
Hommage à la femme de Bruny PAYET
1er juillet, parLa section PCR du Port apprend avec une profonde tristesse le décès de Nadia PAYET, ancienne déléguée syndicale CGTR. Militante engagée et (…)
Social
10.000 personnes menacées de perdre leur emploi
13 août 2003
Plus de trois cent personnes ont marché hier matin, pendant plus de 4 heures, entre Le Port et Saint-Denis, pour montrer leur attachement à une valeur fondamentale : celle du droit au travail pour toutes et tous. Un travail pérenne ou un travail précaire. Car, à La Réunion, bien souvent, on n’a pas le choix. C’est donc sous le signe de l’emploi, de tous les emplois, créés ou à créer, que cette marche s’est déroulée.
7 heures 30 devant la mairie de la cité maritime : les Portoises et les Portois se rassemblent. Des femmes et des hommes connus, adjoints au maire ou conseillers municipaux, des responsables de structures d’insertion, d’associations, des employés, en contrat précaire ou non, des sans emplois, des jeunes, des moins jeunes. Ceux qui, déjà en 1973, s’étaient lancés dans cette grande marche. Une expérience du passé qui, d’ailleurs, a été l’un des sujets de conversation durant ces quatre heures. Car certains, comme Michel Séraphine, ou le père Jeannick Fontaine, "y étaient déjà", en juillet 1973. Dans un contexte un peu différent, certes, mais avec la même volonté, la même motivation, la même foi. Pour l’anecdote, cette journée d’hier était exceptionnelle à plus d’un titre : elle célébrait un double anniversaire. Celui de cette marche de 1973 d’une part, et, jour pour jour, la date de son ordination de prêtre.
Il y avait des hommes, des femmes, du Port ou d’ailleurs, qui expliquaient que leur présence dans cette marche, était « évidente », car, « même si j’ai la chance d’avoir un travail », « je ne sais pas ce que demain sera fait ». D’autres, un peu plus âgés, pensent à leurs enfants : « ma fille est encore au collège, mais je ne sais pas ce qu’elle va faire, je ne sais pas si elle aura un travail. Et si elle n’en a pas, si tous les dispositifs d’emplois dits aidés sont supprimés : que va-t-elle devenir ? ».
Inquiétudes
Les CES ou CEC sont inquiets, très inquiets. Ceux qui ont un contrat en poche précisent : « nous, on a eu de la chance, on a notre contrat, il est signé pour 6 mois, après on va toucher le chômage, mais au moins, on aura pu travailler un petit moment ». D’autres sont plus expansifs : « c’est dégueulasse, de faire ça, le CES, pour moi, c’est la seule chance de travail : j’ai fait le c.. à l’école, je n’ai pas appris, j’ai quitté l’école à 16 ans, et depuis je bèk la klé, mi gagn pa fèr viv mon famille ek sala ».
Certains expliquent qu’il leur a fallu du temps, pour comprendre : « je ne voulais pas faire des manifs, parce que c’est de la politique. Et que la politique... mais, j’ai compris que si nou bouz pa nou gagn ryen ». L’un de ses dalons, passant devant le cimetière, harangue celles et ceux, en contrat précaire, qui, eux, pour tout un tas de raisons, n’ont pas choisi - ou pu - venir marcher : « restez là, mais venez pas dire après que vous voulez travailler, quand il n’y aura plus rien. Ce sera trop tard ».
Des encouragements
À La Possession, le cortège s’étoffe. Des retardataires prennent la marche en route. Les discussions vont bon train. On parle de tout, des CES et des menaces qui pèsent sur les dispositifs d’emplois aidés. Mais aussi des enfants, de la mer (et de la belle-mère), des centres de loisirs, de politique, de vacances, d’élections, de mode.
Et l’on s’engouffre sur la route du littoral, basculée spécialement pour l’occasion. Flotte comme une sorte d’euphorie : « super, on en a fait déjà le quart ». « Plus que 15 kilomètres ».
Quelques kilomètres plus tard, chez certains, la fatigue commence à se faire sentir. « Je vais m’arrêter à La Grande Chaloupe ». Et l’on commence à se raconter ses bobos : les ampoules (car on a oublié de mettre des chaussettes), des mouvements qui deviennent plus durs (à cause d’un jean qui serre trop). Des mollets qui deviennent de plus en plus durs. Des muscles qui commencent à crier à l’assassin...
