Social

Contre l’absence de dialogue social et la répression anti-syndicale

L’ensemble de la confédération CGTR appelle au rassemblement jeudi à Saint-Pierre

22 octobre 2003

Comme nous l’avons annoncé dans notre édition d’hier, un rassemblement est prévu demain matin à Saint-Pierre dès sept heures trente. Les communiqués qui nous sont parvenus ont été approfondis en conférence de presse hier matin. Pour le rassemblement de ce jeudi, la CGTR souhaite la présence unitaire de toutes les organisations et de tous les démocrates pour défendre le droit à une représentation syndicale active.

Yves Hamon (Union régionale Sud CGTR) ouvrait la conférence à laquelle assistaient les représentants de différentes fédérations de la CGTR : « Ce jeudi 23 octobre, quatre militants vont être traînés au tribunal comme des malfaiteurs sur des faits non avérés », « Ils sont accusés d’avoir agressé physiquement des salariés de Vogue à Saint-Pierre. C’était il y a trois ans », poursuit-il. « Aujourd’hui, les témoins sont revenus sur leurs déclarations, faux-témoignages dictés sous la pression de leur patron. La plupart a été licenciée ». « Trois autres camarades passeront devant le juge prochainement pour une autre affaire, toujours avec Vogue, qui s’est déroulée un 20 décembre », rappelle Yves Hamon. « La CGTR a un lourd contentieux avec Vogue. Les patrons parlent de terrorisme social, alors qu’il s’agit seulement de faire appliquer la loi ».

Phénomène de criminalisation

Les responsables de la CGTR énumèrent d’autres cas de répression anti-syndicale.
Lors du changement d’enseigne CKS-Weldom, deux délégués ont été licenciés. Lorsque Star Regency a connu une grève de dix jours, la section CGTR a été licenciée pour raison économique, l’enseigne est devenue Ambassadeurs. Quant à Vogue, l’entreprise, même si elle emploie plus de 140 personnes, elle n’a plus de syndicat. En quatre ans, plus d’une centaine de licenciements ont eu lieu. Il y a trois ans, aux Brasseries de Bourbon, toujours sur la base de faux-témoignages, des salariés ont été licenciés alors qu’ils avaient plus de 30 ans d’ancienneté. Le mois dernier, CKC Imprimerie évoque une restructuration pour licencier cinq personnes, dont le plus vieux de la boîte, délégué à la CGTR. Les responsables syndicaux évoquent aussi quatre licenciements à Casino La Ravine, dont un délégué CGTR.
Yves Hamon précise que ces cas ne sont « pas spécifiques à La Réunion, en France, aussi, cette pratique répressive augmente avec deux poids deux mesures selon les syndicats ».
Il constate « de plus en plus un phénomène de criminalisation de l’action syndicale, de plus en plus les responsables syndicaux sont traînés devant les tribunaux ». « Il faut alerter la presse », ajoute-t-il, « il existe une volonté délibérée de mettre la pression sur les salariés pour couper la tête du syndicat et décourager ceux qui veulent se battre pour la reconnaissance de leurs droits. Il y a donc une bagarre à mener pour défendre le droit syndical ». « On nous parle de partenaires sociaux et on nous traite en terroriste, en délinquant », regrette le syndicaliste.
Yves Hamon constate également une tendance qui est « de tout faire pour indemniser les salariés le plus tard possible, asphyxier l’individu et les organisations syndicales ». Il déplore aussi que « systématiquement les conseillers salariés CGTR [soient] récusés », et que « certains conseillers prud’hommes ne perçoivent pas leur salaire depuis plusieurs mois ».

« Conquérir des droits nouveaux »

Pour Yves Hamon, « le socle social, c’est le code du travail, le faire respecter serait déjà une grande chose ». Le syndicaliste ne compte pas rester sur la défensive et revendique la conquête « des droits nouveaux à coté de tous les droits existants qui ne sont pas respectés ». « La démocratie sociale n’existe pas, les règles existent mais ne sont pas respectées », estime-t-il. « Il faut se battre pour aller plus loin, soulever la question de la représentativité syndicale et des accords majoritaires. Un accord, pour être validé, doit être subordonné à la signature d’une ou plusieurs organisations syndicales majoritaires », a-t-il déclaré avant de conclure : « nous pouvons aussi réfléchir ensemble à une sécurité sociale professionnelle : un nouveau statut du salarié qui lui offre la garantie tout au long de sa vie d’avoir accès au travail, à la formation permanente pour un meilleur déroulement de carrière ».

Ivan Hoareau
Appel à une action unitaire rassemblant le monde syndical
Ivan Hoareau, secrétaire général de la CGTR, affirme que l’ensemble de la confédération apporte son soutien au rassemblement de demain devant le tribunal de Saint-Pierre à 7 heures 30. Il dénonce « la criminalisation du mouvement syndical favorisé par la politique du gouvernement qui pousse aux licenciements en assouplissant les règles ». Pour lui, « le RMA ouvre un boulevard à la politique de répression sociale ».

Il aimerait « obtenir de la Direction du Travail un véritable bilan du nombre et du pourcentage de salariés protégés licenciés et les causes de leur licenciement ». Il regrette qu’à La Réunion, dans « un climat plus propice à la répression syndicale à cause du chômage, certains employeurs ont une conception patrimoniale : l’entreprise, les hommes et les femmes qui y travaillent leur appartiennent ».

Pour le secrétaire général de la CGTR, « on ne peut pas parler de dialogue social, de monologue tout au plus ». Il souligne la nécessité d’unité d’action pour la manifestation de ce jeudi 23 octobre et souhaite que toutes les organisations se mobilisent pour la question de la répression. Il appelle à l’unité de toutes les syndicats mais aussi des démocrates.

Rappelant que les entreprises de moins de 11 travailleurs n’ont pas de représentation syndicale alors que ce groupe représente 46% des salariés, la CGTR réaffirme la nécessité d’une représentation collective des salariés dans les petites entreprises.


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