"Histoire de voir", tel aurait dû être le titre de l’ensemble de cette chronique, mais hélas, trois fois hélas ! La longue liste des occasions manquées s’allonge, RFO n’en finit pas de nous exclure du grand festin de la connaissance. J’ai toujours pensé, que sans verser dans le programme ennuyeux, le service public télévisuel réunionnais se devait de nous diffuser les programmes métropolitains en entier. Le déficit de canaux ne doit pas être une excuse pour RFO qui une fois encore sabre, et cette fois d’avantage qu’à l’accoutumée, une "Thema" d’ARTE" dont le sujet devait être : "Comment aveugles et malvoyants perçoivent-ils la réalité ? Parce qu’il ne suffit pas d’avoir des yeux pour voir, cette "Thema" secoue nos sens, nous ouvre les yeux et interroge notre relation au monde sensible." De cette "Thema" diffusée le dimanche 9 juillet sur ARTE, nous ne verrons que le film. Comprenez que cela mérite un bon coup de gueule ! RFO se moque du monde, alors que cette société du service public audiovisuel a la possibilité de piocher dans un pot commun des chaînes de télévisions métropolitaines, les programmateurs (Le sont-ils vraiment ?) choisissent des programmes au hasard, sans même prendre en compte la logique télévisuelle des véritables professionnels qui établissent les programmes. Voilà ce que nous aurions du voir si cette "Thema" avait été respectée : La soirée devait débuter avec un premier reportage intitulé "Histoire de Voir", ensuite le film "Seule dans la nuit" suivi de deux autres reportages intitulés "Voir sans les yeux" et "Fenêtre sur l’âme", mais il semblerait que nous autres, les Réunionnais, nous soyons trop stupides pour profiter des programmes métropolitains. Cette nouvelle preuve de l’incompétence de RFO Paris me fait dire : à quand la TNT (Télévision Numérique Terrestre) à La Réunion ? Cela devient plus qu’urgent, ainsi nous pourrons enfin être traités de façon presque équitable. Ce coup de gueule en appelle d’autres, et croyez bien que votre serviteur n’a pas l’intention de lâcher le morceau, car comme je le dis souvent, dans "service public", il y a "public" et ces canaux nous appartiennent. Il ne faut plus se contenter de Tempo, pâle copie de la Cinq et d’Arte. Exigeons l’original ! "Nou lé pa plus, nou lé pa moin, respect a nou !"
Ceci étant dit, car il fallait que ça le soit, revenons aux miettes de cette "Théma" qui aurait dû être le plat de résistance d’une excellente soirée télévisuelle, je veux bien entendu, parler de cette fiction "Seule dans la nuit". Ce thriller psychologique, digne d’un grand film d Hitchcock, va nous plonger dans un univers aveugle et palpitant, riche en rebondissements. L’héroïne jouée par Audrey Hepburn est face à trois truands qui la pourchassent et usent de tous les stratagèmes inimaginables pour tenter de la tuer. Mais cette fiction s’appuie surtout sur un facteur essentiel, le personnage principal est aveugle et c’est là que le titre de ce chef-d’œuvre prend toute sa signification. "Seule dans la nuit" est une réussite du genre, le fait que l’héroïne n’y voit rien amplifie le suspens, nous pénétrons dans le monde de ceux qui ne voient pas, de ceux dont l’essentiel de la vie tourne autour de l’ouie, de l’odorat et des perceptions sensorielles. Alors dans le film, le moindre grincement de porte, le moindre miaulement, la moindre respiration nous coupe le souffle et accentue le malaise. Ce film s’écoute tout autant qu’il se regarde et il faut bien avouer qu’Audrey Hepburn est au sommet de son art tant il est difficile de jouer un rôle d’aveugle. Ce soir sur Tempo nous allons trembler pour la belle actrice Hollywoodienne et les cinéphiles ne manqueront pas d’enregistrer ce film culte qui est sans aucun doute, l’un des trois ou quatre meilleurs policiers américains.

Philippe Tesseron

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