
Turbulence à la Mairie de Saint-André
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22 mars 2008
Madame Christine Albanel, Ministre de la culture et Christian Estrosi, secrétaire d’État à l’Outre-Mer, ont chargé le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA) d’une mission d’évaluation, d’analyse et de proposition sur la modalité de développement de la Télévision Numérique dans les départements, régions et collectivités d’Outre-Mer et en Nouvelle-Calédonie en vue de l’extinction de la diffusion analogique sur l’ensemble du territoire national.
Avec la fin de l’analogique, suite à la loi de mars 2007 relative à la modernisation de la diffusion audiovisuelle et de la télévision du futur, nous devrions enfin voir apparaître la TNT dans notre espace.
Ce jeudi 20 mars, ce n’est pas moins d’une cinquantaine de personnes qui se sont penchées sur le Paysage Audiovisuel Réunionnais à la préfecture sous le nom pompeux d’"État généraux".
Sous la présidence de Monsieur Alain Méar, membre du CSA, cette réunion avait pour but de faire le point sur la mission et plus particulièrement de recueillir les doléances des acteurs de l’audiovisuel réunionnais. En effet, ils étaient tous là, ceux que la Télé intéresse ! Que ce soient les associatifs ou les professionnels, ils attendaient de savoir à quelle sauce ils allaient être mangés. Apparemment personne n’est sorti complètement convaincu ni même déçu tant il est vrai qu’en matière de télévision, il vaut mieux attendre pour voir. Monsieur Méar est entré dans le vif du sujet non sans nous avoir gratifié d’un long, trop long à mon goût, discours sur la grande révolution numérique qui nous attend. Bien entendu, on a eu droit à toute une diatribe sur la "grande" France métropolitaine qui venait en terre bourbonnaise nous apporter la modernité ! Ouff...! Mais après ce bla bla en règle, les choses sérieuses ont pu commencer et tout de suite on a senti que les appétits étaient aiguisés et à en croire tous les responsables de sociétés de télévisions, on est prêt à recevoir la grande révolution comme il se doit. Tout d’abord à RFO on se voudrait être le grand ordinateur, il est vrai que la station du Barachois lorgne depuis longtemps sur cette avancée et si l’on en croit les responsables, il ne leur faudrait pas plus de 8 mois pour mettre en place la "T.N.T" version service public. La concurrence n’est pas en reste, mais les interrogations sont plutôt venues des opérateurs satellites qui eux se demandent pourquoi aller chercher loin ce qu’eux ont mis en place par l’intermédiaire des paraboles. Alors chacun a voulu défendre son bout de gras tandis que le délégué du CSA lui, se voulait consensuel mais surtout au service des téléspectateurs.
Combler le retard sur la métropole
Pour Monsieur Alain Méar, la Télévision Numérique Terrestre est bien plus intéressante pour les départements d’Outre-Mer et nous permettrait de combler notre retard sur la métropole. Il n’a pas tout à fait tort le bougre, mais pourquoi ne pas le faire dès à présent puisque tout le monde est d’accord pour affirmer qu’il n’y a qu’à ? C’est qu’il y a des paramètres en cause, on peut imaginer que les chaînes généralistes privées ou publiques voudront se positionner sur notre territoire et il y a fort à parier qu’elles répondront tout de suite aux appels d’offres qui ne manqueront pas d’être lancés par le CSA ! Là où le bât blesse, c’est dans la distribution des programmes. Imaginons que TF1, toutes les chaînes de France-Télévisions et M6 déboulent sur nos râteaux, quid de RFO et d’Antenne Réunion ? C’est que si on remonte un peu dans le temps, on s’apercevra que RFO et Antenne Réunion n’existent que parce qu’elles reçoivent les programmes de toutes ces chaînes qui pourront se positionner sur la TNT d’ici à 2010 ! Alors, une nouvelle fois, devrons-nous obtenir des spécificités ? Si oui les revendications de recevoir toutes les chaînes généralistes sur notre territoire seront obsolètes et La Réunion continuera à vivre avec le boulet des inégalités par rapport à la métropole.
Un enjeu très important
La "T.N.T" oui, mais à quel prix ? C’est cela la véritable question ! Ce n’est pas le mode de transmission qui est en cause, bien que les opérateurs satellitaires aient cherché à prouver qu’il valait mieux choisir leurs paraboles pour diffuser les nouvelles normes numériques ! Ils ont bataillé ferme lors de cette réunion, mais n’ont certainement pas convaincu. Il faut dire que l’enjeu est grand pour eux. N’oublions pas que notre département recense un grand nombre d’abonnés aux satellites, bien plus grand en pourcentage qu’en métropole. Il faut savoir qu’en France métropolitaine, du fait du grand choix de modes de transport des images, le satellite représente à peine 20% alors que dans notre île, c’est 50 % d’abonnés qu’engrangent les deux opérateurs Canal Satellite et Parabole Réunion. Il est pratiquement certain qu’avec l’avènement de la T.N.T dans notre département, on risque fort de voir nombres de soucoupes disparaître des toitures réunionnaises ! Serges Lacour, grand manitou de "Kanal austral", le monsieur je sais tout du "Paysage Audiovisuel Réunionnais" s’est empressé de voler au secours des opérateurs satellite, ce qui est un peu normal étant donné que ce sont ces sociétés qui transportent les images de son canal. Jusque-là rien que de bien anormal, mais le président de "Kanal Austral" s’est appuyé sur un argument écolo pour soutenir son idée qu’il n’est d’autre salut que le satellite pour que les Réunionnais bénéficient d’un grand nombre de chaînes. Pour Monsieur Lacour, l’avantage du satellite c’est l’absence de consommation d’énergie ce qui ferait entrer notre île dans les clous de son projet "Réunion 2030". Il vrai que cet argument tient la route, mais les opérateurs historiques lui ont rétorqué que les relais étaient en place et surtout qu’un décodeur satellitaire, s’il permettait de voir une même chaîne sur tous les écrans de l’habitation, il lui était impossible de dégrouper les chaînes pour que chacun dans la famille puisse choisir son programme. Le représentant du CSA a répondu qu’il n’était pas possible de confier à un opérateur privé le soin de diffuser des chaînes généralistes gratuites.
