“La presse et l’instruction judiciaire”

11 août 2007

C’est le titre d’un ouvrage écrit par Thomas Fourrey et édité par Bruylant. L’auteur est actuellement élève-avocat et effectue une partie de sa formation au sein de la Direction juridique du Conseil supérieur français de l’audiovisuel. Ce livre nous paraît intéressant, surtout à la lumière de ce qui s’est passé récemment dans notre île, et la façon dont les médias, presse écrite et audiovisuelle, ont traité le fait-divers sur les agissements de la secte auteur de l’enlèvement du jeune Alexandre. Où la limite entre information et spectacle a été franchie...

Voici la présentation qu’en fait son éditeur :
« Il se joue entre le juge et le journaliste un jeu de poker-menteur, un jeu qui fonctionne selon des règles tacites, élaborées en parallèle des textes législatifs, qui fixent une ligne jaune que le journaliste se doit de ne pas franchir. Au-delà de cette ligne, il sera sanctionné.
C’est le tracé de cette ligne jaune, tirée des textes et de la pratique, que l’ouvrage étudie : cette ligne est tracée en fonction de textes qui, nous le verrons, ne sont pas appliqués, et de pratiques qui se doivent de respecter un certain cadre, à se demander si une sorte de coutume ne s’est pas instaurée, éloignée de la lettre des textes.
L’ouvrage étudie ce cadre lorsqu’il est porté atteinte aux droits personnels des personnes impliquées dans une procédure ainsi que la question des atteintes portées à la procédure, au système judiciaire dans son ensemble lorsque est violé le caractère confidentiel de l’instruction avec cette idée selon l’auteur que cette situation bancale n’est que le reflet de la procédure : on ne peut demander à la presse d’être plus vertueuse que le système qu’elle décrit. (...)
Comment évoluent les rapports, souvent ambigus, entre juges et journalistes quand la publication d’une information, sous couvert de “devoir d’informer”, porte atteinte aux droits individuels des inculpés ? Des restrictions à la liberté absolue de publier existent déjà : le respect de la présomption d’innocence, le “floutage” du visage de certains prévenus, l’interdiction de montrer une personne menottée ou de publier des sondages sur son éventuelle culpabilité (aux Etats-Unis, en revanche, les sondages servent parfois à justifier le déplacement d’un procès quand les conditions de sérénité ne seraient pas garanties dans un endroit précis). Faut-il aller au-delà, ou en deçà ? (...) ».

Un ancien journaliste d’un des deux journaux qui ont relaté en long et en large le fait-divers sur la secte et l’arrestation de ses membres, a été particulièrement troublé par le traitement de cet événement : « Le fait de voir photographié et même filmé ces gens-là, menottes aux poignets, jusqu’à assister à leur interrogatoire, avec la complaisance des policiers, - alors que c’est interdit par la loi -, jusqu’à cette foule en furie appelant au lynchage, montre qu’une ligne rouge vient d’être franchie. La course au sensationnel a un prix. Malheureusement, la note risque d’être salée pour notre société, si on continue comme ça ».

L’Intérimaire


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