« Il n’y a pas qu’à Paris que le crime sévit »

6 octobre 2007

Laurent Neumann, Directeur de la Rédaction de “Marianne”, dans un édito intitulé "Le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA) ne sert à rien", dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas.
Mais comme je le dis bien souvent, en paraphrasant Georges Brassens, « Il n’y a pas qu’à Paris que le crime sévit, nous, au village aussi, l’on a de beaux assassinats ! ». En effet, dans notre département plus qu’ailleurs, non seulement la représentation du CSA peut porter à caution, mais de plus, aucune contestation n’est faite par qui que ce soit. Et pourtant, ce ne sont pas les infractions qui manquent ! Le chantier audiovisuel français est devenu un véritable champ de ruines où s’affrontent des prédateurs de tous bords, et dans notre département, ce n’est pas mieux, avec une Télé de service public qui privilégie le pouvoir en place et une Télé privée qui produit un journal Télé plus proche de "Voici, Voilà", avec un soupçon de "Détective". Mais le sommet, c’est sans aucun doute le laisser faire du CSA à l’égard d’une radio privée qui joue avec un populisme à la limite du soutenable, les justiciers, les "Katangais", les redresseurs de torts, sans que personne n’ose dénoncer ce média qui s’auto-intitule "Liberté" !
Nous avons constaté, lors des dernières campagnes électorales, le décalage du traitement de l’information et l’iniquité vis-à-vis d’un grand nombre de partis politiques "péï" en matière de présence à l’antenne, notamment pendant les pré-campagnes ! Jamais on n’a vu un tel bâillonnement des partis politiques certes minoritaires, mais qui représentent malgré tout des voix qui comptent dans le débat démocratique. Nous nous souvenons tous de la manière dont RFO a zappé les grands rendez-vous de pré-campagne qui auraient dû expliquer aux Réunionnais les grands enjeux importants pour leur île, tout cela à cause d’un certain ostracisme à l’encontre du PCR ! Il est vrai que les caméras et les micros se tendent plus facilement lorsqu’il s’agit d’entendre les représentants de droite plutôt que les représentants des forces progressistes !
En ce qui concerne l’omniprésence de l’image du Président de la République, nous sommes, dans notre département, au travers de nos aquariums "péï", tout aussi gâtés que les téléspectateurs métropolitains. Il faut dire que la petite chaîne privée, sœur de TF1, ne se prive pas de nous montrer les actualités télévisées de la chaîne de Martin Bouygues, ami personnel du metteur en boite des "petits pois" ! Alors, lorsque notre confrère de “Marianne” écrit que le CSA ne sert à rien et qu’il faut le supprimer, vous comprendrez que je suis tout à fait d’accord avec son analyse, et je propose que l’on crée un "CSCSA" (Conseil de Surveillance du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel) !


« Le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA) ne sert à rien » (Laurent Neumann)

« Si l’instance de régulation ne perçoit pas l’incroyable déséquilibre entre le temps de parole offert au pouvoir et celui concédé aux oppositions, c’est qu’il ne mérite pas de survivre. La question est grave : à quoi sert encore le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel ? La réponse est encore plus grave : à rien ! Le Parti Socialiste, par la voix de son Premier secrétaire François Hollande, vient de saisir le CSA à propos du "temps d’exposition médiatique" de Nicolas Sarkozy. Enfin, serait-on tentés de dire. Pourquoi, en effet, depuis le 6 mai dernier, le CSA, cette vénérable institution chargée de la régulation de l’audiovisuel, ne s’est-elle pas elle-même autosaisie de ce problème qui met en danger le fonctionnement même de la démocratie ?
Depuis près de 5 mois, Nicolas Sarkozy est omniprésent sur les antennes, matin, midi et soir. Même Poutine se fait plus rare sur les télés russes ! Et encore ne parle-t-on pas de ses propres collaborateurs - Claude Guéant, Henri Guaino, David Martinon...- qui, contrairement à leurs prédécesseurs à l’Elysée, s’expriment fréquemment devant micros et caméras. La semaine dernière, l’intervention télévisée du Président de la République face à Arlette Chabot et Patrick Poivre d’Arvor, “50 minutes en direct”, était simultanément diffusée sur TF1, France 2, France 24 et TV5 Monde. Sans parler des chaînes d’information continue qui en ont proposé de larges extraits. Quel chef d’Etat peut dire mieux ?
Or, que fait le CSA ? Rien. Que propose-t-il ? Rien. Et pourquoi ne dit-il rien ? Alors là, accrochez vos ceintures : parce que, fait-il savoir, le temps de parole du chef de l’Etat “ne peut être assimilé à aucune catégorie donnant lieu à un décompte (gouvernement, majorité parlementaire, opposition parlementaire, autres formations)”. Sarkozy est à lui seul chef du gouvernement, ministre de l’Intérieur, des Affaires étrangères, de l’Économie, des Affaires sociales, de la Santé, de l’Industrie, des Affaires européennes, patron de l’UMP et de la majorité parlementaire..., mais il ne rentre dans aucune catégorie. On rêve !
En vérité, la présidentialisation de fait du régime rend obsolètes toutes les règles de comptage du temps de parole. Si le CSA ne s’en est pas rendu compte, c’est qu’il ne sert à rien. Et s’il ne sert à rien, autant le supprimer ».


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