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La F.S.U. et l’U.N.S.A. Éducation appellent à « renforcer les grèves » et à manifester massivement

Après une rencontre avec Luc Ferry et Nicolas Sarkozy et à la veille de la grande journée d’action pour les retraites aujourd’hui en France

3 juin 2003

Suite à sa rencontre hier avec deux membres du gouvernement au sujet du transfert de personnels de l’Éducation nationale aux collectivités locales, la Fédération syndicale unitaire (FSU) a diffusé le communiqué ci-après :
La rencontre avec Luc Ferry et Nicolas Sarkozy a marqué un changement de ton : les deux ministres se sont dits soucieux de répondre aux inquiétudes.
Nicolas Sarkozy a affirmé que le cheminement du projet de loi » demeurant « dans l’attente des résultats de la concertation : il ne sera présenté au Parlement » qu’à la fin de celle-ci. Le ministre a envisagé une date de dépôt la mi-septembre. Il a affirmé que le texte serait d’ici là « forcément changé » précisant qu’il n’y avait pas de « sujet tabou ».
La FSU a fait la proposition que le débat sur la décentralisation de l’école ait lieu en liaison avec le débat prévu sur les objectifs et les missions du système éducatif. Elle a demandé aux ministres d’examiner cette proposition et affirmé qu’il était indispensable d’avoir sur l’ensemble des dossiers des réponses précises et des annonces qui puissent être soumises à l’appréciation des collègues. Ces réponses doivent porter sur des engagements budgétaires, la révision du dossier surveillance et emplois-jeunes, les carrières et les retraites.
Elle a insisté pour que ces réponses puissent être faites au plus vite à l’occasion d’une séance réunissant l’ensemble des organisations représentatives.
Les ministres se sont engagés à faire de premières annonces en début de semaine prochaine et à poursuivre au-delà la négociation. Ils ont évoqué la journée du mardi 10 juin, sous la forme d’une réunion de toutes les organisations. La FSU a insisté pour qu’il en soit de même sur les dossiers de l’éducation et des retraites. La FSU a souligné son attachement au principe d’égalité et à ses traductions concrètes. Elle a contesté tout ce qui s’apparenterait à un éclatement du système éducatif et à une dilution ou une déformation de ses missions et demandé des garanties solides sur ces points.
La FSU appelle donc les personnels à poursuivre leur action, à renforcer les grèves et à s’engager massivement dans la journée du 3 juin.

Poursuivre la mobilisation

Après la FSU, d’autres organisations syndicales ont rencontré hier les ministres de l’Éducation nationale et de l’Intérieur : l’UNSA et le SGEN-CFDT. Aujourd’hui, FO, la FERC-CGT et la Fédération autonome de l’Education nationale (FAEN) doivent se succéder. Premières réactions :
« Je note une volonté des ministres de rouvrir globalement, sans a priori et sans tabous, le dossier de le décentralisation », a déclaré le secrétaire général de l’UNSA-Education Patrick Gonthier, reçu après la FSU. Cependant, pour lui, « le gouvernement fait des offres d’ouverture. C’est un premier pas, mais c’est insuffisant. Et ce premier résultat partiel a été obtenu grâce à la mobilisation des personnels qui doit se poursuivre ». « Nous avons mis des mois pour obtenir ce bout de négociations. Les personnels ne comprendraient pas qu’on s’arrête à ça », a-t-il ajouté.
Patrick Gonthier réclame notamment le gel pur et simple des mesures de transfert des personnels, ainsi qu’un calendrier de « véritables négociations », sans date butoir à la mi-septembre. « Il faut se donner le temps nécessaire et ne pas se laisser enfermer dans un calendrier limité », a-t-il estimé.
Hier après-midi, les deux ministres recevaient le Syndicat général de l’Education nationale-CFDT (SGEN-CFDT), puis termineront aujourd’hui leurs consultations sur ce dossier en recevant notamment FO, la FERC-CGT et la Fédération autonome de l’Éducation nationale (FAEN).

Retraites : le secrétaire général de la CGT rappelle que tout le monde est concerné
Bernard Thibault, le secrétaire général de la CGT, a rappelé hier que la mobilisation syndicale contre le projet de réforme des retraites risquait de « s’inscrire dans la durée » si le gouvernement ne reprenait pas « les discussions ».
Sur le dossier des retraites, Bernard Thibault a assuré que « la réponse appartient au gouvernement : c’est lui qui nous a placé dans cette impasse » en fixant « de manière unilatérale » la date-butoir du 15 juillet pour l’adoption du projet. « Le gouvernement continue de surfer sur une mauvaise réalité de la mobilisation : il ne s’agirait que de la fonction publique, des fonctionnaires mécontents du projet de retraites,loin s’en faut », a souligné le secrétaire général de la CGT. Il a d’ailleurs évoqué les régimes spéciaux de plusieurs entreprises publiques. Car contrairement a ce que laisse entendre le gouvernement, ces acquis sont concernés par les projets du gouvernement « si ce n’est pas immédiatement » du moins « le coup d’après ».
La SNCF, EDF-GDF, la RATP sont visés par la réforme des retraites « pour une raison simple : ce sont des entreprises publiques, la majorité des membres de leur conseil d’administration sont désignés par le gouvernement ». Il a précisé que le gouvernement allait tenir un discours qui sera le même sur ces régimes spéciaux, se prévalant de « l’équité entre tous les salariés ». La déclaration du secrétaire général de la CGT est une réponse à cuex qui accusent « les régimes spéciaux, tantôt d’être corporatistes et tantôt d’être présents, au moment où ils s’inscrivent dans un mouvement interprofessionnel ».

