Environnement

Du bois dont on fait le développement durable

Les orientations forestières de La Réunion

10 mai 2003

S’il est un domaine qui dépasse largement l’échelle d’une vie humaine, c’est bien celui de la forêt. Pour autant, si l’être humain a été le principal prédateur du couvert forestier de l’île depuis son occupation il y a plus de trois siècles, s’il a réduit à néant toutes les forêts sèches du littoral, il n’est pas trop tard pour sauver ce qui reste des forêts des Hauts. Après tout, malgré la capacité de nuisance de l’être humain, il reste encore 60% de la surface du pays qui présente un caractère forestier.
Les orientations forestières de l’ONF (Office national des forêts) à La Réunion constituent un document de référence et de programmation sur quinze ans. Ces orientations régionales forestières (ORF) fixent les objectifs et les actions à mener pour la gestion des forêts publiques et privées, en prenant en compte le développement des entreprises du bois.
Cet aspect n’est pas négligeable. En effet, même si l’autosuffisance dans ce domaine n’est pas possible, il n’en demeure pas moins que le marché du bois représente 2.000 emplois pour un chiffre d’affaires de 100 millions d’euros. Ce qui est loin d’être négligeable sur le plan économique et social.
Le mérite de ces ORF est d’avoir permis à tous les acteurs concernés de près ou de loin par la question de pouvoir se rencontrer, de se connaître et de savoir qui fait quoi. Au final, après de nombreuses réunions de travail, ce document a été approuvé par le ministère de l’Agriculture à la fin de l’année dernière. Il est le fruit d’une concertation et d’un partenariat entre une cinquantaine d’organismes et près de 400 personnes.

Pour une gestion durable de nos forêts

Établi entre 2000 et 2002, le document final dresse un état des lieux de la forêt réunionnaise dans son ensemble en 2002, avec comme objectif la gestion durable de nos forêts. Ainsi, pour le milieu naturel qui n’a pas encore subi de dégradation, l’objectif poursuivi est de mettre en place un suivi scientifique, d’éduquer le public et de conserver le milieu indigène. En quelque sorte, intervenir à bon escient et maintenir en l’état.
Pour les milieux victimes de pestes végétales et envahissantes, le but à poursuivre est d’éliminer ces pestes végétales - un programme est en cours pour faire le point sur les méthodes les plus efficaces et les moins nocives pour l’environnement - et de reconstituer autant que faire se peut le milieu naturel.
Une des richesses de nos forêts est constituée par les tamarinaies. Dans les zones où les tamarins des Hauts ne sont pas étouffés pas d’autres espèces - notamment par les pestes végétales (raisin marron, bringellier, troënes…) -, l’objectif demeure une surveillance constante et le maintien en l’état. En revanche, dans de nombreuses zones où les tamarins sont victimes d’espèces envahissantes et empêchent toute régénération de la forêt, l’intervention humaine est nécessaire pour l’enlèvement des espèces exotiques "parasites", avec si nécessaire un "coup de pouce" à la régénération. De même, le tamarin étant un bois d’œuvre à très forte valeur à la fois patrimoniale, culturelle et commerciale, les premières coupes, initialement prévues à partir de 80 ans, pourraient être reculées jusqu’à 120 ans et même davantage, précise Daniel Trouvilliez, directeur régional de l’ONF.

Quid du cryptoméria ?

Dans le cadre de la gestion durable de nos forêts, quid du cryptoméria ? Ce résineux originaire du Japon (Cryptomeria Japonica) fait l’objet d’une remise en question. Ce n’est pas tant sa présence dans nos forêts qui est mise en cause que les zones qui devront être replantées. Deux pistes sont envisagées. En premier lieu, favoriser, lors des coupes rases, la régénération en tamarins des zones concernées.
À titre d’exemple, notons que sur la zone de la Plaine d’Affouches dans les Hauts de Saint-Denis, l’action humaines et la nature ont précédé les ORF. En effet, cette zone fut l’une des toutes premières de l’île a être peuplée en cryptoméria, il y a plus de quarante ans. Aussi, elle fut l’une des premières à faire l’objet d’une exploitation à grande échelle au début des années 90. Lors de la coupe, le sol, jusque là dépourvu de luminosité et d’ensoleillement, fut labouré par le passage des engins de débardage et les troncs traînés par ces engins. Au bout de quelques mois, on put ainsi voir de jeunes pousses de tamarins, dont les graines étaient restées enfouies dans la terre pendant plusieurs dizaines d’années, avant de bénéficier enfin de chaleur et de lumière propices à leur germination !
C’est cet exemple que préconisent de suivre les ORF. Est-ce à dire pour autant que le cryptoméria sera banni de toute nouvelle replantation ? Les ORF prônent une mise en valeur des forêts privées ; ce sont donc ces parcelles détenues par des particuliers qui pourraient être replantées, fournissant ainsi une mise en valeur avec un produit pouvant être exploité au bout de quelques dizaines d’années. L’affaire n’est pas aussi simple que cela, mais les propriétaires de forêts privées, associés à la réflexion dans le cadre de la mise en place des ORF, pourraient jouer un nouveau rôle dans la mise en valeur de la forêt réunionnaise.

