Économie

Des incidences à La Réunion

Baisse de la croissance et déficit budgétaire confirmés

10 avril 2003

Le "Journal Officiel" du 15 mars a publié un décret annonçant l’annulation de plusieurs crédits ministériels dont un peu plus de 74 millions d’euros pour le ministère de l’Outre-mer. Dans un communiqué daté du 1er avril, la rue Oudinot apportait « un certain nombre de précisions » et indiquait que, pour l’année en cours, le ministère disposait « de la ressource nécessaire à la mise en œuvre de la politique présentée au Parlement lors du vote du budget ». Mme Girardin expliquait que les annulations de crédits étaient « plus que compensées par des reports de crédits de l’année 2002 ». « Au total, c’est près de 118 millions d’euros de crédits reportés sur les chapitres emploi, logement et investissement qui viennent alimenter le budget 2003, soit un montant supérieur de 40% aux annulations de crédits », précisait la ministre.

Dans notre édition du 4 avril, commentant les précisions apportées par la rue Oudinot nous faisions deux remarques.
« Le budget du ministère de l’Outre-mer n’est pas, à lui seul, indicatif de l’effort de l’État vers les DOM et les TOM », écrivions-nous. Nous rappelions que « le décret du 15 mars ampute certains ministères - et non des moindres - de parts importantes de leurs crédits ». « Quelles en seront les incidences pour l’outre-mer ? », interrogions-nous.
En deuxième lieu nous notions que « rien n’indique que les annulations de crédits de mars ne sont pas les premières d’une série ». Les faits semblent nous donner raison.

Revenant d’une mission à Paris, le président de la FDSEA (Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles) se montrait pessimiste quant à l’avenir de l’ODEADOM (Office de développement économique et agricole des départements d’outre-mer). « Pour des raisons budgétaires, le gouvernement envisage aujourd’hui de fusionner divers organismes, ce qui pourrait amener l’ODEADOM à disparaître. Son budget 2003 a déjà fait l’objet d’une baisse de l’ordre de 40%, ce qui a eu pour conséquence de réduire ses engagements financiers vis-à-vis de certaines structures réunionnaises », expliquait Jean-Bernard Hoarau.
Nous pourrions multiplier les exemples montrant les conséquences néfastes pour La Réunion de la baisse générale des crédits ministériels.
La plupart des observateurs font remarquer que c’est pour la première depuis longtemps qu’un gouvernement se trouve obligé de revoir à la baisse les crédits de ses ministères dès le premier trimestre. D’ordinaire, ce genre d’opération a lieu au cours du deuxième semestre, souvent lors du dernier trimestre.
Or, les prévisions sont de plus en plus pessimistes.
C’est ainsi que la Commission de Bruxelles vient de faire connaître ses prévisions de croissance pour 2003 dans la zone euro, c’est-à-dire la France comprise. L’instance européenne a revu à la baisse sa prévision de croissance la fixant à 1% contre 1,8%. Elle table aussi sur une augmentation des déficits publics dans les principaux pays de la zone. Selon la Commission, « la situation pourrait être pire » si « la guerre en Irak dure plus longtemps que prévu ».

De son côté, Alain Lambert, ministre délégué au Budget, a admis que le déficit public de la France pourrait représenter cette année entre 3,4% et 3,6%, c’est-à-dire dépasser les 3% imposés par les contraintes européennes.
Face donc au dérapage du déficit au-delà de la limite fixée par Maastricht, M. Lambert s’est engagé à maîtriser les dépenses publiques. « Nous tiendrons la dépense. Je vous assure bien que je ferai tout ce qui sera en mon pouvoir pour qu’il ne soit pas dépensé un euro de plus en 2003 qu’il n’a été autorisé par le parlement. On peut très bien vivre avec le même montant que l’année précédente », a déclaré le ministre français.
Lors d’un débat à l’Assemblée Nationale qui a eu lieu avant-hier, Alain Lambert a montré du doigt le poids excessif de la dépense publique qui n’est pas, selon lui, « légitime ». « La France consacre, selon les chiffres de l’OCDE, près de 54% du PIB (Produit intérieur brut) à la dépense publique. C’est 12 points de PIB de plus que la moyenne de l’OCDE, c’est 6 points de plus que la moyenne de l’Union européenne ». « Il n’est pas, je le dis du haut de cette tribune au nom du gouvernement, légitime de dépenser autant », a-t-il déploré avant d’inviter à faire des « économies ».
Le ministre a indiqué quelles sont les sources possibles d’économies : « les abandons de missions inutiles » au sein des ministères, la vente de biens immobiliers de l’État et, surtout, les emplois publics. « Mettons à profit l’occasion historique que nous offre la pyramide des âges dans la Fonction publique pour mettre en œuvre des réformes », a-t-il déclaré.

Cette "chasse au gaspi" aura immanquablement des incidences dans la politique menée par le gouvernement à La Réunion. Nous le saurons bientôt.


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