À 20 heures 30 sur Paris Première Canal Satellite : ’La diagonale du fou’

La dissidence soviétique au moment de la guerre froide

7 juillet 2006

Un film de Richard Dembo avec Michel Piccoli, Alexandre Arbatt, Liv Ullman, Leslie Caron, Michel Aumont, Jean-Hugues Anglade...

1983, Genève : Championnat du monde des échecs où vont s’affronter Akiva Liebskind (Michel Piccoli), 52 ans, moscovite, champion du monde d’échecs, invaincu depuis 12 ans et Pavius Fromm (Alexandre Arbatt), 35 ans passé à l’Ouest depuis 5 ans ; le lion et le tigre, le maître et l’élève, le soviétique et le dissident. Deux personnages durs, forts et entiers.
Leur combat pour le titre de champion du monde des échecs est le prétexte de conflits qui les dépassent et dont ils seront finalement victimes, même si parfois ils pensent en tirer les ficelles. Victimes, aussi, leurs femmes : Hénia (Leslie Caron), la compagne fidèle et admirative ; Marina (Liv Ullman), l’épouse retenue depuis cinq ans, rongée, détruite, par cette attente sans espoir.
Le face à face de deux hommes prêts à tout pour gagner, l’opposition de deux forces qui s’affrontent sur l’échiquier du monde.

Au-delà des parties d’échecs, "La diagonale du fou" tourne autour de la polémique sur la dissidence soviétique au moment de la guerre froide. De façon à peine déguisée, l’auteur de cette fiction nous raconte l’étrange saga des rencontres d’échecs entre Karpov et Kortchnoi de 1978 et de 1981. Des rencontres qui étaient teintées de propagande venant de part et d’autre du rideau de fer.
Que l’on soit amateurs de ce jeu ou non, le film de Richard Dembo demeure un des plus passionnants de l’histoire du cinéma, pas un moment de répit, ni pour les acteurs ni pour les spectateurs. Ce thriller politique où tout se joue autour d’un échiquier avec de chaque côté, deux grands joueurs qui ne sont que des marionnettes manipulées par des commissaires politiques, est un chef-d’œuvre de dénonciation des manipulations dont les deux protagonistes seront des otages d’enjeux qui les dépassent.
Avec un tout petit budget, l’auteur réussit un grand film donnant ainsi une leçon à tous ceux qui à Hollywood ou ailleurs dépensent des sommes faramineuses pour des résultats bien souvent médiocres. Ce film a l’avantage d’être adapté aussi bien pour le grand que pour le petit écran, la surface du support n’enlève rien à l’intensité du drame qui se joue et sans connaître les échecs, on comprend les parties car ce sont les mêmes coups qui se jouent, ceux-là mêmes que les politiques emploient dans leur course au pouvoir.

Philippe Tesseron

http://www.espaceblog.fr/teletesseron/


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