Économie et formation : clôture du Carrefour de l’Image de l’Océan Indien

« La Réunion doit jouer de ses spécificités pour se faire une place dans le concert international de l’image »

Alain Séraphine, président de l’I.L.O.I.

3 février 2003

« Cela a été un carrefour de réflexion, d’échanges, de veille technologique, d’aide à la décision. Sans oublier une partie ludique puisque, de l’avis général, les projections de films d’animation - notamment lors de "la Nuit des Rides" - ont été très appréciées ». C’est ce qu’a déclaré Alain Séraphine devant la presse réunionnaise samedi dernier au Port, en forme de bilan du 5ème Carrefour de l’Image de l’Océan Indien.

Le président de l’I.L.O.I. (Institut de l’Image de l’Océan Indien) estime qu’avoir réuni une vingtaine d’écoles dans le cadre du carrefour « c’est exemplaire ». Et il souligne que les représentants de ces écoles « ont en commun la passion pour l’image, la technologie et la création ».

Cela leur a permis d’évoquer pendant cette semaine « toutes les questions de l’adaptation pédagogique aux évolutions technologiques ». Et ce n’est pas la moindre des questions qui se posent aux formateurs quand on sait que les logiciels changent tous les six mois.
La Réunion dispose, dans ce domaine de l’image comme dans d’autres, de handicaps et d’atouts. Et il s’agit, comme le note Alain Séraphine, « d’essayer d’utiliser nos atouts pour réduire nos handicaps ».

Et la question que l’on se pose depuis quelques années - comment faire de La Réunion une terre de création et de production ? - commence à trouver un début de réponse. « Nous pouvons nourrir l’idée, explique le président de l’I.L.O.I., qu’un marché peut naître à La Réunion en s’appuyant sur la volonté des professionnels, des institutionnels et des politiques. Il y a une place à prendre dans le concert international de l’animation en développant la spécificité de La Réunion, prestataire de services pour attirer développeurs et créateurs ».

Et le président de l’I.L.O.I. souligne que ce carrefour, au-delà de la réflexion, a été un temps pour passer à l’étape suivante, qui consistera à mettre en œuvre les moyens de faire venir à La Réunion les professionnels du multimédia, de l’animation et du cinéma pour qu’ils y travaillent. Il s’agit en quelque sorte, pour La Réunion, « de jouer de ses spécificités pour se faire une place dans le concert international de l’image ».

« Enfin la production ! »

La conférence-débat du 5ème Carrefour de l’Image de l’Océan Indien sur le thème "Enfin la production !" a eu lieu sous l’autorité modératrice d’Olivier Trécolle, président de l’Association pour le développement du cinéma et du multimédia (ADCAM).

Elle a tenu toutes ses promesses. Tant par le nombre que par la qualité des intervenants.
C’est que la question est centrale. Tous les efforts des écoles, des créateurs, des producteurs, des institutionnels, des politiques tendent en effet à enclencher un mouvement de production à La Réunion, dans les domaines du cinéma, de l’animation et du multimédia.

On a beaucoup parlé de liaison de l’activité qui peut se développer à La Réunion par rapport au marché mondial du cinéma du multimédia et de l’animation. « Nous avons essayé d’évaluer le potentiel existant des activités dans l’île et le potentiel de développement pour permettre à des entreprises extérieures de collaborer », note Dominique Boischot, président des Films de La Perrine.

Un autre partie du débat a porté sur la formation et notamment sur les moyens d’optimiser les formations en créant des liens entre partenaires, en particulier avec les écoles du réseau ETNA. Enfin, s’est posée la question du désenclavement de La Réunion et de son accès à des marchés plus larges afin de faire mieux connaître ses créateurs et ses prestataires.

Une école branchée sur les problèmes spécifiques de La Réunion
Quelle école de l’Internet dans notre île ?
"Quelle école de l’Internet à La Réunion ?" C’est la question que les organisateurs de ce 5ème Carrefour de l’Image de l’Océan Indien ont mise en débat, vendredi dernier, sous la responsabilité modératrice de Sylvie Lemaire du service T.I.C. de la Région-Réunion et de Noël Conruyt de l’Université de La Réunion.

La question est en effet d’importance à l’heure où la mise en service du câble SAFE laisse espérer un développement sans précédent de l’Internet à La Réunion.
À l’issue des débats, on pouvait se dire qu’une école de l’Internet à La Réunion ne devrait pas se fermer sur des techniques, mais plutôt s’ouvrir sur des services.

