Politique des déplacements

La longue route de ’Vélo Vie’

Rencontre entre les élus, la D.D.E. et les cyclistes ce matin à la Région

5 avril 2003

Comme on le sait, le Conseil régional de La Réunion a engagé une politique volontariste pour favoriser la pratique du vélo dans notre pays, à côté des autres moyens de déplacements. Ainsi, il s’est fixé entre autres comme objectif de réaliser - avec le concours de la Direction départementale de l’Équipement (D.D.E.) - des pistes cyclables circulaires à l’ensemble de l’île, en articulation avec le réseau des routes nationales. Cette articulation devra également trouver sa traduction sur les territoires communaux.
Suite à l’émotion suscitée dans le monde cyclotouriste et cycliste réunionnais par les accidents dont deux des leurs ont été victimes récemment, le président de la Région a souhaité, en relation étroite avec la DDE, informer les personnes concernées de ce qui s’est mis ou se met progressivement en place pour faciliter l’accès des cyclistes à la route. Les responsables de la collectivité ont également souhaité faire le point sur ce qui peut être offert dans l’immédiat comme possibilité de pratique du vélo à La Réunion.
Le président du Conseil régional a donc convié les responsables des divers groupements cyclistes du pays à une réunion de travail avec les techniciens de la DDE ce matin à 10 heures à la pyramide inversée du Moufia. Les maires et leurs collaborateurs concernés par ce sujet ont également été conviés.
À cette occasion, Daniel-Omer Hoarau, président de Vélo-Vie, a fait parvenir cette semaine à ses adhérents, sympathisants et partenaires une longue note, qui fait le bilan sur le travail accompli par cette association depuis sa création en octobre 1998 afin de promouvoir l’usage du vélo dans notre pays. Dans un premier temps, il présente les sincères condoléances de Vélo Vie aux familles de Jean-François Jouvelet et de Maurice Payet, les deux cyclistes décédés accidentellement. On trouvera ci-après de larges extraits de cette note. Elle montre que l’on ne part pas de rien dans ce domaine et que la concertation entre le monde associatif, les collectivités et les services de l’État en charge de la ’politique vélo’ à La Réunion ont déjà réalisé des équipements favorisant l’usage de la petite reine avec sécurité.
Mais ce n’est pas suffisant et les projets tardent à se réaliser. Cependant, nul doute que la concertation entre les décideurs et les bénéficiaires de ces projets ainsi que la mobilisation constante des usagers peuvent accélérer le processus. C’est ce qui ressort du bilan de Vélo-Vie que nous présente Daniel-Omer Hoarau.

Depuis 5 ans nous travaillons sans relâche avec toutes les instances qui ont compétence dans le vélo : État-Préfecture, Région, Département, communes, communautés de communes, État-DDE, Offices municipaux des sports… Nous sommes pour une pratique plus sécuritaire du vélo, qu’elle soit de compétition, de transport ou de loisir, en ville, sur route ou en milieu naturel.
Depuis 5 ans, nous mouillons notre chemise, faisons du porte à porte et nous faisons connaître aux collectivités nos objectifs concernant la sécurité pour les vélos. Notre action ne date pas d’aujourd’hui, nous sommes sensibles à tous les accidents dont sont victimes les cyclistes et qui viennent chaque fois renforcer notre volonté d’œuvrer pour obtenir davantage d’aménagements sécurisés. (…)
Il y a quelques années, le Comité de cyclisme a fait réaliser une étude des points dangereux sur les routes nationales. Malheureusement, cette étude eut peu d’effets. Plus récemment, dans le cadre de la Sécurité Routière, la Préfecture a mis en place en 1996 une structure de réflexion sur le sujet. Plusieurs pratiquants du vélo ont perçu la nécessité de faire savoir que la pratique du vélo est en danger alors qu’elle constitue une alternative aux déplacements, mais que doit aussi être prise en compte la pratique de compétition ou de loisir. D’où la naissance en octobre 1998 de l’association Vélo Vie.

Le problème n’est pas simple

Il existe bien une loi sur l’air précisant que tout aménagement routier doit tenir compte des autres modes de déplacement à égalité de traitement. Toutefois, depuis la construction de la route du littoral en 1975, beaucoup d’infrastructures ont été réalisées pour la voiture, beaucoup moins pour le vélo.
Il est vrai que le problème n’est pas simple. Les aménagements nécessaires à la pratique du vélo sont spécifiques. Un vététiste aura des besoins différents de ceux du cycliste sur route, les pratiques de compétition, de loisirs ou de déplacement sont différentes. Autrement dit, traiter un aménagement vélo est un exercice de haute voltige. Il y a toujours une catégorie qui se sentira lésée.
Cet exercice n’est pratiqué à La Réunion que depuis 4 à 5 ans. Les premiers aménagements spécifiques ne datent que depuis 2 à 3 ans. Les élus, les techniciens et nous-mêmes, pratiquants de tous bords, manquons de recul. Nous avons presque 30 ans de retard sur la voiture. Cependant nous devons aider les élus et les techniciens dans leur choix. Nous devons leur faire savoir les aménagements qui nous permettraient d’avoir une pratique sécurisée.