Un Possessionnais, à vélo, remonte la marche, s’arrête et discute avec tout un chacun : « on a de la chance, il ne fait pas trop chaud, ni trop froid ».
Et tout au long du parcours, les marcheurs auront eu des petits coups d’encouragement, coups de klaxon, essentiellement, de voitures, camionnettes ou camions allant aussi bien sur Saint-Denis que vers Le Port. D’ailleurs, dans cette direction, puisque la vitesse était limitée, les automobilistes avaient beaucoup plus de temps pour voir "la tête" des marcheurs. Et il n’a pas été rare de voir des automobilistes ralentir fortement, histoire de lancer quelques phrases d’encouragement à des amis marcheurs. Ce qui a provoqué des ralentissements...
Sauvegarder ces 10.000 emplois
Petite halte à La Grande Chaloupe. Pour certains, l’objectif qu’ils s’étaient fixé était atteint : « je m’étais dit, que, comme je ne fais pas de sport, si j’allais jusqu’à La Grande Chaloupe, ce serait suffisant... Mais non, je ne vais pas arrêter maintenant ». D’autres proposent : « Moi, je vais jusqu’aux potences, après.... ». Et une fois aux potences, sous les encouragements des autres, ils iront jusqu’au bout.
Une fois aux potences, la situation se complique un peu : jusqu’ici, toute la route était aux marcheurs, maintenant, les autos roulent. Certes, sur une file, et entre les marcheurs et les voitures, des gendarmes à moto.
Certains ne sont guère rassurés de marcher sur cette route, à côté des voitures. « Et en plus, on va devoir passer sous le tunnel ». Lequel tunnel a été "testé" : oui, l’écho fonctionne à merveille. Cette marche était jusque là silencieuse, même si du côté des animateurs de l’ADAP - le métier ne s’oublie pas comme ça -, les premiers kilomètres ont été "rythmés" par des mélodies chantées traditionnellement par des enfants ou des ados partis en promenade... Et sous le tunnel, c’est le moment de la "récréation", de défoulement.
Enfin, enfin, on arrive au Barachois. Une bonne partie de celles et ceux qui ont marché pendant ces quatre heures se font cette réflexion : « je suis content(e), je ne croyais pas pouvoir y arriver ».
Et oui, c’est fait. Elles et ils ont marché pour l’emploi. Pour sauvegarder ces 10.000 emplois. Pour sauvegarder les dispositifs d’emplois dits aidés.
État de vigilance |
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Une délégation en préfecture |
À l’arrivée de la marche, Michel Séraphine, Monica Govindin, Édith Zopire, Maryse Tossem, Gladys et France-Neige, (les deux aides éducatrices qui avaient fait la grève de la faim), Paris Paniandy, Robert David vont déposer la lettre du maire du Port (voir encadré ci-après) en préfecture. Ils sont reçus par le directeur de cabinet du préfet. Une bonne demi-heure plus tard, ils ressortent et expliquent le contenu de leur rencontre. Michel Séraphine prend la parole le premier et explique le pourquoi de cette marche : ne pas voir disparaître des milliers d’emplois CES ou CEC. « Aujourd’hui, aucune décision n’est encore prise quant à la réunion du comité directeur du FEDOM ». Aucune date ne figure, en effet, sur les calendriers gouvernementaux. Toujours est-il que la préfecture s’est engagée à faire "remonter" à Paris « l’exaspération de la population réunionnaise », notamment la population la plus défavorisée, principalement touchée par cette baisse. « Notre marche a été digne, notre combat est digne. Mais nous sommes plus que jamais certains que la mobilisation des Réunionnaises et des Réunionnais restera ferme et forte ». Monica Govindin reprend les points abordés lors de cette réunion : le nombre d’emplois supprimés, de familles touchées, les secteurs concernés par cette baisse (tous, car si les CES travaillent souvent pour la commune, ils sont aussi employés par des associations œuvrant dans tous les domaines), et les conséquences que cette baisse aura pour la population réunionnaise la plus démunie, mais aussi pour l’économie réunionnaise. La conseillère générale du Port regrette aussi que cette réunion n’ait pas pu apporter le moindre début de réponse quant à la date de la réunion du FEDOM, ni quant aux orientations souhaitées par le gouvernement. « Nous resterons vigilants par rapport aux informations qui pourraient circuler ». Pour Paris