À 21 heures sur Télé Réunion : ’Archipels’

’D’Outre-mer, Outre-tombe’

13 novembre 2006

Présentation : Elyas Akhoun. Réalisation : Gilles Elie dit Cosaque

Aujourd’hui, je vais vous sembler bien grave et vous parler de la mort. Passée la fête de tous les saints ainsi que celle des défunts, je ne pense pas qu’il soit déplacé de vous parler "D’Outre-mer, Outre-tombe". Il ne s’agit pas d’un film d’horreur mais plutôt de la vie si j’ose dire. Cette phrase, c’est le sous-titre de l’émission "Archipels" que vous pourrez voir ce soir sur le premier canal de RFO. Cela fait un petit moment que j’avais envie de vous parler d’"Archipels" qui depuis sa création en avril dernier propose son expertise et un regard décalé sur les sociétés d’Outre-mer. Cette émission présentée par Elias Akhoun est une des réussites en matière de création télévisuelle outre-mer.
J’ai eu la chance d’être présent aux Antilles lors d’une fête de la Toussaint et il faut vous dire que cela m’a laissé un souvenir impérissable. Je n’ai rien vu de comparable pour honorer les morts. La mort dans cette région du monde est partie prenante de la vie et qui a vu la nuit de la Toussaint depuis la colline de "Trenel Citron" les milliers de bougies allumées dans les cimetières, ne sort pas indemne de toutes réflexions. La mort aux Antilles c’est la prolongation de la vie et chacun, pendant la période où l’on commémore les ancêtres se presse pour aller rendre visite au cimetière comme si on allait à la case du défunt. Sur les tombes, on discute, on rigole, on parle de celui qui nous a quitté, mais, pour les Antillais le défunt est toujours présent comme une ombre qui accompagne notre destinée. Bien que la majorité des Antillais soit d’origine africaine, ce ne sont pas des rites d’Afrique qui gravitent autour de la mort. C’est vraiment étrange, mais les habitants de ces îles ont repris à leur compte les traditions amérindiennes alors qu’il y a bien longtemps que cette région n’est plus foulée par les Indiens, sauf en Dominique où il subsiste une réserve d’indiens Caraïbes.
Ce soir c’est tout cela que va nous raconter Hélias Akhoun. Franchement, je suis très enthousiaste à l’idée de cette émission et je pense que c’était le bon moment pour vous en parler. Il est vrai que l’ensemble de la série est particulièrement bien réussi, mais ce numéro a quelque chose en plus, une sorte de spiritualité bienveillante qui nous ramène à notre propre vie, à notre rapport à la mort et les Antillais nous donnent une leçon dans ce domaine. Alors pourquoi ne pas essayer de connaître ce qui vient de l’autre côté de la terre, d’autant plus que c’est la mémoire d’un peuple qui survit grâce à un autre peuple. Ne trouvez-vous pas extraordinaire que des Hommes aient pris pour coutumes d’honorer leurs morts comme le faisaient approximativement les anciens occupants de ces îles ? Ils perpétuent une mémoire qui ne devrait pas être la leur. Alors se pose la formidable question de la transmission, du passage de témoins d’humain à humain, la question de l’Homme unique qui aurait pour origine une seule et même mère, "La Terre" ! Il faut remercier le service public de nous donner l’occasion de voir de telles émissions. Comme quoi Monsieur François Bouquet-Gilli quand on veut on peut ! Une fois n’est pas coutume, ce n’est pas La Réunion qui est mise à l’honneur, mais qu’importe puisque l’esprit de ces traditions nous aide à voir clair en nous et en notre devenir. Je ne peux que vous recommander d’être pendu à votre téléviseur ce soir pour voir comme la tradition a du bon lorsqu’elle est au service de la mémoire.

Philippe Tesseron
http://www.espaceblog.fr/teletesseron/


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