La Plaine des Cafres

Embouteillages pour grand spectacle

Rendez-vous au panache blanc

4 août 2003

Fini le brouillard. Finie cette petite pluie d’hiver, froide, pénétrante, qui vous glace jusqu’aux os. Hier matin, c’est un ciel bleu et un soleil radieux qui prévalaient à la Plaine des Cafres. Et au loin, le Piton des Neiges, qui pour une fois portait bien son nom.
À peine sept heures du matin, et déjà, sur la route du Piton Bleu, une certaine effervescence. Cette petite route, d’ordinaire tellement calme que le moindre bruit de voiture attire l’attention, était particulièrement fréquentée. Il faut dire que par endroit, la vue sur le sommet du Piton des Neiges était sublime : le blanc inhabituel du sommet, le bleu de la montagne qui s’éveille sous le soleil matinal, et le jaune doré des genêts qui vous ferait oublier leurs redoutables épines…
À l’approche de la piste qui conduit au départ du sentier du Piton des Neiges, c’est l’encombrement. Il n’est pas encore huit heures que déjà des voitures stationnent ici et là. Chacun se gare non pas comme il peut, mais plutôt où il veut, comme si la vue sur le Piton en dépendait.
Résultat : un ralentissement et souvent, des grappes humaines au milieu de la chaussée, jumelles, appareil photo ou caméra à la main pour ne pas perdre la moindre miette du spectacle. On immortalise la scène, on s’extasie, on se fait tirer le portrait avec en arrière-plan le panache blanc du Piton des Neiges auquel semblent se rallier des milliers de curieux…

Tamarins des Hauts

Un peu plus loin, un peu avant la Grande Ferme, la route forestière du volcan ressemble à la route en corniche, un jour de basculement. Là encore, le triste spectacle de voitures garées souvent n’importe comment. Dès les premières centaines de mètres, le bon sens indique qu’il n’est pas utile d’insister. Il est préférable de bifurquer sur la droite, d’emprunter un chemin Picard (je ne me souviens plus du prénom, il y a plusieurs routes dans le village qui portent le nom de Picard).
Et encore : il faut faire preuve de prudence : quelques égarés, sur cette route qui serpente paresseusement entre prairies, champs de légumes et cases, avaient tendance à se prendre pour Schumacher…
Une fois la Grande Ferme traversée, le calme, enfin. Une piste bétonnée qui monte en lacets rapides permet d’apprécier un paysage grandiose. D’autant que le ciel a décidé de rester d’un bleu immaculé. Et là, sur cette petite route, quelques magnifiques tamarins des Hauts, archi-centenaires, semblent défier le temps. Ils sont comme des vedettes éternelles face au spectacle d’un jour du Piton des Neiges et du Grand Bénare chamarrés de blanc. Ces arbres sont si vieux qu’ils ont peut-être déjà vu pareil spectacle…

Bouchon

Tout au long de cette piste, quasiment pas de voitures. Tout juste quelques agriculteurs affairés, dimanche ou pas, et quelques rares connaisseurs qui savourent le calme et la vue. Quittons la piste et retrouvons, quelques kilomètres plus loin, la route de Notre Dame de la Paix pour un retour sur la Plaine des Cafres. La vue qui s’offre à qui veut bien prendre le temps d’en profiter est tout simplement splendide. Et pas seulement à cause de la pellicule blanche qui recouvre la montagne au loin.
Retour à la Plaine des Cafres. Il est presque onze heures. Au loin, une colonne de nuages s’apprête à recouvrir ce panache blanc qui suscite tant d’émoi. Et sur la RN3, un sérieux bouchon qui commence bien avant le 23ème kilomètre.

Le message de "Pat’Jaune"

Embouteillage d’autant plus incompréhensible quand on sait qu’il existe de part et d’autre de la RN3 une foultitude de petits chemins qui permettent de traverser le Tampon, tranquillement, avec vue imprenable sur les Hauts, sur le littoral, sur les champs. Autant d’endroits qui valent le détour, avec ou sans neige sur le Piton du même nom.
À une condition toutefois : de ne pas baliser ces chemins avec des "cochoncetés" et de regarder avec les yeux.
Et pour ceux qui n’auraient pas compris, ces quelques vers extraits du dernier CD du groupe "Pat’Jaune" (in bann la Plaine des Cafres minm, sa !) devraient permettre de comprendre la meilleure attitude à avoir : « Mon fougère la besoin de l’air / Mon tamarin i crève pou in rien / Mon zacassia la di a moin comme ça / Band’ changement d’air lu en peut plu / Descend’ dan’ fond la bas lu la dit a moin /Cause avec banna, dit a zot bien / (au refrain) ».


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