La TNT arrive, mais quand ?
Ces états généraux de la télévision ont eu pour principaux intérêts de voir chacun des acteurs du "P.A.R" se situer et on peut s’interroger de savoir pourquoi ce genre de réunion n’a pas eu lieu bien plus tôt, cela aurait sans doute déblayé le terrain alors que bon nombre d’opérateurs se tenaient tapis aux coins du bois prêts à bondir ! Cette réunion aura eu le mérite de la clarté et il nous reste à attendre les conclusions qui devront être remises au gouvernement dès le retour de la délégation en métropole. Peut-on dire que la TNT est sur la bonne voie ? Oui c’est certain, et malgré le baroud d’honneur des pros satellite, il y a fort à parier que cette technologie fleurira bientôt sur notre territoire, mais quand ? Tout dépend de la force de persuasion des uns et des autres et nul doute que le Conseil Régional aura un grand rôle à jouer dans cette aventure. Monsieur Alain Méar membre du CSA affirme qu’il est possible de mettre la "T.N.T" en place dès 2010. Or c’est possible dès maintenant, pourquoi attendre ?
Certains intérêts financiers sont-ils plus importants que l’intérêt des téléspectateurs réunionnais ? Une chose est sûre c’est que cela commence à bouger dans le bon sens et la réflexion parallèle de la refonte de la télévision de service publique ainsi que la mort programmée de la publicité sur les chaînes d’état ne sont pas étrangères à cette brusque accélération, mais c’est surtout à la loi relative à la modernisation de la diffusion audiovisuelle et à la télévision du futur que l’ont doit cette accélération. Ce texte prévoit notamment le basculement complet de la télévision vers la diffusion numérique au plus tard le 30 novembre 2011 ; il fixe également les conditions de lancement de la télévision en haute définition et de la télévision mobile personnelle.
Alors La Réunion, après le passage de cette commission, serait-elle sur les rails d’un futur plus innovant ? Une chose est certaine, c’est que notre île a vocation d’être la terre d’excellence de l’audiovisuel dans l’Océan Indien et c’est du reste Monsieur Séraphine, présent dans cette assemblée, qui apportera cette pierre non négligeable dans la discussion. S’il est un souhait que les Réunionnais devraient faire, c’est de voir bien vite la "T.N.T" s’installer, cette technologie pourrait en plus de devenir une grande source d’ouverture, être un gisement d’emplois de haute technicité. Cela tombe bien puisque avec son université et son institut de l’image, notre île est à la pointe en matière d’audiovisuel. C’est pour cela qu’il faut faire vite, après ce chantier, il faudra s’attaquer à celui de l’ADSL, ce moyen est aussi un très grand transporteur d’images, mais ce n’est pas avec l’aide de l’opérateur historique que nous parviendrons à libérer La Réunion d’un carcan qui n’a plus lieu d’être.
À n’en pas douter, dans la prochaine décennie, le Conseil Régional devra s’attaquer aux derniers verrous qui enchaînent notre île, ces verrous qui brident la continuité territoriale.
La loi relative à la modernisation de la diffusion audiovisuelle et à la télévision du futur, une loi TF1
Selon le ministre de la Culture et de la Communication, le texte « crée le cadre juridique pour assurer mars 2008 le basculement de l’analogique au numérique (la télévision numérique terrestre), basculement qui s’achèvera au plus tard le 30 novembre 2011 ». De plus, il « fixe les conditions du lancement, dès l’été prochain, de la télévision en haute définition (HD) et de la télévision mobile personnelle (TMP) ». L’octroi d’un canal bonus (chaîne supplémentaire) aux chaînes historiques (TF1, M6 et Canal+) pour favoriser l’abandon de l’analogique a été adopté malgré la polémique. Dès l’extinction de l’analogique, les historiques pourront lancer une nouvelle chaîne.
Se conformant notamment aux conclusions du Conseil de l’Union européenne du 1er décembre 2005, la loi fixe comme objectif l’abandon total de la télévision analogique en 2011 et le passage à cette date au “tout numérique”. Elle organise le calendrier et les modalités de cette évolution. La télévision numérique doit permettre la multiplication des chaînes accessibles à tous et autorise en outre 2 évolutions technologiques que le texte du projet vise aussi à encadrer : la mise en place de la télévision haute définition (TVHD) et le développement de la télévision mobile.
Philippe Tesseron
http://tesseron.blogspace.fr/
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