Réforme de l’enseignement supérieur

L’Université de La Réunion pour le retrait du projet gouvernemental

30 mai 2003

Le principe d’une grève a été voté mercredi pour la semaine prochaine

Le Conseil d’administration de l’Université de La Réunion, réuni mardi soir, a adopté majoritairement, par 20 voix contre 9, une motion de synthèse rappelant son « opposition à la méthode et au calendrier » du ministre de l’Éducation nationale, Luc Ferry, dans le projet de réforme de l’enseignement supérieur, désormais intitulé « de modernisation universitaire ».
Une majorité d’enseignants-chercheurs et de membres du personnel IATOS s’inquiète d’une part du contenu d’un projet par lequel, estiment-ils, « le Gouvernement s’engage dans la restructuration régressive de la carte universitaire et dans la mise en concurrence généralisée des établissements ».
Plusieurs points du projet gouvernemental - tels la création des Conseils d’orientation stratégiques (COS) ou encore celle des établissements publics de coopération universitaire (EPCU) - sont mis en exergue comme menaçant potentiellement la vie démocratique et le fonctionnement des universités, par une « remise en cause de certaines avancées positives de la loi Savary du 26 janvier 1984 ».

La motion adoptée, synthèse de deux textes présentés d’une part par l’Intersyndicale, d’autre part par un groupe d’enseignants-chercheurs et du personnel, demande pour finir « le retrait (du projet - NDLR) et l’ouverture de véritables négociations avec un calendrier permettant une concertation de toute la communauté universitaire ». Elle souligne également que la réforme de la loi Savary, si elle doit avoir lieu, doit garantir « le caractère de service public pour l’enseignement et la recherche ».
En ce qui concerne le calendrier, les universitaires se sont déjà prononcés à plusieurs reprises contre « la marche forcée » du gouvernement : dans une première motion demandant l’ouverture de discussions, puis lors d’un vote du Conseil des Études, préconisant l’ouverture d’une véritable consultation des universités sur un texte jugé « complexe ». Ces réserves expliquent la vive réaction des universitaires devant la position affichée le 22 mai par leur président, qui a compté parmi les 43 voix de soutien au projet et au calendrier gouvernementaux, lors de la récente rencontre des présidents d’université.
Prenant acte de l’opposition majoritaire des enseignants et du personnel à ce vote, le président de l’Université de La Réunion a reconnu mardi la validité de la motion adoptée par le Conseil d’administration. « Cette position devient celle de notre établissement et sera relayée à la CPU par le Président de l’Université de la Réunion », informe un communiqué interne du cabinet de la présidence.
Mercredi après-midi a eu lieu une assemblée générale tenue par des enseignants-chercheurs et des personnels IATOS, qui ont adopté majoritairement le principe d’une grève pour la semaine prochaine, ce qui conduirait selon toute vraisemblance à une demande de report des examens « à la semaine suivante », expliquaient mardi des universitaires de la faculté des sciences.

La CGT : « Vers un effondrement du niveau des retraites »
Dans une déclaration diffusée mercredi, la CGT indique que « le gouvernement a arrêté son projet de loi de réforme des retraites. Il a décidé malgré l’ampleur des mobilisations de passer en force prenant ainsi la responsabilité d’un conflit social majeur.

La CGT, comme d’autres organisations syndicales, n’a eu de cesse d’appeler à l’ouverture de nouvelles négociations, ce qui a été systématiquement refusé. Ainsi le gouvernement reste sourd à l’expression de plusieurs millions de salariés tout au long de ces dernières semaines. Il rejette avec suffisance et mépris toute autre proposition qui s’écarterait de ses orientations néfastes.

L’avenir des retraites constitue un choix de société. Il relève d’un large débat démocratique Le gouvernement veut passer outre l’opinion majoritaire des syndicats qui représentent une majorité de salariés. Curieuse conception du dialogue social ! Le gouvernement veut intimer l’ordre aux syndicats de se taire au nom de l’ouverture du débat parlementaire. C’est un déni de démocratie (…).

Si les dispositions actuelles étaient maintenues, nous irions vers un effondrement du niveau des retraites des salariés du privé comme du public, doublé d’un allongement sensible de la durée du travail. "Travailler plus pour une retraite moindre" est inacceptable ! De fait, un tel choix ouvrirait la porte à des systèmes par capitalisation creusant les inégalités et approfondissant l’insécurité sociale dans notre pays (…) ».


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