Santé

Effets ’collatéraux’ pour La Réunion ?

L’épidémie de pneumopathie atypique

14 avril 2003

Tout ce que La Réunion doit compter comme croyants - s’ils sont soucieux de l’avenir de leur pays - ne manqueront certainement pas de prier leurs dieux pour que la pneumopathie atypique ne gagne pas l’île. Cette épidémie, partie vraisemblablement de Chine, a gagné l’Inde et, plus près de nous, l’Afrique du Sud. Directement ou indirectement, La Réunion aura à subir ces effets collatéraux de l’épidémie. Reste à savoir quelle sera l’ampleur des dégâts.

Dans notre région, devant la menace que fait peser le syndrome respiratoire aigu et sévère (SRAS), Maurice a décidé de supprimer ses relations aériennes avec Hong Kong. Si le gouvernement français a décidé de mesures spécifiques pour Tahiti et la Nouvelle-Calédonie - deux territoires ayant des relations suivies avec l’Asie du Sud-Est -, rien de spécifique n’a été prévu pour La Réunion, qui applique les consignes générales de sécurité : mise en place d’une procédure de "traçabilité" de chaque voyageur venant de la zone concernée. Directives de la Direction générale de la santé, qui déconseille les voyages vers les pays dans lesquels la maladie est née ou se propage.
Même si elle n’est pas atteinte, La Réunion subira-t-elle les conséquences de l’épidémie de pneumopathie atypique ? Car sa propagation a d’ores et déjà des répercussions économiques très importantes, plus particulièrement pour les transports aériens et le tourisme. Des conséquences qui viennent s’ajouter à celles liées la guerre en Irak.
La maladie s’étant répandue sur les cinq continents, les déplacements aériens se sont très rapidement limités, à la suite de recommandations de certains pays ou de celles de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Des États envisagent même le rapatriement de leurs ressortissants exposés.
Plusieurs compagnies aériennes subissent les conséquences - généralement des vols annulés vers l’Asie - tandis que d’autres connaissent une baisse de leurs actions (Japan Airlines, All Nippon Airways, Cathay Pacific).

Destination impossible

Air Mauritius a suspendu ses deux vols hebdomadaires sur Hong Kong pour avril et début mai. Singapour Air-Lines, qui dessert aussi l’île Maurice, a suspendu tous ses vols pour la même période. Il est donc pratiquement impossible, depuis La Réunion, de se rendre en Asie, a expliqué une agence de voyage réunionnaise. Sauf à passer par Paris. Ce qui n’est ni aisé, et qui occasionne un coût nettement plus important.
Dans un contexte rendu très difficile pour les transports aériens (attentats du 11 septembre 2001, risque terroriste, guerre en Irak etc...), la propagation de pneumonie atypique est un élément aggravant, pouvant éventuellement conduire à la disparition de certaines compagnies déjà en difficulté comme American Airlines, Air Canada ou KLM...

Contre-coup

Le tourisme en subit le contrecoup. Dans le contexte de l’après 11 mars et de la guerre d’Irak, les destinations comme la Chine, le Vietnam apparaissaient comme étant sûres. Mais la pneumopathie est passée par là. Les chiffres annoncés sont révélateurs du sinistre : la baisse des réservations atteint, par exemple, 90% à Hong Kong.
L’activité économique régionale pourrait pâtir des effets de l’épidémie de pneumonie. Des experts de la banque "BNP Paribas Peregrine" estiment déjà que la pneumonie pourrait provoquer en Asie une baisse de 1,5% de la croissance en agissant sur deux piliers des économies locales : le tourisme et la consommation des ménages.

Mais l’onde de choc aura des conséquences dans d’autres parties du monde. Les annulations de voyage pénalisent de nombreux voyagistes européens spécialisés dans l’Asie. La "Foire de l’horlogerie" de Bâle, en Suisse, qui devait recevoir 3.000 participants asiatiques, a refusé de les accueillir. Ce genre de réaction peut se multiplier.
Directement ou indirectement, La Réunion aura à subir les effets "collatéraux" de l’épidémie. Reste à savoir quelle sera l’ampleur des dégâts.


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