Le singulier pluriel d’une région

Tout comme l’année dernière, je vous recommanderai cette émission de divertissement. Plutôt que vous plonger dans un des ces “reality shows”, qui font les grandes heures des télés privées, pourquoi ne pas vivre l’aventure de manière utile ? Alors la maxime "ne pas bronzer idiot" prendra tout sons sens. Certes, ce n’est pas depuis ce mardi 25 juillet 2006 que Tempo diffuse cette émission sur son canal. Comme tous les ans, avec l’arrivée des vacances métropolitaines, le second canal de RFO nous fait profiter de ces programmes qui font les grandes heures de l’été des “zoreils”. Mais comme l’on ne parle bien que de ce que l’on connaît, j’ai attendu “ce” numéro de la “Carte aux trésors” pour vous engager à suivre aux travers de paysages grandioses l’aventure de 2 candidats à la recherche de trésors.
Vous avez remarqué que le titre est au pluriel. Habituellement on recherche un trésor, là, France Télévision, dans sa grande générosité, en propose plusieurs, du moins c’est ce l’on pourrait croire. C’est là que j’en viens au pluriel des trésors de cette région et au singulier de cette Occitanie qui fut par le passé tout comme l’Est le Liban actuellement, soumise en coupe réglée à une guerre de religion, prétexte à des massacres innommables. L’histoire se répète et pourtant on aimerait que cela cesse. Mais revenons à nos trésors occitans et à cette région que nous propose de visiter les réalisateurs de l’émission. De l’Aubrac à la vallée du Lot, le périple est court et long à la fois, mais une chose est certaine, c’est qu’il n’est pas complet.
Deux heures pour explorer la plus grande étendue du territoire hexagonal qu’est l’Occitanie relève de la gageure. Pour resituer l’histoire et comprendre à quel point cette région est riche en épopées historiques, il est bon de rappeler qu’alors que Paris n’était qu’un petit village insalubre, la Cour des Contes de Toulouse rayonnait partout. L’université de cette ville et celle de Montpellier rassemblaient l’ensemble du savoir depuis l’Espagne en passant par l’Italie et par les îles anglo-normandes. De quoi faire quelques envieux. C’est là que l’on se pose des questions sur les véritables raisons d’un conflit qui naît d’une querelle religieuse.

"C’est la mort toujours, la mort recommencée !"

Beaucoup de discours pour une simple émission de divertissement me direz-vous ? Eh bien non ! Il n’y aura jamais assez de papiers noircis pour dire que les hommes sont fous, il n’y aura jamais assez de prétextes pour stigmatiser l’obscurantisme, et si je me sers comme d’une arme de cette émission de divertissement qu’est “La carte aux trésors”, c’est que l’heure est quelque peu grave, et ce soir je considérerai l’hélicoptère qui survolera les monts d’Aubrac et qui verra les candidats remonter le cours de l’histoire comme une colombe, comme un message qui dirait en quelque sorte : "Aucun territoire, aucune richesse, aucune religion ne mérite que l’on tue des innocents !".
Ce que l’hélicoptère de cette émission de divertissement survolera ce soir c’est un territoire qui a connu pendant un siècle le même sort que le Moyen-Orient. À la place des Katouchka et des missiles sol-sol aujourd’hui, un Pape à l’époque y a fait allumer des bûchers pour que des milliers d’hommes s’y consument avec leurs rêves, leurs espoirs et leurs désirs de grandir dans leurs croyances et superstitions. Mais voilà, quand un pays s’enrichit de toutes ses différences, il y a toujours des jaloux qui, plutôt que de s’inspirer des idées dispensées dans cette société qui grandit harmonieusement, préfèrent la déstabiliser parce que trop médiocres pour tenter l’aventure humaine et émancipatrice.
C’est cela l’obscurantisme ! Pour poursuivre dans l’exemple que je puise dans cette terre occitane, il est bon de rappeler qu’avant que des hordes françaises ne s’abattent sur cette terre bénie des dieux, tous vivaient en paix, glorifiant l’amour courtois pour certains, pour d’autres se consacrant à leurs différentes religions. Dans des villes comme la capitale Occitane (Toulouse), on y voyait des Juifs se livrer à leurs commerces dans la rue des Lois, les Arabes occuper le quartier Arnaud Bernard, les chrétiens se presser pour faire leurs dévotions à Saint Sernin, et du côté du château, les troubadours déclamer leur amour à de gentes dames qui quelque fois partageaient d’autres couches.
Tout ceci faisait que le pays s’enrichissait de cultures, mais aussi d’or et d’argent. Mais la convoitise n’est jamais loin, et bien souvent, de l’intérieur, l’ennemi rôde, et sous des prétextes fallacieux, va chercher ailleurs les armes pour imposer son intolérable intégrisme. Vous ne verrez pas tout cela dans l’émission de ce soir, mais vous survolerez une terre qui a été le Liban du 12ème et 13ème siècle. Aussi, cette chronique aura servi de prétexte pour une modeste contribution, car une image me vient en ces temps troubles. "C’est la mort toujours, la mort recommencée !".

Philippe Tesseron
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