Emploi

Des ’tensions’ différentes en fonction des secteurs

Le marché du travail analysé par la D.D.T.E.F.P.

7 avril 2003

Intitulée "Les tensions sur le marché du travail à La Réunion -1998/2001", l’étude publiée en décembre dernier par la D.D.T.E.F.P. (Direction départementale du travail, de l’emploi et de la formation professionnelle) veut être « une approche statistique visant à repérer les métiers qui, plus que d’autres, semblent présenter un rapport offres et demandes d’emploi propice à l’apparition de difficultés de recrutement ».
Le document précise : « Ce constat reste tributaire des limites des sources utilisées, sachant en particulier que les offres enregistrées par l’ANPE ne représentent qu’une partie des déclarations préalables à l’embauche, hors intérim, comptabilisées par l’URSSAF, avec des taux de couverture variables suivant les métiers. D’autre part, les données "Emploi" sont issues de l’exploitation du recensement de la population de mars 1999 (les enquêtes "Emploi" menées à La Réunion ne permettent pas d’obtenir des statistiques par familles professionnelles) ».
Cette précaution étant prise, la D.D.T.E.F.P. estime que les "tensions" sur le marché du travail sont assez différentes en fonction des secteurs professionnels.

Déséquilibre

La D.D.T.E.F.P. note que le déséquilibre entre offres et demandes d’emploi a augmenté au cours de ces quatre dernières années. « La tension sur la demande culmine en 2000 avant de connaître une légère décrue en 2001. En 2001, il y avait une offre d’emploi pour trois demandes déposées à l’ANPE ».
Pour la Direction du travail, les domaines professionnels les plus sensibles en 2001 ont été : la santé, l’action sociale, culturelle et sportive, l’agriculture, la pêche marine, l’industrie de process, l’hôtellerie, la restauration, l’alimentation et les services aux particuliers.
En revanche, elle note que dans cinq domaines, l’indicateur de tension est moins élevé. Il s’agit de "l’électricité, l’électronique", la "gestion, administration", les "industries légères", la "mécanique, travail des métaux", le "tourisme et transport".

