Politique

La fièvre prospective

Quand La Réunion scrute son avenir

22 avril 2003

Études, analyses, travaux de fictions... La Réunion semble touchée par une ’fièvre prospective’. L’avenir n’est plus perçu à court terme, mais à une échéance plus longue. Et un point commun traverse tous ces documents : le sentiment que, si l’on continue comme cela, sans rien changer, La Réunion va droit dans le mur....

Dans son numéro de dimanche, "Le Quotidien" consacre son dossier dominical à ce qui ressemble à une fiction : La Réunion de l’an 2030. "Le futur comme si vous y étiez" annonce en accroche le journal du Chaudron. « De quoi sera faite la vie en 2030 ? », interrogent les auteurs du dossier qui répondent : « La Réunion abritera un million d’habitants, s’entassant sur un littoral constellé d’immeubles et se déplaçant grâce à un tram-train reliant Saint-Benoît à Saint-Gilles. La politique sera dominée par le mouvement régionaliste, la canne à sucre reléguée au musée ». « En exclusivité, voici l’édition du "Quotidien" du 20 avril 2030 » annonce le journal.
Le dossier de l’équipe dirigée par Jean-Louis Rabou est à inscrire dans une panoplie de documents ou d’initiatives récents qui, tous, essaient de décrire ce que sera La Réunion en 2020 ou en 2030. Parmi ces études, nous pouvons rappeler les travaux de "Futurs Réunion", groupe de personnalités travaillant à la demande de l’ODR à plusieurs scénarii, un numéro de la revue "Akoz", l’étude faite par le CESR sur "La Réunion de 2020", les travaux de l’INSEE sur la perspective de 2030 - dont une partie a été rendue publique lors des débats des Assises des libertés locales ou encore - plus récemment, le séminaire organisé par la DDE et l’ARMOS autour du problème du logement pour les décennies à venir.
Le dossier du "Quotidien" qui s’inspire en grande partie des scénarii bâtis par "Futur Réunion" est construit sur un mode où une grande place est laissée à l’imagination [1]. Il consacre une page à la description de la situation institutionnelle de La Réunion en 2030 ; le journal du Chaudron situe en 2022 un changement qui fait que l’île se retrouve dirigée alors par un « gouvernement régional ». Comme "Futurs Réunion", "le Quotidien" fait, dans ses perspectives, une place importante à l’évolution statutaire de l’île.

Une vision enfin à plus long terme

Cette fièvre prospective a une origine commune : la perspective du million d’habitants, population de l’île vers 2025 et ses conséquences en termes de création d’emplois, d’aménagement, de construction de logements, etc., etc., etc.... Faut-il le rappeler que c’est le PCR qui, il y a une dizaine d’années qui été le premier à attirer l’attention sur cette donnée ?
Toujours est-il que La Réunion ne regarde plus son avenir seulement à très court terme, c’est-à-dire pour les deux à trois ans à venir, mais sur un terme qui, tout en étant plus long n’est pas aussi lointain que cela.
Ce phénomène est relativement récent. Il ne s’explique pas seulement la proximité de plus en plus grande de l’échéance fixée. Ce n’est pas seulement le fait de se rapprocher du terme de 2030 qui excite les esprits et fait s’interroger. Le sentiment est qu’avec la politique menée actuellement ou encore celle qui est proposée, La Réunion ne pourra pas répondre aux défis qui lui sont posés. L’impression d’aller "droit dans le mur", si rien ne change, est prédominante. Le contexte actuel, tant sur le plan international avec la mondialisation, qu’européen avec l’élargissement, français avec une croissance qui tarde à revenir que réunionnais, avec le taux de chômage - est source d’inquiétudes.
Toutes ces projections n’intègrent pas cependant un autre facteur : celui du changement climatique qui devrait "jouer" de manière décisive mais dont les effets, faute de recherches adéquates, sont encore mal évalués.


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