Conférence pour l’emploi

Entre l’idée proposée par le P.C.R. et l’initiative gouvernementale

Deux conceptions différentes pour des stratégies dissemblables

13 mars 2003

Le 3 février dernier, au Conseil économique et social à Paris, Jean-Pierre Raffarin a lancé l’idée d’une conférence sur l’emploi. Celle-ci devrait se tenir le 18 mars, au ministère des Affaires sociales. Au menu : l’emploi des jeunes, l’insertion des publics en grande difficulté, les ’seniors’, la formation professionnelle. La démarche du Premier ministre apparaît comme devant répondre à une situation conjoncturelle, compte tenu de l’évolution du chômage en France actuellement.
La conférence pour l’emploi proposée par le PCR pour La Réunion est d’inspiration très différente. Elle répond à une situation structurelle et a pour but de traiter en profondeur la question de l’emploi dans notre pays. La mission qui pourrait lui être confiée est de « faire un bilan prévisionnel des emplois nécessaires sur quinze ans et de déterminer les moyens d’une meilleure adéquation entre la demande et l’offre d’emplois ».

En France, les plans de licenciements se poursuivent. Chaque semaine, ce sont des centaines et des centaines de travailleurs qui se retrouvent privés d’emploi. Pourquoi ?
Les réponses sont souvent : restructuration du groupe. Délocalisation. Bref, la recherche du profit, pour ces "capitaines d’industrie", est généralement responsable des drames sociaux et des désastres personnels qui en découlent.
Et la situation est d’autant plus préoccupante en France, que la menace d’une guerre en Irak fait virer au rouge tous les clignotants : les "ménages" n’ont plus confiance, la croissance, déjà plus faible que celle espérée, va encore ralentir...

Les syndicats sceptiques

C’est donc pour répondre à un contexte plus conjoncturel que structurel que le gouvernement a décidé de "prendre les choses en main" et de provoquer la réunion d’une conférence sur l’emploi.
Celle-ci devrait réunir État, syndicats et patronat. Elle est organisée par le ministre des Affaires sociales François Fillon. Logique. Mais la partie n’est pas gagnée pour lui, les organisations syndicales, sur d’autres sujets, ne sont pas sur la même longueur d’ondes. Exemples : les retraites, ou les plans dans la fonction publique (impôts, éducation nationale...).
Selon certaines informations, il serait question, lors de cette rencontre, de ressortir des cartons une idée du candidat Chirac : « Chacun pourra se former tout au long de sa vie grâce à un compte personnel de formation ». Si le concept est intéressant, ses modalités de mise en œuvre restent floues. Notamment pour ce qui est de la partie "financement". Et, à en croire "Le Monde" dans son édition du 10 mars, les syndicats français restent très sceptiques, non seulement sur le sujet de la formation mais encore sur les résultats escomptés de la rencontre.

À La Réunion, conception et stratégie différentes

Le Parti communiste réunionnais, dans le cadre de l’élection présidentielle, avait établi une plate-forme de propositions, dans laquelle figurait également une conférence pour l’emploi.
« Une Conférence régionale sur l’emploi sera instituée, réunissant tous les partenaires concernés (État, collectivités, syndicats d’employeurs et de salariés), qui aura pour mission de faire un bilan prévisionnel des emplois nécessaires sur quinze ans, et de déterminer les moyens d’une meilleure adéquation entre la demande et l’offre d’emplois. La mise en œuvre des actions de développement et de promotion de l’emploi devra être assurée dans le cadre d’un service public, placé sous la garantie de l’État, pour éradiquer les dérives clientélistes », écrivait le PCR.
Pour ce dernier point, il s’agissait de mettre en place un système permettant de contrôler la gestion des emplois aidés. Quant à la meilleure adéquation entre offre et demande, elle sous-entend une meilleure communication entre employeurs, ANPE, Université, centres de formation, etc. Le PCR précisait également que : « La Conférence pour l’emploi se réunirait régulièrement (au moins deux fois par an) ».
Il ne s’agit donc pas de réagir à une situation - inacceptable et intolérable - mais de prendre ses responsabilités et d’anticiper sur l’avenir. En fait, avoir réellement une vision politique des choses.

Passer rapidement à une application concrète

Cette conférence pour l’emploi que propose le PCR intègre un élément capital : « Avant de faire des propositions, il est nécessaire de procéder à une analyse. Cet exercice est, dans le domaine concerné, plus que nécessaire. Autrement le risque est réel de passer à côté de la réalité », lançait le PCR le 30 mai 2002, lors d’une conférence de presse.
Analyse de la situation actuelle, des réussites et des échecs des différents plans pour l’emploi que La Réunion a connus. Réalité d’aujourd’hui : environ 120.000 demandeurs d’emploi inscrits à l’ANPE. Des milliers de Réunionnais avec des contrats précaires. Et surtout, anticiper sur la situation que connaîtra notre île dans les prochaines années.
Hasard du calendrier, la conférence pour l’emploi organisée par le gouvernement Raffarin se tiendra le lendemain de la réunion du Congrès (Assemblée nationale et Sénat) pour l’approbation de la réforme constitutionnelle. Si le premier pan de la relance de la décentralisation est accepté - et il le sera - pourquoi ne pas passer rapidement à une application concrète : l’instauration d’une conférence régionale pour l’emploi à La Réunion ?


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