En près de 3 siècles, hommes et femmes, blancs et noirs, gouverneurs et esclaves, civils et militaires, laïcs et religieux, sommités et simples citoyens ont bâti et enrichi la renommée de La Réunion par leurs savoirs, leurs actions et souvent leur bravoure.
"Ti somin" est une série de 75 documentaires de 3 minutes consacrés aux personnages de La Réunion qui ont donné leurs noms à des rues ou à des bâtiments publics.
Le générique commence par un pétillement de bulles de champagne ou comme des gouttes de pluie qui tapotent sur les pavés, tant il vrai que la réalisation de "Ti somin" est une réussite pleine de fraîcheur.
"Longtemps, longtemps après que les poètes ont disparu, leurs chansons courent encore dans les rues", chantait le regretté Charles Trenet. Cela pourrait être le sous-titre de ce magasine. "Ti somin" c’est l’histoire des rues ; combien de fois vous êtes vous trouvés dans une rue, un lieu ou un chemin en vous demandant pourquoi on l’avait baptisé ainsi ?
Je me souviens un jour dans la banlieue toulousaine m’être arrêté devant une plaque de rue, c’était le "chemin des Lorettes", et j’ai cherché la raison de cette appellation. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque l’on m’a dit que ces fameuses "Lorettes" était le surnom donné au Moyen ge aux femmes de mauvaise vie, et qu’à l’origine, là où se trouvait ce chemin, les prostituées se réunissaient le soir.
Des anecdotes comme celle-ci sur le nom des rues il y en a des milliers. Souvenons-nous de la grande chanson de Barbara "Nantes", où celle-ci est pressée par des inconnus pour se rendre au chevet de son père qui meurt. Le refrain dit : "Madame soyez au rendez-vous 25 rue de la Grange au Loup, faites vite, il y a peu d’espoir, il a demandé à vous voir". À la suite de la mort de cette chanteuse, nombreux ont été les fans qui se sont précipités à cette adresse comme pour un pèlerinage. Ils en ont été pour leurs frais, car cette rue à Nantes n’existait pas. Si le père de Barbara est bien mort à Nantes, c’était à l’hôpital, et la chanteuse inventa cette adresse pour la rime. Résultat, le Conseil municipal de la ville de Nantes baptisa une rue "la Grange aux loups", mais elle ne comporte que 23 numéros.
C’est sans doute ce genre d’anecdotes et d’émotions qu’a tenté de nous restituer Marjorie Assani-Vignau et croyez-moi, elle y est parvenue avec brio. Il est à noter que la réalisatrice ne s’intéresse qu’aux noms des rues et chemins ayant un rapport avec l’histoire de La Réunion. C’est bien connu, ce sont les petites histoires qui font la grande.
Ce rendez-vous programmé chaque jour avant et après le Journal télévisé du soir, il ne faudra le manquer sous aucun prétexte. Il fera partie à n’en pas douter des petites douceurs télévisuelles que l’on déguste en famille. Si comme moi vous zappez pendant la tranche horaire que j’appelle "saucissonnage", il faudra changer vos habitudes. Vous savez, c’est ce petit moment avant ou après le journal où la Rédaction de Télé Réunion s’amuse à saucissonner les programmes pour passer plus de pub.
Il est vrai qu’il aurait été plus judicieux d’intégrer ces séquences pendant le J T, mais cela sera peut être pour une autre fois.
Pour une mise en bouche, je vous donne les 2 premiers volets de l’émission : Avant le JT du 15 janvier, il sera question de "La Buse" sous titré "le pirate pigeonné", après le Journal, le magasine reviendra sur l’origine du four à chaux (Le Four Péi).

Philippe Tesseron

http://www.espaceblog.fr/teletesseron/