Des services liés aux problèmes spécifiques que rencontrent les Réunionnais dans les domaines de la santé, de l’éducation, de l’emploi, des loisirs, des déplacements…
Ce qui amène une autre question. Cette école doit-elle créer des services ou plutôt être porteuse de ce qui va découler comme demandes, à partir de l’examen de ces problèmes spécifiques ?

Si l’on opte pour la seconde hypothèse, on ne va pas se diriger vers un enseignement purement technique, mais plutôt fondé sur le questionnement du fonctionnement de notre société, et donc aborder des problèmes multidisciplinaires : sociologie, droit, etc.
Et l’on en arrive à la conclusion qu’une école de l’Internet à La Réunion devrait s’inspirer de l’étude des problèmes spécifiques du pays pour générer des services portant une signature indocéanique.

Des étudiants des Beaux-Arts en reportage

En situation de production réelle

« Comme par hasard, moi j’ai un grand discours à tenir », lance Isabelle, mi-rieuse, mi-furieuse, après avoir réglé quelques problèmes avec l’émetteur de son micro HF. Devant son école, l’équipe des étudiants des Beaux-Arts travaille à son troisième journal du carrefour, un "cinq minutes" diffusé chaque soir sur Télé-Réunion.

Dur de tourner en plein air. Il faut faire avec le ronflement du bus qui passe, les marmailles un peu bruyants qui vont à la médiathèque et le monsieur qui claque sa portière juste au moment où commence l’enregistrement.
Le dialogue se poursuit entre les étudiants et Thomas, l’intervenant, qui conseille Isabelle : « C’est bon ! Tu peux y aller… Doucement, pas la peine de speeder. On la refait à blanc.

Entre deux prises de vues, Pascal, lâche le viseur de sa caméra et explique que « dans le cadre d’un atelier, on profite du Carrefour de l’image pour se mettre en situation de reportage ».
Ce genre d’atelier est courant dans le cadre de la formation des étudiants des Beaux-Arts. En fonction de la disponibilité des intervenants, se met en place un atelier auquel les étudiants participent. « C’est une manière d’expérimenter un apport professionnel vers les étudiants », remarque Pascal.

Alors que Christophe note qu’il ne connaissait pas vraiment la vidéo et qu’« il est bon de voir à l’écran le résultat de son travail, afin de pouvoir tirer partie des inévitables critiques ».
« C’est l’occasion pour les étudiants, souligne Thomas, de se mettre en situation de production réelle pour faire des contenus, suivant des contraintes très précises de production audio-visuelle, intéressant deux traitement de fabrication : le magazine de cinq minutes monté par un technicien professionnel, et un traitement plasticien réalisé par les étudiants qui interviendront également sur le montage et le trucage pour réaliser un document de 13 minutes ».

Supinfocom : le credo de la créativité
Supinfocom, une école d’infographie et de multimédia basée à Valenciennes et à Arles, a pour credo le développement de la créativité chez les stagiaires. « Nous essayons de faire en sorte qu’ils gardent les outils ; ce qui compte, c’est le développement de leur créativité et de leur univers graphique », souligne Philippe Mès.

Cela implique de mettre en œuvre, au sein de l’école, une atmosphère particulière. « Les étudiants sont très libres. Ils choisissent eux-mêmes leur sujet et l’école est ouverte 24 heures sur 24 pour que chacun puisse travailler à son rythme », explique Philippe Mès.
Les étudiants, pour les deux cycles de formation, travaillent par équipe de deux à quatre.

Un nombre réduit car, pour ce diplôme de réalisateur en numérique, il ont à gérer, de A à Z, une production de court métrage en 3D.
Supinfocom, sur la partie Internet, offre également une formation de concepteur de site 2D et 3D. Depuis octobre 2002, une nouvelle branche baptisée Supinfogame a été créée.
Formation en game design
Elle dispense une formation, sur deux ans, une formation "création de jeux vidéo, formation en game design". Laquelle s’adresse - et c’est une originalité - à la fois à des graphistes et à des informaticiens.
Le site de Valenciennes accueille 220 étudiants et celui d’Arles 105. Ce dernier a été créé pour répondre à une demande tout en gardant à chacun des sites une taille humaine.
Laquelle est indispensable quand on travaille sur des créations dont le suivi, groupe par groupe, est déterminant. La position géographiques des deux sites permet également d’assurer des débouchés pour les élèves diplômés, tant vers l’Europe du Nord que vers l’Europe du Sud.
La présence au carrefour de Philippe Mès et de sa collègue permet aux représentants du Supinfocom « d’avoir des rencontres professionnelles et énormément d’échanges sur les problèmes pédagogiques des différentes formations, tous types confondus. Elle leur permet également de visionner des films d’élèves en 2D et en 3D et en techniques de compositing. Mais cela leur permet également de voir, entre deux carrefours, l’évolution de l’I.L.O.I. ».
« Le carrefour a validé un échange équilibré »
Pierre Lère, concepteur-coordonnateur de l’ANFIN
Pierre Lère est concepteur-coordonnateur de l’Atelier National de Formation à l’Imagerie Numérique (ANFIN). Il reçoit, à l’École Nationale d’Art de Dijon, les professeurs et les créateurs qui interviennent sur le numérique dans les 56 écoles d’art, dont l’Institut de l’Image de l’Océan Indien, placées sous la tutelle du ministère de la Culture.

