Bras-Panon

Imaginer ensemble un développement harmonieux de Bras-Panon dans la micro-région Est

Visite du Conseil régional

8 août 2003

Il y a une soixantaine d’années, alors que l’économie de La Réunion reposait sur la monoculture de la canne, la région Est connaissait un certain dynamisme. De Sainte-Rose à Sainte-Suzanne, on comptait de nombreuses usines, véritables pourvoyeuses d’emplois. Puis, au fil des décennies, les usines ont fermé les unes après les autres. Petit à petit, le secteur tertiaire a pris davantage de place, supplantant la production cannière en termes d’emplois.
« La concentration des usines a été un désastre économique avec de fortes conséquences sur l’emploi. La proximité de Saint-Denis et le pôle de services qui s’y est créé ont suscité une sorte d’aimantation qui constitue un blocage du développement de l’Est au profit de Saint-Denis », constatait hier Paul Vergès lors d’une visite d’une délégation du Conseil régional à Bras-Panon. « Comment, avec cet héritage, imaginer le développement de Bras-Panon et de l’Est en général ? » s’interroge le président de la Région.
Même souci de la part des élus panonnais qui doivent intégrer le fait que la commune verra sa population doubler d’ici vingt ans. Il convient donc, souligne Daniel Gonthier, maire de Bras-Panon, « que la commune puisse se donner les moyens d’accueillir 10.000 habitants supplémentaires et de garantir un cadre de vie adapté à cette population en pleine extension ».
Autre facteur à intégrer, autre défi à relever : un taux de chômage qui flirte avec les 40% de la population active et 750 bénéficiaires du RMI. Pour les élus panonnais, hors la qualité de l’aménagement du territoire et de la capacité à innover pour répondre à ces défis, point de salut. Et l’aménagement du territoire, souligne le maire de Bras-Panon, passe par « une nécessaire harmonie au niveau de l’aménagement entre le littoral et les Hauts ainsi qu’entre la micro-région Est et le reste de l’île ».

Les mêmes grands défis à relever

Dans toutes les communes visitées, le président de la Région rappelle inlassablement que l’action de la collectivité qu’il préside s’articule non seulement autour de son champ de compétences traditionnelles, comme l’accompagnement du développement économique sous des formes diverses, ou l’aménagement du territoire. Mais aussi, et surtout, en sortant de ses prérogatives, en apportant aux communes un important soutien financier pour la rénovation du bâti scolaire par exemple.
La problématique qui se pose aux élus de Bras-Panon recèle bien sûr des caractères propres à la situation de la commune, mais globalement, on retrouve les mêmes grands défis à relever. « Comment faire face au présent, à la situation très grave que nous connaissons, et dans le même temps, sauvegarder l’avenir en évitant des erreurs d’aménagement dont nous pourrions payer cher les conséquences ? »
Tout en s’interrogeant, le président de la Région reste fidèle à sa ligne de conduite : « Ne pas s’en tenir aux œillères réglementaires », quitte à ce que, en prenant l’initiative d’aider les communes dans la remise à niveau du bâti scolaire, quelques esprits chagrins déclarent de manière péremptoire que « la région n’a pas à être le SAMU des communes ».

Routes et chemins

SAMU ou pas, Daniel Gonthier fait remarquer que la Région a financé à hauteur de 1,2 million d’euros (7,8 millions de francs) la réhabilitation de l’école Narassiguin. Hier, les élus ont pu constater de visu quelques réalisations communes de la Ville et de la Région : remise à neuf de la MJC, bibliothèque ou encore reconstruction du gymnase, une opération dans laquelle la Région apporte un million d’euros.
Le mérite de ces visites de terrain consiste non seulement à se rendre compte du bon usage des fonds alloués par la Région, mais elle permet aussi - et surtout - de constater le bien-fondé des demandes de financement pour des opérations à venir. C’est ainsi que la Région a déjà investi plus de 800.000 euros (5,4 millions de francs) ans la réalisation de 14,4 km de chemins agricoles à vocation économique.
Après avoir circulé au milieu des champs de canne et des maisons isolées, et après avoir dialogué quelques instants avec des habitants de l’endroit, la preuve était faite, si besoin était, que ces chemins constituent une nécessité. Et le reste du parcours effectué par la délégation dans les Hauts de la commune n’a pu que démontrer que les projets de voiries rurales soumis à la Région pour financement ne sont nullement un luxe, mais constituent au contraire un signal fort en direction des agriculteurs et des populations rurales en général.
Au total, en incluant le projet de route touristique de Rivière du Mât, c’est une enveloppe globale de 1,8 million d’euros (12 millions de francs) qui seront investis par la Région dans les routes et chemins à Bras-Panon…

L’avenir est dans les Hauts
« Il est rare que celui qui finance vous dise : dépensez plus », plaisante le président de la Région en s’adressant aux élus panonnais. Pourtant, la formule résume bien le souhait de la Région d’accompagner la commune de Bras-Panon dans son développement touristique.

C’est ainsi que la collectivité territoriale apportera son soutien financier à la réalisation de la route des carrières, actuellement fréquentée par des poids lourds se rendant sur le site d’extraction de granulats de la Rivière du Mât les Bas. Route qui deviendra à terme un itinéraire touristique, intégrant un projet d’aménagement du littoral entre la Rivière des Roches et la Rivière du Mât.

