Loi-programme

Des assises du développement durable ?

À situation particulière, solution spécifique et méthode originale

22 mars 2003

La Réunion est intégrée dans l’ensemble français, de par son statut de Département et de Région d’Outre-mer. La France ayant intégré l’ensemble européen, par voie de conséquence, La Réunion y est elle aussi - mais plus ou moins - intégrée. Et dans cet ensemble européen, elle a le statut de "Région ultra périphérique" (RUP). Enfin, La Réunion, géographiquement, est au cœur de l’océan Indien.
Des appartenances multiples qui constituent à la fois des atouts… et ne simplifient pas sa situation. De ce dernier point de vue, La Réunion est soumise à bon nombre de contradictions qu’elle doit gérer, non seulement elle seule, mais aussi avec ses partenaires.
La Réunion est certes un département français, mais avec une situation spécifique (forte croissance démographique, gros retards de développement…).
Elle est certes un D.O.M. mais il est différencié des trois autres (Guadeloupe, Martinique, Guyane) qui vont vers un statut d’assemblée unique.
Elle est certes une Région ultra périphérique de l’Union européenne, mais les rapports des autres RUP (en particulier Madère, les Açores et les Canaries) avec leur État central dont ils dépendent ne sont pas soumis aux mêmes règles, aux mêmes aides etc. que La Réunion.
Elle est bien une île du Sud-Ouest de l’océan Indien, mais elle n’a pas le même statut que Maurice, Madagascar, les Seychelles ou les Comores, avec lesquelles elle a constitué la Commission de l’océan Indien (C.O.I.).
Il y a également des similitudes : La Réunion, comme bien des pays riverains de l’océan Indien, est soumise à la poussée démographique. Par ailleurs, cette zone pourrait bien connaître des turbulences, des agitations, des conflits, des catastrophes, des famines... Et il n’est pas uniquement question, ici, de la guerre en Irak.

Quelle cohésion ?

Dans ces conditions - et plus que jamais -, il y a donc lieu pour La Réunion d’avoir une cohésion avec les membres des différents "cercles" : indocéanique, français, européen et ultrapériphérique.
Une cohésion nécessaire, essentielle, pour que la (les) fracture(s) sociale(s) non seulement ne s’accroissent pas, mais se résorbent.
Et c’est d’autant plus vrai pour la fracture existant au sein même de la société réunionnaise. En effet, des situations d’extrême inégalité perdurent depuis des décennies dans notre île. On en connaît les causes historiques. On en connaît les conséquences sociales, culturelles, sociologiques. Celles qui apparaissent aujourd’hui. Mais est-on sûr que demain, ces conséquences ne seront pas encore plus dramatiques, violentes, douloureuses ? On peut malheureusement le craindre. Et dès lors, que pouvons-nous faire ? Individuellement et collectivement ?

Fracture

L’objectif est clair mais les modalités de la mise en œuvre sont plutôt difficiles. Si le constat de l’élargissement de la fracture sociale est de plus en plus évoqué par des partenaires différents à La Réunion - qu’ils soient responsables associatifs, décideurs économiques, élus politiques -, les moyens pour résoudre cette fracture restent plus ou moins à déterminer ou à compléter. Et surtout : ensemble.
Peut-on, au sein même de La Réunion, continuer avec une telle fracture sociale ? Il n’est pas question de jeter la pierre sur telle ou telle catégorie professionnelle, de les stigmatiser, mais de prendre en compte une situation telle qu’elle est. Et à partir de là, peut-être devrait-on s’interroger, ensemble, sur les moyens à mettre en œuvre pour tenter de réduire le gouffre des inégalités.
Est-il normal qu’une partie de la population accède au travail, et qu’une autre - toute aussi importante, sinon plus - ne puisse y prétendre ?

Debout

Et pour y parvenir, le sénateur Paul Vergès précisait que la solution pouvait passer par « un nouveau contrat social, un projet fédérateur » rassemblant tous les Réunionnais et toutes les Réunionnaises.
« Nous sommes au début d’une longue marche commune », ajoutait-il. Aujourd’hui, il convient de faire le premier pas. Ainsi, dans l’avenir, « nous serons toujours debout, dans une Réunion développée ».
Comment la développer ? Une proposition a été faite : l’organisation d’Assises du développement durable. Assises qui élaboreraient un nouveau contrat social à passer entre les Réunionnais, d’une part ; et entre les Réunionnais et le gouvernement, d’autre part.

Le coût de l’absence de politique sociale
Une note publiée le 19 mars par l’Union européenne porte sur "le coût de l’absence de politique sociale" : « On comprend mieux aujourd’hui que le rôle de la politique sociale est bien plus vaste que ce qu’il était convenu de penser, qu’elle fait partie intégrante du développement dynamique des économies et des sociétés modernes et ouvertes, et qu’elle apporte des avantages cumulatifs au fil du temps ».

Pour les auteurs de la note, la politique sociale est « un facteur productif » et une économie performante, dynamique et moderne « doit reposer sur des fondations sociales solides et sur la justice sociale ».

Ils avancent quelques arguments : « Il est prouvé que la réforme du marché du travail et l’investissement dans la qualité de l’emploi sont indispensables pour faire accéder davantage de personnes à l’emploi et améliorer la productivité ».

Et de conclure : « Un lien dynamique entre la qualité et la quantité des emplois appelle des améliorations qualitatives. Elles sont à la fois un complément nécessaire aux mutations structurelles et à l’accroissement de la flexibilité du marché du travail, et une étape obligée pour la viabilité de l’amélioration des résultats de l’emploi ».


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