81 propositions

En 2001, nous avons remis à la Région et à la DDE un document de 81 propositions d’aménagements cyclables sur routes nationales. Il est basé sur des principes de bon sens :

- continuité des itinéraires ;

- itinéraires hors des 2 x 2 voies ;

- accotements revêtus sur une largeur suffisante (1,75 minimum).
Les aménagements cyclables comme les aménagements pour les voitures doivent faire partie d’un projet global d’itinéraire. Il est possible cependant de réaliser rapidement des tronçons dont la finalité est indiscutable.
Il faut reconnaître que la mise en œuvre de ces 81 propositions est timide. Un plan massif de sécurité routière pour les vélos doit être mis en place et réalisé suivant un programme pluriannuel. La tâche sera ardue, car beaucoup de paramètres interviennent : le manque de terrains, le coût des infrastructures, les grands projets en cours, dont le TCSP (transport collectif en site propre).
Il existe une volonté politique de la Région, maître d’ouvrage des travaux sur routes nationales. Le président Vergès l’a rappelé lors de l’inauguration de l’axe mixte entre Le Port et Saint-Paul, où il a rappelé sa volonté de la mettre en œuvre rapidement un itinéraire cyclable sécurisé autour de l’île.
Le président de la République a mis comme une de ses principales priorités la sécurité routière. L’État, relais régional de cette politique, maître d’œuvre des travaux sur les routes nationales par l’intermédiaire de la DDE, saura-t-il assumer ses responsabilités ? Nous sommes persuadés qu’il sera capable de relever le challenge.

Du travail de long terme

Les derniers aménagements lourds réalisés en 2002, comme la RN 7 (axe mixte entre Le Port et Saint-Paul), l’aménagement de l’ex RN 2 en bord de mer de Sainte-Marie et la passerelle du Butor, montrent une volonté de prise en compte de la pratique du vélo par la Région, la DDE et la CINOR en concertation avec notre association. Il est certain qu’on peux mieux faire et que des finitions sont à apporter !
Plus nous serons nombreux au sein de l’association, plus nous aurons de force pour faire aboutir nos idées. Notre bilan prouve que nos efforts n’ont pas été vains pendants ces 5 années. Nous sommes reconnus par les instances locales. Les associations de cyclistes de métropole ont commencé ce travail depuis 15 à 20 ans. Toutes sont unanimes pour dire que c’est du travail de long terme.
Nous désirons accueillir les cyclistes qui souhaitent un développement durable de la pratique du vélo conforme avec nos objectifs.

Conseils aux cyclistes
Pour Vélo-Vie, « en modifiant nos comportements, peut-on avoir plus de sécurité sur les routes actuelles ?

Si le code de la route était appliqué, cela permettrait de réduire de manière très importante les accidents dont les cyclistes sont les victimes.

Le cheval de bataille de notre association c’est le respect du 1 mètre 50 pour doubler un cycliste. Un automobiliste ne doit pas oublier que les 2 roues, motorisés ou pas, n’ont pas de carrosserie protectrice et que sur cet engin il y a un être humain qui pourrait être un proche ou un ami. Dans un accident, le 2 roues paie cash, il n’a aucun moyen pour se protéger, sinon un modeste casque. Patienter quelques secondes pour doubler un vélo ne vaut-il pas la peine pour éviter un accident et le drame humain qui suit avec une famille désemparée ?

Le code recommande d’autre part que les vélos roulent en file indienne. Une voiture, si elle ne peut pas passer, sera tentée de faire une manœuvre de dépassement qui mettra à coup sûr en péril les cyclistes.

Autres conseils de sécurité de base :

- ne jamais sortir seul sur route

- mettre un casque

- porter des vêtements clairs.

De nombreux clubs peuvent accueillir les pratiquants occasionnels ou confirmés ; que se soit le Comité Régional de Cyclisme avec une licence vélo loisir (tél 0262 22 64 08) ou le Comité Départemental de Cyclotourisme (tél 0692 25 73 15), avec des conseils éclairés et un programme de sorties sur l’année. La licence permet en outre de bénéficier d’une assurance dans le cadre de la pratique du vélo ».

Vélo-Vie
L’association Vélo-Vie est née devant le constat de la forte dégradation des conditions de la pratique du vélo, en ville, sur route et en milieu naturel.

Tous les comités régionaux pratiquant la bicyclette ont été invités pour être membres de l’association comme personnes morales. Actuellement, continuent à œuvrer au sein de l’association le Comité Régional de Cyclisme, le Comité Départemental de Cyclotourisme et la Maison de la Montagne, soit une représentation de près de 2.000 cyclistes.

Les objectifs de l’association sont :

- défendre et promouvoir la pratique du vélo en toute sécurité en ville, sur les routes et en milieu naturel ;

- rappeler en toutes circonstances les droits et les devoirs du cycliste ;

- encourager la réalisation des infrastructures et équipements propres au vélo dans toutes les communes de l’île.

Ses coordonnées sont : Maison des Associations, 14 rue Moulin à vent 97400 Saint-Denis. Tél : 0262 21 00 67. Fax 0262 21 00 66. Mail : [email protected]


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus