Culture et identité

Des photos pour questionner la société réunionnaise

Exposition à Stella

5 avril 2003

Ce samedi 5 avril aura lieu, à 18 heures, le vernissage de l’exposition "Photos d’hier, Regards d’aujourd’hui / Mémwar mounwar" à Stella Matutina. Lors de la conférence de presse de mercredi, Hugues Payet, le président de la SEM Réunion Muséo, confiait que les centaines de photographies présentées lui rappellent « le temps de ses douze ans », et il se félicitait que Stella Matutina « montre à nouveau une exposition directement liée à la culture réunionnaise », telle que le prescrit sa mission.

140 années de photographies réunionnaises

Le commissaire général de l’exposition, Gilles Gérard, note qu’il s’agit « d’une reprise de la toute première exposition temporaire du musée (il y a douze ans maintenant) présentant le patrimoine iconographique de 1860 à 1960. Cette reprise est complétée et enrichie par le patrimoine iconographique du musée pour couvrir la période 1860 à 2000. Ainsi "Photos d’hier, regards d’aujourd’hui" a pour ambition de mettre en valeur une nouvelle sélection de photographies anciennes. Si certaines photographies sont l’œuvre d’anonymes, la plupart peuvent cependant être rattachées à l’Histoire de la photographie réunionnaise. D’Alexandre Viot au début du 20ème siècle à André Blay ou Jean Albany dans les années 40 puis à Hervé Douris ou Karl Kugel, près d’une trentaine de photographes évoquent les réalités réunionnaises. Leurs œuvres constituent un élément précieux de la mémoire créole ».
En choisissant ce thème, le musée porte ainsi un regard sur l’évolution de la société réunionnaise à travers ces clichés, un regard également sur l’âme créole. Pour rendre accessible au grand public la richesse du fonds photographique de Stella, un catalogue est édité, couvrant toute cette période et mettant en avant les thèmes de l’exposition : "La Réunion, une île", "Une société qui pose", "Au jour le jour", "Rites et croyances", "I fo travay pou...", "Des hauts et des bas", "Ti somin gran somin", "Bisik la monté, volkan la pété".
Une exposition tellement dense qu’on a du mal à la présenter tout entière, puisque s’y mêle aussi du texte : remarques, proverbes ou analyses.

Une exposition qui se regarde des pieds à la tête

Par cette exposition, le musée affirme sa continuité scientifique et culturelle, en signant une nouvelle fois son accroche "l’âme créole". Stella Matutina n’est pas seulement un musée, mais un lieu de vie, ancrée dans l’Histoire. Aussi Gilles Gérard annonçait avec enthousiasme la présentation dans cette exposition de huit agrandissements de photographies extraites de "Visages de l’usine" : « Ces photos d’anciens travailleurs, de quatre mètres par trois mètres, font le lien entre hier et aujourd’hui. Certaines personnes sont décédées. Les photos sont une partie de la richesse photographique de La Réunion. Nous invitons les gens à porter un regard d’aujourd’hui sur La Réunion d’hier. Nous nous sommes posé la problématique de la continuité ou de la rupture dans la société réunionnaise ».
Il ajoutait que cette exposition est à voir « des pieds à la tête », attirant l’attention sur la continuité du port de la coiffe : qu’il s’agisse de chapeaux pour l’époque des gramoun et de casquettes pour les jeunes d’aujourd’hui, c’est pour lui le même accès à la dignité qui est recherché.
Il soulignait aussi l’importance accordée aux chaussures, dans une société où il était interdit aux esclaves de porter des souliers. Ce ne sont là que des remarques anecdotiques, mais qui donnent envie d’aller voyager dans le temps pour se reconnaître.


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