Développement

Importation, exportation, emploi et prix....

Agrandissement du port Est

8 septembre 2003

Des travaux d’agrandissement seront bientôt entrepris pour le port Est de La Pointe des Galets dans le but de faire face à un développement de ses activités. Celles-ci ne résultent pas d’un accroissement des exportations de l’île mais d’une augmentation de ses importations. Les nouveaux travaux ne signent donc pas un développement des activités de La Réunion - notamment celles liées l’exportation - mais plutôt un accroissement de sa dépendance à l’extérieur.

En 2001, au port de La Pointe des Galets, on a embarqué 473.100 tonnes de marchandises alors qu’on en a débarquées presque 7 fois plus : 2 millions 890.900 tonnes. Or, au cours des dix dernières, la croissance moyenne annuelle des activités portuaires a été de 5%. Cette augmentation est essentiellement due aux importations.
Un peu plus de vingt ans après sa mise en service (les travaux avaient débuté en mars 1983), il faut donc agrandir le port Est. Cela nous donne une idée de la vitesse avec laquelle les importations ont augmenté.
On aurait pu penser que la croissance des activités portuaires résultent d’un accroissement du trafic passagers. Ce n’est pas le cas.
On aurait pu aussi croire que l’objectif de faire du port de La Pointe des Galets un port d’éclatement dans la zone du Sud-Ouest de l’océan Indien (les marchandises destinées aux pays de la zone étant débarquées par de gros cargos à La Réunion avant d’être redistribuées par des navires de plus petite contenance vers les autres pays de la zone) serait en passe d’être réalisé. Ce n’est pas non plus le cas. C’est Port-Louis qui semble désormais le mieux placé pour devenir le "hub" maritime de l’océan Indien.

Contexte

Ces travaux s’inscrivent dans un contexte dont les évolutions devront peser sur les activités portuaires.
Rappelons brièvement les facteurs qui sont susceptibles de jouer.
1°) Le million d’habitants que La Réunion devrait atteindre vers 2027. Il va nécessairement augmenter les besoins et donc faire accroître les importations de toutes sortes.
2°) L’objectif de la Région d’arriver en 2025 à une autosuffisance énergétique pour les besoins domestiques. Rappelons que les produits pétroliers représentent un peu plus de 20% du trafic import export.
3°) La mise en œuvre des nouvelles stratégies de codéveloppement initiées par le Conseil régional. Si les projets de codéveloppement avec la Chine se réalisent et aboutissent comme le prévoit Paul Vergès à la création d’une grande zone franche, immanquablement cela aura des conséquences sur le volume du trafic maritime, dans les deux sens.
Ajoutons que le projet gouvernemental de décentralisation prévoit le transfert de la gestion des ports au Conseil régional. Une perspective qui ne fait pas l’unanimité à La Réunion mais qui devrait changer énormément les choses.
L’agrandissement du port Est semble indiquer que le port de La Pointe des Galets verra se consolider son rôle de seul et unique port de marchandises de La Réunion. Cela signifie-t-il que les projets de créer des quais à Saint-André et Saint-Louis - notamment pour y débarquer le charbon nécessaire aux usines bagasse charbon de Bois Rouge et du Gol - sont abandonnés ?

En suspens

Deux questions restent alors en suspens. L’agrandissement du port Est se traduira-t-il par une création d’emplois ? Le nombre de personnes travaillant dans l’enceinte portuaire va-t-il augmenter ?
Or, en 20 ans, le nombre de dockers a considérablement diminué, passant d’un plus de 2.000 à quelques centaines actuellement.
Quand va-t-on enfin faire la transparence sur la formation des prix ? La quasi totalité des marchandises dont La Réunion a besoin (près de 90%) transite par le seul port de La Pointe des Galets. Or, il est impossible de connaître avec exactitude dans quelles conditions ce passage obligé interfère dans la formation des prix des marchandises.
L’observatoire des prix et des revenus, réclamé depuis longtemps - et dont le principe a été accepté dans la loi d’orientation -, est plus que jamais une nécessité.

T.A.K. dénonce la plainte de M. Hayot contre l’octroi de mer
Dans une lettre adressée le mercredi 3 septembre dernier à la ministre de l’Outre-mer, le député-maire du Tampon souligne que « les importantes concessions faites par les industriels réunionnais sur les exonérations d’octroi de mer en vue d’obtenir la pérennisation du dispositif sont actuellement remises en cause par la plainte déposée par le Groupe Hayot devant la Cour européenne de Justice ».
« L’octroi de mer représente 40% du budget de fonctionnement des communes de La Réunion et 252,2 millions d’euros pour l’année 2002 », rappelle André Thien Ah Koon. « Sans cette ressource vitale, les communes seraient asphyxiées », ajoute l’élu réunionnais, pour qui « il est important de rappeler que les taux de TVA applicables à La Réunion correspondent à la moitié des taux pratiqués en métropole ».
« À un moment où le chômage ne cesse de croître, il est urgent de lutter contre une telle attaque qui aurait des conséquence catastrophiques sur le rattrapage des équipements publics dont les Réunionnais ne bénéficient toujours pas à la hauteur de la métropole », écrit encore André Thien Ah Koon, qui demande à la ministre de « défendre (…) les intérêts de notre population ».

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