelques pistes de développement.
Ce travail constitue une approche essentiellement qualitative, appuyée notamment sur l’analyse d’entretiens menés auprès de quelques acteurs du secteur particulièrement impliqués.

Les caractéristiques des acteurs

Le secteur de l’artisanat d’art regroupe des acteurs variés, pour lesquels l’ODR a distingué principalement les caractéristiques suivantes :

les fournisseurs ; le coût élevé et peu concurrentiel d’exploitation des matériaux locaux conduit la majorité des artisans à importer une large partie des matières premières qu’ils utilisent.

les artisans ; près de 500 entreprises (formelles et informelles) exerçant dans le secteur de l’artisanat d’art sont recensées par la Chambre de Métiers en 2002. Du fait de leur nombre encore limité, la rivalité entre artisans reste contenue.

les clients ; deux types de clientèle peuvent être distingués, les clients locaux et les touristes de passage. Les premiers, très exigeants sur la qualité, ont une bonne image de l’artisanat d’art réunionnais et sont à la recherche de produits utilisant des matériaux propres à La Réunion ; les seconds ne connaissent pas les produits d’artisanat d’art locaux et n’associent pas d’image préconçue aux produits ; certains recherchent des produits représenter des débouchés pour des produits moins travaillés ont déclinés en plus grande série.

les distributeurs ; soit l’artisan vend directement ses produits (dans son atelier, sur des salons, des foires, des marchés...), soit il délègue la commercialisation de ses produits à un tiers (associations ou distributeurs à but lucratif).

les institutionnels ; le secteur de l’artisanat d’art bénéficie d’un soutien fort de la part des institutions, qui se traduit concrètement par la multiplication de projets dans ce domaine.

Les points forts du secteur…

L’analyse des entretiens menés par l’ODR auprès de plusieurs acteurs a permis de dégager quatre principaux points forts et points faibles du secteur de l’artisanat d’art.
Les points forts :

une image favorable ; l’artisanat d’art bénéficie d’une bonne notoriété auprès du public réunionnais.
- le dynamisme et la jeunesse des créateurs ; il existe à La Réunion un vivier de jeunes créateurs de talent, mieux formés que la moyenne des artisans, ou du moins prompts à se former, qui s’autorisent des approches innovantes.

un marché potentiel important et favorable au secteur ;

le soutien politique fort des institutionnels.

…et ses points faibles

Les quatre points faibles de l’artisanat d’art recensés par l’ODR sont les suivants :

un savoir-faire encore inégal pour une part des producteurs ; du fait de compétences techniques pauvres et de compétence en gestion mal exploitée ou inexistante, les produits vendus peuvent être de qualité insuffisante ou mal adaptés à la demande.

une certains passivité d’une majorité des artisans ; les actions de communication pour faire connaître les produits restent insuffisantes.

une sensibilité artistique parfois bloquante ; lorsque "l’artiste" prend trop le pas sur le "commerçant", il peut rester difficile de trouver des débouchés aux produits.

une filière insuffisamment organisée ; le manque de maturité du secteur est sans doute la plus grande explication aux carences d’organisation qui peuvent être constatées.

Les perspectives

Selon l’ODR, le développement du secteur pourrait s’appuyer sur trois aspects :

l’opportunité que représente un marché touristique et local en croissance ; entre 1998 et 2001, les dépenses touristiques consacrées aux cadeaux-souvenirs ont progressé de 22,1%.

l’apparition de nouveaux talents mieux formés ;

une ouverture sur l’extérieur.
Mais l’ODR note que ce développement devra tenir compte également de quatre autres éléments qui peuvent constituer des menaces :

la substitution par des produits d’importation ; les produits originaires de l’Asie et de Madagascar constituent une concurrence forte pour les produits locaux de l’artisanat d’art, en particulier ceux à vocation touristique.

la concurrence de l’activité informelle ; elle pourrait représenter jusqu’à une entreprise sur deux dans le secteur.

la rentabilité de certains métiers ; certains secteurs traditionnels ne sont pas économiquement viables.

l’insuffisante consolidation de la filière.

Quelques pistes de développement

Deux pistes de développement sont proposées par l’ODR pour favoriser la croissance du secteur de l’artisanat d’art :

accroître le savoir-faire des artisans ; il importe d’améliorer le savoir-faire des artisans installés pour aller vers des produits de meilleure qualité, présentant une démarche innovante et créative, dont le prix aujourd’hui plus élevé par rapport aux produits concurrents importés pourrait être mieux justifié.
En développant la technicité des artisans par des formations plus nombreuses et plus pointues, et en améliorant leur capacité de gestion (un prix élevé mais justifié, une communication élargie, une gamme de produits développée présentant des objets de qualité dotés d’une forte image locale, des points de vente multipliés et spécialisés en fonction du public), cet objectif pourrait être atteint.

structurer le marché ; cet objectif pourrait être approché si trois grandes actions étaient engagées :

- mutualiser les moyens,

- optimiser la rentabilité des entreprises existantes,

- enfin, construire une image de l’artisanat d’art réunionnais.


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