Autres réactions sur les retraites

FO : les salariés sacrifiés
Le « plan gouvernemental sur les retraites sacrifie les salariés du public et du privé, en particulier en termes de durée de cotisations et de niveau de retraites et prévoit une montée en charge des fonds de pensions ».
UNSA : « Logique financière du projet déséquilibrée ».
L’UNSA juge « nécessaire de consacrer une part plus importante du PIB aux retraites puisque la population vieillit alors que le gouvernement ne privilégie que l’instrument de l’allongement de la durée de cotisation ».
FSU : Rejet global du projet
Position de la FSU sur les retraites : rejet global du projet et plus particulièrement du choix de l’allongement de la durée de cotisation qui n’a « pas de sens » alors que « les deux tiers des salariés arrivent à 60 ans en n’étant plus en activité ».

"La chienlit"

Jean-Paul Virapoullé sur Radio Réunion
Invité des "Matinales" de Radio-Réunion hier matin, Jean-Paul Virapoullé a bien évidemment été interrogé sur les grèves qui se déroulent à La Réunion depuis plus de deux mois. « On est dans un climat d’intoxication mensongère », commençait-il.
Le sénateur fait référence aux menaces de démantèlement qui pèsent sur l’Éducation nationale. Mais il aborde la question en évoquant uniquement la question du transfert des personnels non enseignant vers les collèges et les lycées, dans le cadre de la décentralisation.
Soulignant que « il faut un dialogue », le sénateur-maire précisait : « un dialogue, oui, mais ne mettons pas en péril l’avenir de milliers de jeunes qui vont jouer leur va-tout dans quelques jours pour essayer de creuser un sillon digne dans la société ».
Ah bon, "jouer son va-tout", selon le Larousse, c’est jouer sa dernière chance. Autrement dit, la dernière chance des jeunes Réunionnais, c’est le bac. En dehors, pas de salut.
Et lorsque la journaliste lui rappelle les propos de Luc Ferry qui, dit-elle, ont « mis le feu aux poudres », Jean-Paul Virapoullé rétorque : « Non, il rétablit l’état de droit ». La situation "quasi-insurectionnelle" évoquée par le ministre Ferry, déclaration qui a « mis le feu aux poudres », est donc légitime. En clair, La Réunion, confirme Jean-Paul Virapoullé, est au bord de l’insurrection.
Déclarant faire « une proposition consensuelle aux grévistes, aux enseignants - aux enseignants non grévistes, on ne parle pas d’eux, mais il faut leur rendre hommage parce qu’ils se font insulter par les grévistes - », il propose purement et simplement de « reprendre les cours » pour "préparer les examens", les faire passer, et reprendre la grève... par la suite. « La force de la loi doit s’opposer à la force de la chienlit. C’est aussi clair que ça ».
Tiens, la chienlit. Le mot "chienlit" a été vulgarisé par le général de Gaulle.
« La réforme oui, la chienlit non ! » avait-il dit, en mai 1968 (le 19 ou le 24, selon les sources) à un moment où la France vivait des heures... agitées. Qui ne sont pas sans rappeler celles que l’on vit aujourd’hui. Les mêmes causes provoquant souvent les mêmes effets.
« Si la réforme n’est pas prête dans les têtes, qu’on crée un moratoire ».
Il y a pas si longtemps, moins de deux mois, Jean-Paul Virapoullé expliquait que ce projet de décentralisation n’était que "virtuel", qu’il n’y avait rien de concret. Quelques jours plus tard, il parlait d’un moratoire. C’était assez surprenant : comment créer un moratoire sur quelque chose qui n’existait pas ? Si le sénateur maire avançait l’idée d’un moratoire, c’est qu’il savait pertinemment que "quelque chose" se préparait. Pourquoi avoir alors "transformé" la vérité ?
Tout l’entretien était dans ce style. Avec cette constante dans les déclarations : il minimise les revendications et passe à côté des véritables problèmes.
On peut également se demander si l’entretien n’était pas conçu comme un vaste pamphlet : du style "je ne suis pas raciste, mais....". Adapté à ce cas, c’est : je n’ai rien contre les fonctionnaires.... et dans la phrase suivante d’évoquer "les privilèges"...
"je ne suis pas contre la grève mais...." c’est la chienlit.
"je ne suis pas contre les manifestations mais....." ce sont des prises d’otages. (1)
Des questions claires, mais aucune réponse claire. Et surtout pas au sujet des emplois-jeunes et notamment des aides-éducateurs. Les ministères ont été saisis. On voit avec quelle réussite....

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