VTT, randonnée, camping, pique-nique, activités de pleine nature ou aquatiques, les atouts ne manquent pas pour faire du tourisme un secteur de pointe dans l’économie panonnaise.

« Ce qui est frappant, c’est que toutes les communes de l’île ont accès à leur zone des Hauts, et dans ce domaine, Bras-Panon reste une exception. Il y a là une urgence pour que Bras-Panon ne se résume pas à une quatre-voies qui permet d’aller plus vite, pour qu’on voit encore moins la commune ». Pour le président de la Région, la route de moyenne altitude demeure une priorité avec, en attendant sa réalisation, un renforcement du maillage du réseau de chemins existant.

Cette route de moyenne altitude, à l’image de la route des Tamarins, devra jouer un rôle de colonne vertébrale ans le développement des Hauts de l’Est. Et en regardant plus loin que demain, le président de la Région souhaite pousser le désenclavement des Hauts de Bras-Panon encore plus avant, avec l’idée d’une route qui relierait les Hauts de la commune au massif forestier de Bélouve.

On l’aura compris : s’il convient d’optimiser les atouts du littoral, l’avenir de Bras-Panon se situe essentiellement dans les Hauts. Avec toutefois, pour les élus, un véritable défi : structurer les trois pôles que constituent Rivière du Mât, Rivière des Roches et le centre-ville…

Paul Vergès : « Jure le momon, ça crée des adversaires, mais pas un seul emploi… »
Hier matin, à l’heure ou élus régionaux et municipaux se retrouvaient en mairie de Bras-Panon avant d’aller sur le terrain, la séance de travail fut interrompue par l’irruption de jeunes bénéficiaires d’emplois précaires inquiets pour leur avenir, avec la menace du non-renouvellement de leur contrat. Du coup, le programme de la visite fut quelque peu bousculé, les élus se rendant à quelques pas de la mairie, dans le local d’une association, à l’invitation des responsables pour « constater le travail accompli ».

À l’issue de cette visite impromptue et des discussions engagées, le président de la Région invitait les jeunes en situation précaire à venir aujourd’hui à la Région et lançait un appel à l’union et au rassemblement, estimant que le problème est suffisamment grave pour qu’à la précarité, on n’ajoute pas l’exclusion de tel ou tel sous des prétextes partisans.

À la fin de la visite, au cours d’une intervention devant les élus panonnais, Paul Vergès renouvelait son appel en ces termes : « jure le momon intel ou intel, ça crée des adversaires, mais ça ne crée pas un emploi de plus… ».

Au-delà du problème réel et immédiat posé par les emplois précaires hier à Bras-Panon ou aux Avirons, c’est tout le problème de l’emploi qui est posé aujourd’hui, et qui se posera avec encore plus d’acuité demain. Notre pays compte aujourd’hui 300.000 personnes en âge de travailler, dont plus de 100.000 sont inscrites à l’ANPE comme demandeurs d’emploi. À terme, ce sont 144.000 actifs de plus qui arriveront sur le marché du travail. Or, malgré son dynamisme, le marché réunionnais ne peut à lui seul absorber toute cette main d’œuvre.

Pour autant, doit-on accepter qu’un jeune de niveau bac +3 soir érémiste ou qu’un autre, docteur en géologie, ne trouve rien d’autre qu’un poste comme… emploi-vert ? Notre jeunesse et la formation qui lui est dispensée constituent sans nul doute notre meilleur atout dans la perspective d’installation chez nous d’entreprises venues de pays visant le marché européen. Et dans cette perspective, Bras-Panon, disposant d’un accès routier aisé, avec le développement des TIC, a sa carte à jouer.

Daniel Gonthier : « Unissons nos forces pour que La Réunion sorte grandie »
Pour le maire de Bras-Panon, les griefs formulés à son encontre par certains jeunes manifestants reposent sur un malentendu, alors que « les choses sont en train d’évoluer ». Selon les informations en sa possession, le maire de Bras-Panon note que le déblocage se fait pour l’instant essentiellement en faveur du personnel amené à servir dans les écoles, en attendant la réunion du FEDOM. « Je suis satisfait que tous les élus, toutes tendances confondues, aient été entendus alors que nous demandions une adaptation et qu’elle se fera avant la réunion du FEDOM ».

Daniel Gonthier poursuit : « Le président de la Région a rappelé la situation à juste titre. Qu’elle soit analysée par un élu de droite ou de gauche, elle est la même. Aujourd’hui, nous avons un gros effort à faire pour que, une fois les élections terminées, nous unissions nos forces et que La Réunion sorte grandie ».

Le maire de Bras-Panon rappelle qu’à l’occasion d’un déplacement effectué en métropole avec le Vélo Club de l’Est, il a rencontré la ministre de l’Outre-mer et plusieurs autres membres du gouvernement pour tirer la sonnette d’alarme. « J’ai voulu les sensibiliser sur une situation qui demande à être adaptée pour La Réunion (…) En métropole, on ferme des écoles, les campagnes sont désertes, on ne voit que des personnes d’un certain âge… Chez nous, à La Réunion, nous sommes dans une approche totalement différente. La mission des élus de La Réunion est de tout faire pour que la réalité réunionnaise soit bien entendue, bien comprise et qu’un effort de financement, d’ingénierie, soit consenti pour dépasser ce cadre que nous connaissons, dynamique, mais pas suffisamment pour répondre aux besoins en termes d’emplois ».


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