Un nombre d’offres en hausse
La D.D.T.E.F.P. note que le nombre d’offres d’emploi est en hausse, et cette hausse est différenciée en fonction des secteurs d’activité. Ces "familles professionnelles" qui ont donc connu la plus forte augmentation d’offres d’emploi, sur la période 1998/2001 sont l’hôtellerie, la restauration, l’alimentation avec une hausse de .... 95% ! Suivent les secteurs du tourisme et des transports (+46%), de la mécanique, du travail des métaux (+44%), de l’informatique (+40%).
Une précarité qui augmente
La D.D.T.E.F.P. souligne que la part des offres d’emploi CDI et CDD de plus de 6 mois diminue entre 1998 et 2001. La baisse est particulièrement sensible au sein des familles professionnelles suivantes : ingénieurs et cadres de l’industrie (- 9%), industries légères (- 13%), santé, action sociale, culturelle et sportive (- 22%) ; enseignement, formation (- 24%), banques et assurances (- 25%), communication, information, spectacle (- 29%), hôtellerie, restauration, alimentation (- 43%).
Des offres qui évoluent différemment...
Pour la D.D.T.E.F.P., en 2001, 77% de l’emploi est concentré sur 6 familles professionnelles : les services aux particuliers, le commerce, la santé - action sociale, culturelle et sportive, le BTP, la gestion-administration, le tourisme-transport. Elle précise qu’au cours de ces quatre dernières années, les tensions se réduisent pour la famille professionnelle "santé, action sociale, culturelle et sportive". Elles augmentent en ce qui concerne les familles "gestion, administration" et "services aux particuliers". Les trois autres familles professionnelles suivent la tendance générale (augmentation en 1999 et 2000, diminution en 2001). Parmi ces six familles professionnelles, la famille "service aux particuliers" enregistre la plus faible part de CDD et de CDI de plus de six mois. Cette part a tendance à diminuer pour les familles "santé, action sociale, culturelle et sportive" et "commerce".
Une demande qui se modifie ?
La D.D.T.E.F.P. explique que le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie 1 n’a cessé de baisser depuis 1998. Mais les catégories 2 et 3 (qui regroupent des demandeurs à la recherche d’un emploi à temps partiel ou un emploi à durée déterminée, temporaire ou saisonnier) voient leurs effectifs augmenter (+84,6%). Et de conclure : « malgré la décrue observée en 2001, les demandeurs d’emploi des catégories 1, 2 et 3 confondues restent plus nombreux qu’en 1998 ».
Quelques questions
• Lorsque la D.D.T.E.F.P. note que « les catégories 2 et 3 (qui regroupent des demandeurs à la recherche d’un emploi à temps partiel ou un emploi à durée déterminée, temporaire ou saisonnier) voient leurs effectifs augmenter (+84,6%) », on ne peut que se demander si cela correspond à une réelle volonté du (ou de la) demandeur d’emploi ou à une stratégie opérée par celui-ci (ou celle-ci), qui sait que ces "chances" sont plus grandes d’avoir satisfaction en demandant un contrat "moins précaire". Rien n’indique, dans le document de la D.D.T.E.F.P., que cela soit un choix volontaire, et rien n’indique non plus que cela ne correspond pas à une "stratégie". Une étude beaucoup plus fine permettrait de connaître réellement les motivations des demandeurs d’emploi qui souhaitent un CDD, un emploi saisonnier ou précaire.
• Cette étude de la D.D.T.E.F.P., comme d’autres études, réalisées par le CESR, l’ANPE, les ASSEDIC, l’INSEE, l’ODR etc..., toutes tournant autour de l’emploi, sont autant d’indicateurs pertinents. Mais sont-elles mises en perspective, les unes par rapport aux autres ? Il semble bien que non. Dès lors, tous les constats réalisés, les préconisations faites, restent lettre morte. Il est bien évident que chacun "travaille pour sa chapelle". Ces "logiques institutionnelles" (peut-être pas pour le CESR), ne pourraient-elles pas être infléchies ? Et cette instance ne pourrait-elle pas être une "conférence permanente pour l’emploi" ?
Une ancienne "nouvelle" idée : la fusion C.E.S./C.E.C.
Après sa conférence pour l’emploi, le 18 mars dernier, le gouvernement a envisagé de fusionner les CES (contrats emploi solidarité) et les CEC (contrats emploi consolidé). Cette idée n’est pas nouvelle. Dans notre édition du 21 mars, nous écrivions que le Centre d’Études de l’Emploi posait la question suivante en mai 2002 dans sa publication intitulée "Quatre pages" : « Vers une unification des contrats emploi solidarité et des contrats emploi consolidé ? ».

Cette idée est donc reprise par le gouvernement et proposée par le CESR, afin de « donner davantage de souplesse » et « une plus grande efficacité » au dispositif. Mais, contrairement au gouvernement, le CESR propose de « redéfinir le contrat et ses objectifs, ainsi que les missions du salarié concerné ».

Et une préconisation du CESR pourrait être appliquée... car elle s’inscrit dans le cadre fixé par le gouvernement. François Fillon prévoyait que : « Les paramètres de ce contrat (durée, nombre d’heures, actions d’accompagnement et de formation) seront définis localement, en fonction de la situation de la personne et du parcours d’insertion qui sera mis en place, et non à Paris en fonction des chiffres du chômage ». On peut donc supposer que la proposition du CESR de « permettre une durée plus longue comprenant une période de formation obligatoire et rémunérée » pourrait s’appliquer. Il évoque une durée minimale de 800 heures de formation pour toute la durée du contrat, avec le souhait de voir s’appliquer le principe d’une formation en alternance.

Le ministre précisait aussi que « l’aide de l’État aux employeurs devra se justifier par la qualité des actions d’accompagnement mises en œuvre et les perspectives d’insertion dans l’emploi à l’issue du contrat ». Cela reprendrait une partie des préconisations du CESR (suivi personnalisé, parrainage). À la différence - notable - que d’un côté, l’État lie l’aide accordée aux entreprises aux efforts qu’elles fournissent et que, de l’autre, le CESR en fait un principe incontournable...


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus