Social

L’Éducation nationale paralysée

Retraites et transfert des personnels de l’État aux collectivités

11 avril 2003

À La Réunion, le mouvement de grève et de manifestations qui touche le système éducatif s’est étendu hier. La quasi totalité des collèges et lycées ne fonctionnent plus. Les écoles primaires sont à leur tour touchées par le mouvement de grève. L’IUFM a cessé le travail mercredi. Après l’évacuation des grévistes par la police, hier matin à 6 heures, le rectorat a été fermé au public et au personnel non-gréviste.
Ce résumé de la situation illustre le sentiment des personnels de l’Éducation nationale qui ont bouclé hier leur troisième jour de grève. Sans faiblir. Selon les syndicalistes 90% des établissements du second degré sont en grève. Les écoles primaires sont peu à peu gagnées par le mouvement. Les étudiants de l’IUFM sont dans l’action depuis mercredi. Les syndicats ont annoncé que l’Université se mettrait en grève dès aujourd’hui.
Tous protestent contre le projet du gouvernement de transférer les personnels ATOS (agents techniciens et ouvriers de service) de la fonction publique d’État à la fonction publique territoriale. Ils refusent également le projet d’alignement des régimes de retraite du public sur ceux du privé (ce qui aurait notamment pour effet de faire passer la durée de cotisation pour l’obtention d’une retraite à taux plein de 37,5 ans à 40 ans).
À noter que le Conseil régional et le Conseil général, entre lesquels seraient répartis les personnels ATOS, ont tenu à faire savoir qu’ils ne sont absolument pas demandeurs de cette réforme. Une position rappelée hier par les parlementaires Paul Vergès, Huguette Bello et Christophe Payet au ministre de l’Éducation nationale.

Évacués à 6 heures

La journée d’hier a commencé très tôt pour les grévistes. Et pour cause. À 6 heures du matin, les policiers ont fait évacuer les locaux du rectorat occupés depuis mardi par des agents en grève. Une cinquantaine de personnes se trouvaient à l’intérieur du bâtiment lorsque la police est intervenue. L’évacuation s’est faite sans heurts, mais les grévistes ont visiblement très mal vécu l’intervention policière. « Nous n’avons pas dégradé les locaux, nous n’avons pas menacé le personnel non-gréviste, le recteur a dit mardi qu’il comprenait notre action, alors je ne vois pas pourquoi on nous traite de cette façon », lançait, amer, un syndicaliste.
L’intersyndicale lançait immédiatement un appel un durcissement du mouvement. Tous les grévistes de l’île étaient appelés à se regrouper devant le rectorat. « Nous allons de nouveau occuper les lieux et nous le ferons tant que le gouvernement n’aura pas retiré son projet de transfert d’une partie des agents vers les collectivités locales », notaient les syndicats.
« On a demandé à d’autres fonctionnaires, les policiers, de se dresser contre nous et de nous faire sortir, nous personnels de l’Éducation nationale, de la maison qui est la nôtre, en l’occurrence le rectorat, c’est inadmissible », protestait l’un des porte-paroles de l’intersyndicale, Gilbert Romain.

Manifestation mardi

Peu de temps après, plusieurs centaines de manifestants se rassemblaient devant le rectorat. Ils y sont restés jusqu’en fin d’après-midi sous un soleil de plomb à peine terni par une brève averse. L’ambiance, plutôt détendue, a même presque tourné à la fête lorsque, tambours et kayamb en tête, les étudiants de l’IUFM, en grève depuis mercredi, ont rejoint les manifestants.
En milieu de journée, Vincent Cellier secrétaire général de la FSU annonçait qu’à la demande du gouvernement, le préfet avait proposé qu’une délégation de l’intersyndicale se rende à Paris pour rencontrer le ministre de l’Éducation nationale, Luc Ferry.
« Cette proposition relève du mépris. Nous ne pouvons pas accepter que des délégués régionaux aillent traiter de problèmes nationaux. C’est avec nos délégués nationaux que la négociation doit avoir lieu car il ne s’agit pas de discuter d’un problème régional, mais bel et bien du démantèlement du service public d’Éducation. Cela concerne toute la nation et pas seulement une région », a-t-il déclaré.
C’est ce même langage que l’intersyndicale a tenu dans l’après-midi lors de sa rencontre avec le recteur Christian Duverger. « Nous lui avons également fait remarquer que lui non plus n’avait pas le pouvoir d’apporter de réponse au problème », commentait Vincent Cellier.
La manifestation s’est dispersée en fin d’après-midi. Aujourd’hui des motions seront remises dans les 3 sous-préfectures de l’île et à la préfecture.
L’intersyndicale a appelé à une grande manifestation pour le mardi 15 avril. Le rassemblement aura lieu à partir de 9 heures. Les grévistes défileront ensuite jusqu’au Barachois.


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus