Vie économique

De l’importance du statut de R.U.P. dans les évolutions du marché du sucre

Groupe sucrier Quartier Français

1er avril 2003

Dans les tensions politiques internationales actuelles et les perspectives de renégociation de l’OCM Sucre, le Groupe Quartier Français cherche à anticiper sur les décisions internationales et les bruits de couloirs annonçant pour 2006 une baisse du prix d’intervention de 5% à 10%, en lançant un programme d’investissement de 4 millions 200.000 euros destiné à augmenter la capacité de production de l’usine du Gol en sucres spéciaux. « Notre démarche est de nous rapprocher des consommateurs », a précisé hier Xavier Thiéblin en présentant la stratégie du groupe, à l’occasion de la parution du nouveau magazine d’information ’Quartier Français’.

Le numéro 26 de "Quartier Français" n’est plus la "lettre d’information" qu’il a été des n°1 à 25 mais un magazine d’informations dont le premier exemplaire, celui d’avril 2003, fait sa "Une" sur les sucres spéciaux, un domaine de production dans lequel le groupe va investir 4 millions 200.000 euros (plus de 27 millions de francs). Cet investissement vise à augmenter la capacité de production de l’usine du Gol en sucres spéciaux et va consister à refaire l’atelier de manutention des sucres, entre janvier et juillet 2003, et doubler la ligne de séchage en équipant l’usine d’un sécheur de grosse capacité, d’un troisième crible à sucre (pour aller à terme jusqu’à cinq) et de dix-sept nouveaux convoyeurs à sucre.

Un contexte en mutation

L’usine du Gol a produit en 2002 plus de 138.000 tonnes de sucres roux et blonds et sa capacité de production en sucres spéciaux a été de 20 tonnes par heure. Les prévisions pour 2003 portent sur une production de 65 tonnes par heure pour un total de 50.000 tonnes de sucres spéciaux. Ils sont destinés à la production de "sucres de bouche" répondant à un cahier des charges très précis, sanctionné par des normes ISO à tous les maillons de la chaîne (couleur, consistance, niveau de concentration, conditionnement et hygiène).

Dans les 250 millions d’euros de chiffre d’affaire réalisés en 2002 par Quartier Français, le sucre de canne et le rhum entrent pour plus de 80%. Dans la production du rhum, Quartier Français couvre 20% du marché français et affine sa démarche de développement des marques sur le marché métropolitain et européen, où est réalisé 70% du chiffre d’affaire du groupe, le reste provenant de Martinique et de La Réunion. Les médailles d’or et d’argent décernées en février 2003 aux marques La Mauny et Trois-Rivières pour leur rhum blanc 50% incite le groupe à améliorer la marque "Charrette" - rhum blanc et rhum vieux - pour continuer la percée faite l’année dernière sur le marché français (330.000 bouteilles en 2002).

Les autres aspects de la stratégie du groupe concernent les activités diversifiées qui, dans la filière sucre et rhum, sont le fait de la marque « Mascarin » qui, outre ses propres lignes de produits (chocolats, sirops…) a vu renouveler son contrat de distributeur exclusif des jus de fruits Joker. En résumé, le groupe repense son positionnement dans les mutations politiques et économiques actuelles, en tenant compte du fait que « La Réunion est le premier producteur de sucre de canne européen » et qu’à ce titre, elle ne peut que chercher à consolider cette place dans un contexte favorable au sucre de canne. Le sucre de betterave, qui représentait 40% du marché du sucre il y a vingt ans, sera bientôt à 25%, laissant une place grandissante à la canne à sucre.

L’importance du statut de RUP

À l’horizon de juin 2006, la décision de Bruxelles pourrait porter sur une réduction des quotas ou sur une baisse du prix d’intervention. Des bruits de couloirs parlent d’une baisse de 5% à 10% selon Xavier Thiéblin. Cette deuxième perspective est lourde de menaces pour les planteurs et les industriels, même si ces derniers ne sont pas « empêchés de dormir ». Ils comptent beaucoup sur le statut de RUP et le maintien sur l’essentiel du "299-2" dans la future Constitution européenne pour donner à l’Europe « un regard différent » sur l’économie sucrière de nos régions. « Plus on est RUP, plus on a de cohérence vis-à-vis de l’Europe pour demander le maintien d’un prix garanti », a estimé hier Xavier Thiéblin. Les industriels savent que « l’évolution la plus marquante se fera entre 2006 et 2013 » et, d’ici là, ils pensent pouvoir faire face en améliorant les « gains de productivité et les produits à forte valeur ajoutée ».

À l’international, le groupe Quartier Français a pris des parts dans une usine de Tanzanie qui devrait passer de 55.000 tonnes de sucre produites actuellement à 70.000 tonnes dans les cinq prochaines années. Cela permet au groupe de jouer sur les exportations dans les quotas des pays ACP et des PMA. Une équipe du CERF est actuellement en train de travailler là-bas sur les variétés de Tanzanie. D’autres projets lient le groupe avec Madagascar, où les quatre sucreries appartenant à la société d’État - SIRAMA - sont à la recherche d’une assistance de gestion.


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