Paniandy, « le gouvernement tape sur les plus démunis. Nous avons fait plusieurs manifestations, mais nous avons fait aussi beaucoup de propositions. Plus que jamais, nous resterons mobilisés pour l’emploi ». Et d’évoquer toutes les structures comme le comité local de sécurité, et autres, mises en place pour insérer les populations en difficulté, à qui on ne donne pas les moyens humains de travailler. C’est donc un gâchis « et dès demain, nous allons déterminer les actions qu’il faut mener rapidement ». Hier matin à la préfecture, le représentant de l’État n’était pas informé du fait que, selon ce que la ministre a dit le soir sur Télé-Réunion, le quota de CES pour le 1er semestre sera reconduit pour le second. Étonnant, non ? Correspondante |
La lettre du maire du Port remise par les marcheurs au préfet |
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Monsieur le Préfet, La baisse importante annoncée du quota des emplois aidés au titre du second trimestre 2003 constitue pour nous et pour l’ensemble des collectivités une source de très grande inquiétude tant pour le fonctionnement des services municipaux que pour la sérénité d’une partie importante de notre population. Pour ce qui concerne le fonctionnement des services de la ville, il faut savoir que notre besoin en CES depuis quelques années est de l’ordre de 530 contrats, dont près de 280 pour les écoles primaires et maternelles. Ce nombre de CES est à rapprocher du personnel permanent de la Ville, qui totalise 635 agents, dont 75 titulaires. La ville emploi par ailleurs 95 CEC. La réduction, si elle devait se confirmer, ramènerait le nombre de contrats CES pour le Port à 194, soit 65% de moins. Nous ne voyons pas dès lors comment faire fonctionner l’ensemble des services municipaux dans de bonnes conditions, et en particulier les écoles de la ville pour la prochaine rentrée scolaire dans quelques jours. Cette situation chiffrée du Port n’est guère différente pour les autres communes, et sans doute même encore plus préoccupante pour certaines. Le fonctionnement des services municipaux n’est pas tout. Il y a aussi la sérénité de la population. Certes, ces contrats aidés ne sont pas la panacée, loin s’en faut, mais ils permettent de calmer l’exaspération justifiée de bon nombre de personnes en situation de très grande détresse. La fin annoncée de ces emplois sans aucun autre dispositif de remplacement conduira inévitablement à des comportements de violence incontrôlables. L’aggravation des situations de précarité d’une bonne partie de la population et les risques d’explosion sont, à notre sens, suffisamment importants pour que tous ensemble nous agissions pour que les mesures de réduction des emplois aidés ne soient pas entérinées par le FEDOM. C’est le sens que nous avons souhaité donner à la marche pour l’emploi organisée ce 12 août 2003. Veuillez agréer, Monsieur le Préfet, l’expression de notre considération distinguée. Le Maire du Port |
Le C.E.D. écrit aux parlementaires |
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Le Collectif Emploi en Danger a envoyé la lettre suivante hier aux parlementaires « de la majorité présidentielle à La Réunion » : « Madame, Monsieur, nous avons pris connaissance de votre courrier à Mme la ministre de l’Outre-mer, Brigitte Girardin, au sujet du quota des CES pour le second semestre 2003. La présente est pour vous dire toute la satisfaction et les encouragements du Collectif Emploi en Danger. Nous sommes particulièrement sensibles aux différents motifs que vous portez à l’attention du gouvernement. Nous sommes très heureux de vous voir rejoindre les rangs de nos revendications. Il faut dire que les idées que vous défendez en l’espèce sont celles que nous avons toujours soutenues, partageons et font partie de nos revendications depuis le départ. Aussi, le Collectif se met à votre entière disposition pour qu’ensemble nous puissions unir nos forces pour le bien des Réunionnaises et des Réunionnais. Si tel est votre désir, notre souhait serait de voir aboutir favorablement les attentes de La Réunion profonde. vous en souhaitant bonne réception. Ensemble, luttons pour que La Réunion ne soit pas la France du sous-sol ». |
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