« L’ANFIN est un peu un lieu de rencontres et de formation pour toutes les questions de la création numérique qui se posent dans ces écoles d’art », explique-t-il.
Le concepteur-coordonnateur de l’ANFIN connaît bien Le Port, l’I.L.O.I. et l’École des Beaux-Arts. Mais c’est la première fois qu’il participe au Carrefour de l’Image de l’Océan Indien dont il souligne le grand intérêt. « Il permet, sur l’île de La Réunion, la rencontre des meilleures institutions d’enseignement sur le sujet », affirme-t-il.
Des liens durables et actifs
Selon Pierre Lère, le Carrefour de l’Image de l’Océan Indien « permet de tisser des liens durables et actifs entre les institutions réunionnaises et européennes. Il a été le moyen de reconnaître la qualité de la formation et des travaux engagés ici. Il crée également les conditions d’un développement durable du point de vue artistique ».

Ce carrefour consacre également, selon le concepteur-coordonnateur de l’ANFIN, le fait que « La Réunion est de plain-pied dans le réseau des meilleures écoles européennes. Ce qui veut dire que des gens formés ici, à l’I.L.O.I., vont pouvoir trouver des lieux de pratiques professionnelles en Europe ».

Il affirme enfin que l’on pourrait prochainement créer, dans le cadre du Carrefour de l’Image de l’Océan Indien, un marché de la production. Lequel pourrait attirer des producteurs des réalisateurs et des diffuseurs à La Réunion, qui pourrait devenir une plate-forme qui ne serait pas tirée hors de son contexte, mais qui attirerait vers elle l’hémisphère Nord. Pour lui, « le Carrefour a validé un échange équilibré ».
Un DESS sur les jeux vidéo pourrait être proposé à La Réunion
Stéphane Natkin, professeur au CNAM
Stéphane Natkin, professeur au Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM), a présenté, au Carrefour de l’Image de l’Océan Indien, une série d’enseignements autour du multimédia. Lesquels ont été créés dans le cadre du département informatique : une formation de fin de cycle d’ingénieur, un DEA autour de l’art et de la technologie.

Mais aussi un DESS sur les jeux vidéo élaboré en collaboration avec le CNAM Paris et de Poitou-Charente, l’Université de La Rochelle et de Poitiers, le Centre national de la bande dessinée et de l’image, l’Institut de recherche et de coordination en acoustique et musique (IRCAM). Le DESS a pour but de former des gens à la création de jeux vidéo dans tous les métiers (écriture, création sonore, images, programmation.

« Nous allons présenter cette formation et regarder quel genre de développement pourrait être réalisé ici, dans le cadre de La Réunion. Il n’est pas impossible qu’elle soit proposée ici, si elle répond à un besoin et à une demande », souligne Stéphane Natkin.

Le Conservatoire National des Arts et Métiers est un grand établissement qui dépend du ministère de l’Éducation nationale. L’établissement, qui a des délégations dans toutes les régions, dont une à La Réunion, dispense des formations universitaires (D.U.T, DEST, diplôme d’ingénieur, etc) dans tous les domaines techniques et, pour ce qui intéresse l’image, dans les sciences et techniques de l’information.

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?

Messages

  • je suis trés interessé par le DESS en jeu video et j’aimerai m’inscrire dés que possible. Je passe mon bac en juin 2007 et j’aimerai dés l’anné prochaine m’inscrire pour faire des études dans le domaine des jeux video


Témoignages - 80e année

La pès kabo

5 juillet, par Christian Fontaine

Kan i ariv Novanm-Désanm-Zanvié, domoun i réziste pi ek la salèr. Zène-zan i mars dann somin, zène-fi i roul an dékolté ; sétaki i rod in manir po (…)


+ Lus