Social

Des droits véritables et nouveaux pour tous les chômeurs

Le Comité portois des chômeurs et mal logés en Assemblée générale.

7 août 2003

Le Comité portois des chômeurs et des mal logés a adopté hier en assemblée générale des propositions pour une refonte complète de l’indemnisation du chômage. De quoi donner des cauchemars au MEDEF et quelques soucis au gouvernement…

Le Comité des chômeurs et des mal logés de la commune du Port a tenu hier son assemblée générale, suivie de la réélection, à l’unanimité, du conseil d’administration et du bureau. Le Comité -qui accomplit au jour le jour des actes de refus de l’exclusion, à travers ses ateliers informatique et de fabrication artisanale, la distribution d’un repas quotidien aux sans domicile fixe et une aide alimentaire apportée aux familles les plus démunies- situe son action dans le refus catégorique de la précarité des emplois comme règle de vie sociale. Soulager la misère, d’accord ; replâtrer le système, pas question : c’est ce qui ressort du rapport sur la situation sociale présenté par Jean-Marc Sacanaby, qui a été reconduit à la vice-présidence, aux côtés de Maryse Dache, la présidente. Après un exposé sur la protection sociale et l’emploi, sur la politique du gouvernement vue comme une « attaque frontale et globale » et ses conséquences sur l’exclusion et sur les inégalités.
Le remplacement du RMI par le RMA (revenu minimum d’activité) est sévèrement jugé. « Le Comité considère que le RMA risque d’enfermer les allocataires dans des formes de sous-emploi… » en assimilant une fois de plus « insertion et salaires misérables », a résumé le vice-président après avoir décrit le contrat du RMA. Le Comité s’oppose à la vision du gouvernement et du MEDEF qui considèrent la protection sociale comme « un obstacle à l’emploi ». « Cette vision ne résiste ni à l’analyse ni à l’épreuve des faits », a ajouté Jean-Marc Sacanaby, en replaçant la protection sociale au cœur d’un système de solidarité, comme « principal outil de lutte contre les inégalités et la pauvreté ».
Le comité fait des propositions pour « construire un autre système d’indemnisation pour tous les privés d’emploi » - un système fondé sur le principe de la solidarité nationale et faisant de « la sécurité sociale professionnelle garantie de haut niveau » un système global intégrant l’assurance chômage.
Ces propositions découlent d’un constat de nette aggravation de la situation des demandeurs d’emploi à La Réunion, où « 3 chômeurs sur 10 sont indemnisés par le régime d’assurance chômage » ; parmi ceux qui restent, « 2 allocataires sur 3 touchent 610 euros par mois » ; et « avec les allocataires du régime de solidarité et RMI (remplacé par le RMA), ce sont moins de 6 chômeurs sur 10 qui touchent des allocations ».
Pour reconstruire un système plus solidaire, les responsables du Comité portois ont soumis à leurs adhérents un dispositif en sept points :
1- abandonner les notions de droits liés à la durée du travail ; ouvrir ainsi l’accès aux droits pour les précaires et en particulier pour les jeunes demandeurs d’emploi ;
2- supprimer les critères de durée d’indemnisation des allocations conduisant à l’exclusion ;
3- réintégrer les fonds sociaux dans les ASSEDIC ;
4- garantir un niveau décent de ressources sur la base de 80% du salaire brut d’activité, avec le SMIC comme garantie minimale, pendant toute la période de chômage ;
5- développer l’aide aux chômeurs en matière de recherche d’emploi et d’insertion ;
6 - renforcer les dispositifs d’aide ou d’accès à la formation ;
7- maintenir et généraliser le dispositif de congé solidarité.
Le but de l’association est de structurer son activité sur la base de ces propositions, d’animer un débat avec ses adhérents d’abord, l’ensemble des chômeurs ensuite et les autres organisations de lutte. « Un débat invitant à sortir du système existant », a conclu Maryse Dache, la présidente du Comité.

Combattre la précarité dans le chômage et dans le travail
82% des embauches à La Réunion se font sous contrat à durée déterminée (CDD)
La précarité des emplois a explosé dans les années 90.
À La Réunion, près de 40% de la population active est au chômage, notamment les jeunes de 15 à 24 ans.
Plus de 30% des travailleurs ont moins de deux ans de présence dans leur dernière entreprise.
2/3 des jeunes de moins de 25 ans n’ont aucun droit et ne touchent aucune indemnité.
Plus de 50% des femmes au chômage ne sont pas indemnisées.
Les handicapés sont doublement touchés, car leur handicap les écarte du travail et aujourd’hui, l’allocation versée ne leur donne guère plus que le RMI pour vivre.

Les précaires sont exclus de l’indemnisation du chômage
Le chômeur doit justifier un temps de cotisation minimum de 6 mois dans les 22 derniers mois pour être indemnisé.
Les jeunes sortant de l’école ou de l’université sont exclus de ce droit.
Les salariés de plus de 50 ans privés d’emploi subissent une baisse de leur niveau d’indemnisation et de la durée de celle-ci du fait de la nouvelle couverture 2003-2005, alors qu’ils ont contribué largement à produire les richesses de notre société.

source : CCMLCP

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