À 20 heures 10 sur TPS Ciné Culte Parabole Réunion : ’Dupont Lajoie’

La France des années 70 où le racisme n’est pas déguisé

29 août 2006

Film français d’Yves Boisset. Avec Jean Carmet (Georges Lajoie), Ginette Garcin (Ginette Lajoie), Isabelle Huppert (Brigitte), Pascale Roberts (Mme Colin), Jean-Pierre Marielle (Léon Tartaffione), Pierre Tornade (Colin).

Georges Lajoie, patron de bistrot de Paris, prend la route des vacances en compagnie de sa femme et de leur fils, et leur superbe caravane neuve. Dans un camping du Languedoc, il retrouve comme chaque année les habitués des lieux, les gueuletons, la plage et les jeux animés par Léon Tartaffione, le célèbre présentateur de télévision. Un soir, au dancing, un incident éclate entre touristes, parmi lesquels Lajoie et deux ouvriers algériens d’un chantier proche. Le lendemain, Lajoie, à la recherche d’un peu de calme, se promène dans un coin isolé où il rencontre Brigitte Colin, la fille de l’un de ses amis. Perdant tout contrôle, Lajoie tente de violer la jeune fille, puis la tue accidentellement...

"Dupont Lajoie", à sa sortie, a fait couler beaucoup d’encre. Il décrit pour la première fois, de façon non voilée, le racisme à la française. Même si le film a quelque peu vieilli, les vieux démons sont toujours aussi présents. Transposé à notre époque, ce film serait malheureusement encore d’actualité. Il est vrai que le racisme de nos jours est présent de manière beaucoup plus déguisée, ce n’est plus le gros racisme franchouillard de "Dupont Lajoie", mais on a toujours une bonne excuse pour ne pas aimer une communauté. Tandis qu’à cette époque, alors que le plein-emploi existait encore et comme il ne pouvait y avoir la réponse facile du genre : "l’autre, l’immigré risque de prendre mon emploi", les attaques étaient plus directes.
Ce film est terrible parce qu’il est sans concession, le racisme n’est pas déguisé. Ouvertement provocant, Claude Boisset a su retranscrire la vie de l’époque, il nous montre la France des années 70 où les idées poujadistes avaient encore droit de cité. Même si parfois on se dit que de nos jours ce n’est pas mieux, il faut reconnaître que la législation ayant évolué, de nombreuses associations ont vu le jour, alors le racisme se fait un peu moins outrancier, même si certains continuent à diffuser ce sentiment innommable.
Ce soir, nous retrouverons le regretté Jean Carmet dans le rôle d’un des plus grands salops du cinéma français. C’est dans ce genre de rôle de composition que l’on reconnaît l’étoffe des grands acteurs.

Ph. T.


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