Bien connaître pour mieux gérer

Il faut bien connaître la réalité pour mieux la gérer : cela coule de source. Mais cela va mieux en le disant, et surtout en l’appliquant. Car au bout du compte, on ne connaît pas grand-chose de la forêt réunionnaise et de son fonctionnement, notamment sur l’évolution des phénomènes d’invasion biologique. Pour cela, diverses mesures sont préconisées : mise en place de missions d’observation, élaboration de protocoles d’évaluation afin que tout le monde parle le même langage, création de placettes de mesures et d’observation, expérimentation etc.
Autre aspect, et non des moindres : l’accueil du public. C’est un peu la quadrature du cercle, mais ce n’est pas une mission impossible, si des moyens véritables sont mis en place pour à la fois éduquer la population, mieux connaître les flux de fréquentation et les besoins de loisirs en forêt. Cela signifie gérer l’accueil du public à l’échelle de chaque site, mais aussi au niveau de l’île entière et enfin structurer les prestations dans le domaine de l’écotourisme, notamment par la création d’interfaces entre le milieu d’accueil, les offres de prestations et les demandes du public.
À tout cela s’ajoutent d’autres orientations prenant en compte la gestion des forêts cultivées, avec notamment une orientation sensible vers la production d’essences nobles indigènes à forte valeur ajoutée, la transformation, la commercialisation, la structuration de la forêt privée etc. Autant d’orientations fortes, qui nécessiteront de passer de la théorie à la pratique, avec bien entendu des moyens humains et financiers à la hauteur des enjeux. Sans oublier une volonté politique forte de la part de l’État et des collectivités.

Environnement et randonnées : téléphoner pour savoir où mettre les pieds
02 62 37 38 39 : Allo sentiers ?
Marcher en toute sécurité, c’est dorénavant simple comme un coup de fil. Faites le 02 62 37 38 39, et vous saurez tout sur l’état de nos sentiers. Si La Réunion demeure un véritable paradis pour les amoureux de la randonnée, les aléas climatiques et les quelque 150 micro-climats de l’île contraignent parfois l’ONF à fermer provisoirement certains sentiers, en fonction des dégradations constatées par le personnel forestier sur le terrain. Généralement, cela se traduit par des arrêtés de fermeture décidés par le préfet et publiés dans la presse. La grande nouveauté de ce service proposé par la direction régionale de l’ONF, est de permettre d’avoir une idée quasi-instantanée de l’état des sentiers et de vous permettre ainsi de changer d’itinéraire, plutôt que de prendre la route et de vous retrouver au bout du compte devant un panneau indiquant que le sentier n’est pas praticable dans de bonnes conditions et avec une sécurité optimale. Comme pour d’autres services téléphoniques du même genre, après avoir effectué votre appel (facturé au prix d’un simple appel local), laissez-vous guider par la voix qui vous dira que pour connaître l’état des sentiers dans Mafate, il vous faudra composer le "1", etc…

Pour une meilleure efficacité de ce service, sachez que les arrêtés de fermeture décidés par la Préfecture après la remontée des informations recueillies sur le terrain par les forestiers sont disponibles sur le serveur deux heures après avoir été pris. De même, pour une meilleure accessibilité, cinq lignes groupées sont à votre disposition. Bien entendu, le fait d’appeler ce serveur ne vous dispense pas de la prudence nécessaire à toute randonnée, ni de vous équiper correctement et encore moins de respecter la signalétique mise en place et l’environnement !

Pour mémoire, le 0262 37 38 39 est à ajouter à d’autres numéros indispensables tels que la Maison de la Montagne (0262 90 78 78) ou encore le Peloton de Gendarmerie de Haute Montagne (PGHM) au 0262 93 09 30.


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