La multiplicité élargi-t-elle l’éventail de la qualité ?

15 mai 2006

De retour après un mois de longue absence, mon premier réflexe est bien entendu de me jeter sur la zapette pour me rendre compte qu’il n’y a pas grand-chose de changé dans le paysage audio-visuel réunionnais. Mais rassurez-vous, lors de mon périple en métropole, j’ai jeté plusieurs fois les yeux sur les chaînes de télévision "zoreilles" et croyez-moi, ce n’était pas plus folichon. Je serais tenté de dire que notre télévision "péi" n’a pas à rougir et pourtant lorsque l’on saute la mer, on pourrait s’attendre à mieux ! Que nenni ! Comme quoi, le syndrome de la goyave de France a encore de beaux jours ! Faut-il s’en inquiéter ou bien s’en rassurer ? La multiplication des canaux ne fait que multiplier la médiocrité. Pensez comme cela va être difficile pour moi de critiquer notre Télé alors que celle de la mère-patrie est, si ce n’est pire, au moins toute aussi lénifiante.
Vais-je vous recommander avec l’hiver austral qui s’avance de vous réfugier dans les bibliothèques, théâtres et autres salles de cinéma pour y glaner la culture qui vous est due ? Je l’ignore car lorsque je vois les programmes de cinéma de notre île, je me pose la question "était-ce nécessaire d’accorder autant de terrain pour construire des multiplexes au seul but d’y diffuser le même film américain dans plusieurs salles ?".

Un peu de qualité dans flot d’inepties

Si je voulais suivre la critique bien pensante, je vous recommanderai de courir voir le dernier film de Tom Cruise, mais que voulez-vous ?! Je ne peux me résoudre à vous envoyer donner votre argent à l’église de scientologie, car de l’aveu même de son plus éminent représentant, le sieur Tom Cruise lui-même, la majeure partie de ses cachets est reversée à cette secte. J’ai tout de même trouvé quelques différences entre notre île et la métropole : De l’autre côté de la mer, la multiplicité permet de mieux faire son marché et de trouver, dans le flot d’inepties diffusées, un peu de qualité, je ne parle bien entendu que des salles de cinéma. Il faut tout de même avouer que tout comme nous, les Métropolitains peuvent, s’ils en ont les moyens, s’abonner aux chaînes paraboliques et autres câbles, c’est toujours mieux que les programmes pseudo-gratuits des canaux hertziens.
Oui, mais voilà, ça coûte cher ! Il y a aussi une autre différence entre nos 2 paysages audio-visuels, c’est la TNT (Télévision Numérique terrestre). Alors que nous avons tout juste senti le parfum de cette grande avancée technologique, les Métropolitains y ont goûté et en redemandent. Il y a également l’accès à la télévision par Internet, mais là, je dois vous avertir que vous pouvez toujours rêver !

Rêve inaccessible

Pour que cela fonctionne chez nous, il faudrait un véritable réseau haut débit. Lorsque l’on sait que les Métropolitains, en une seule fraction de seconde, ont toutes les images du monde sur leurs écrans et que lorsque l’on fait un click à La Réunion, c’est tout juste si l’on n’entend pas les pédaliers des vélos servant aux employés de Wanadoo pour arriver à nous fournir du 56k que l’on nous vend pour du 512k, vous comprendrez mieux ce qu’est l’inaccessible rêve.
Donc je vais reprendre mes critiques quelque peu rassurées par le fait que ce n’est pas toujours mieux ailleurs et que, comme le chantait si bien Georges Brassens, "Auprès de mon arbre, je vivais heureux, je n’aurais jamais dû m’éloigner de mon arbre", mais l’humain est ainsi fait qu’il pense toujours que l’herbe est plus grasse dans d’autres contrées.

Ph. T.


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